Algérie - Revue de Presse


El-Hamri, le jour du scrutin et au lendemain du drame de la rue de Castille. Même avec une journée printanière, l'atmosphère était morose et reflétait des appréhensions car, comme devait nous confirmer un septuