Algérie

El Islah


Abdallah djaballah. Leader du Mouvement El Islah « Le pouvoir actuel est synonyme d?échec » Abdallah Djaballah, leader d?El Islah, s?exprime après la clôture de l?université d?été de son parti à Skikda. Il déclare que la priorité est la préparation du congrès. Il critique la démarche actuelle du gouvernement et s?interroge sur la destinée de la rente du pétrole. Contrairement à la deuxième université d?été, la troisième s?est limitée exclusivement aux membres du Mouvement. D?autre part, et lors de votre discours de clôture, vous avez insisté sur la recommandation d?unir les rangs et d?éviter la suspicion entre les militants. Seraient-ce là des ricochets d?un désaccord dans la maison El Islah ? L?université d?été ne représente qu?un précongrès. L?objectif étant de consolider les travaux des commissions en vue de préparer le congrès d?El Islah prévu en décembre prochain. La présence de l?ensemble des cadres du parti s?inscrit dans cette optique. En plus, les débats, qui ont caractérisé les travaux de l?université, ont été ouverts sans aucune restriction. Notre démarche dans la préparation du congrès témoigne de la volonté d?élargir les débats. C?est là un signe de bonne santé du Mouvement. Car si nous avions des appréhensions, nous n?aurions pas agi de la sorte, d?autant que le statut actuel du Mouvement ne nous y oblige pas. Ce statut stipule que le conseil de la choura désigne les commissions qui présentent directement leurs travaux au congrès. Nous n?avons aucun compte personnel à régler avec quiconque. Pour les propos tenus lors de la clôture de l?université, ce n?était, en fait, qu?un prêche inspiré de la lecture faite auparavant d?une sourate du Livre Saint. Notre religion nous apprend à toujours rappeler les préceptes de la loyauté, de la droiture et de combattre le mensonge et la suspicion. Quel bilan faites-vous des cinq années de pratique politique ? Nous avons réussi à étendre géographiquement et politiquement la présence du Mouvement. Nous sommes présents dans 1200 communes et nous avons pris part à l?ensemble des élections. Par contre, et vu l?immensité des objectifs, certains autres aspects organisationnels, comme le volet de la formation ou de l?implication de la société civile à titre d?exemple, n?ont pas eu la même attention. Ce qui nous amènera d?ailleurs, lors de notre prochaine étape, à adopter une nouvelle stratégie pour approfondir la construction organisationnelle de la formation. Et votre évaluation quant au rendement des 54 Assemblées communales que vous dirigez... D?abord, il faudrait mentionner que le code communal constitue une entrave devant nos élus. D?immenses prérogatives sont accordées à la tutelle qui est elle-même aux mains d?élites partisanes. La révision du code communal est plus que nécessaire, mais reste incertaine au vu de la conjoncture politique actuelle qui demeure imprégnée par l?Alliance présidentielle. Nous pensons que plusieurs APC ont réussi à réaliser de bons résultats. Nous pouvons citer les communes de Aïn D?heb à Tiaret, El Harrouch à Skikda, Chelghoum Laïd à Mila... El Islah a été l?un des partis instigateurs des quatre commissions d?enquête parlementaires installées depuis le mois d?avril dernier. Où en sont-elles ? Elles ont été mises en terre dans la tombe des partis de la coalition. Une seule commission, celle installée pour enquêter sur le refus de l?agrément du Syndicat de l?enseignement secondaire et technique (CNAPEST), a pu activer, même si sa marge de man?uvre demeure restreinte. Ils ne veulent pas d?une assemblée souveraine ni de députés libres. Ils sont beaucoup plus intéressés par le partage des largesses accordées par le Pouvoir. Les efforts pour s?inscrire dans l?amorce d?une vision d?indépendance des partis sont ajournés par ces partis du moment que le premier magistrat du pays lui-même n?admet pas cette indépendance. Le ministre des Finances a déclaré que l?Algérie est un pays pauvre qui se croit riche. Partagez-vous son appréciation ? Si l?Algérie se classe parmi les pays pauvres, ce n?est nullement en référence à ses potentialités naturelles. Elle a été appauvrie par ceux-là mêmes qui ont géré ses richesses en se relayant. A ce jour, l?Algérie n?a jamais bénéficié de gestionnaires compétents et intègres. La crème du pays a été poussée à l?exil. Où est donc l?argent du pétrole ? Ils ont prétendu qu?ils allaient réaliser un programme de relance économique et ont alloué pour ce faire 525 milliards de dinars, l?équivalent de 7 milliards de dollars. Où sont donc les fruits de cet argent ? On n?en voit aucune trace parce qu?une partie de ceux qui gèrent ces richesses et disposent du pouvoir ne sont pas honnêtes. Les réformes sociales, économiques, politiques et même militaires, relevées dans le pays, ne sont, selon vous, qu?une continuité dictée par des lobbys financiers. Comprendrait-on par là que les changements à la tête de l?Armée seraient dictés par ces mêmes considérations ? La mondialisation n?est qu?une autre forme d?occupation. Elle vise à nuire aux fondements idéologiques des peuples, à leur économie et à leurs capacités militaires. On ne permettra pas aux nations de disposer de moyens de défense modernes, mais on encouragera, par contre, les pouvoirs à disposer de moyens de répression internes. Et l?Algérie n?est pas étrangère à cette vision globaliste. Au contraire, elle y est au c?ur même. En plus, on a entendu de la bouche du Président lui-même sa volonté de tout entreprendre pour permettre à l?Algérie d?adhérer à la mondialisation... Et la démission du général Lamari ? En apparence, c?est un acte naturel. Il est normal qu?il arrive un jour où tout responsable quitte son poste. En plus, le général n?a pas démissionné de l?armée, mais seulement de son poste de responsabilité. Nous avons aussi lu dans la presse qu?il s?agit d?une démission et non d?une défection. Seulement, il reste à savoir si le général a usé de son droit pour laisser son poste à d?autres, ou si cet acte ne s?inscrirait pas dans une certaine volonté de remaniement de la maison militaire pour la préparer à vivre de nouvelles relations avec la Présidence. En parlant des jours prochains, la rentrée sociale est déjà là. Comment la présagez-vous ? Elle sera chaude. Le Pouvoir actuel est incapable sur tous les plans. Il ne respecte pas ses promesses. Comme la réalisation d?une véritable concorde nationale : une fois au Pouvoir, les dirigeants se sont débusqués en déclarant que cette concorde est sans règle ni texte, et qu?elle se limite à accueillir ceux, qui de leur propre chef, décideraient de déposer les armes. Ils ont promis une meilleure vie aux citoyens. Ils ne voient rien venir. Comment les universités pourront-elles accueillir le nombre impressionnant des nouveaux inscrits ? Ils ont promis de régler le problème que vit le corps enseignant et ils ne l?ont pas fait. Le monde du travail en général vit en ébullition, même la rue, qui s?attend à plusieurs augmentations, est en effervescence. Il y a lieu aussi de mentionner la gravité des dossiers ouverts par le Pouvoir et qui demeurent en suspens, à l?exemple du code de la famille et de l?éducation. Il y a aussi l?éventualité d?un remaniement gouvernemental... Mais ce n?est pas un changement. Il va consister uniquement à remplacer un ministre par un autre ministre. Ce n?est là qu?une volonté du Pouvoir à détourner l?attention des véritables problème que vit le pays. La justice vient juste de confirmer le jugement à l?encontre de Benchicou. Quelle est votre appréciation quant aux intentions du Pouvoir de nuire à la presse indépendante ? Ce ne sont plus des intentions, mais bel et bien des faits et des actes. Le Pouvoir ne veut pas du multipartisme, et une presse diversifiée ne l?arrange pas. Malheureusement, il a trouvé dans ses relais, constitués par les partis et aussi par certains hommes de presse, des pourvoyeurs de soutien. La répression ne sera désormais que plus dure. Quant à l?emprisonnement du directeur du quotidien Le Matin, chacun sait que s?il avait travaillé en faveur du président lors de la dernière élection, il ne serait pas là où il est aujourd?hui.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)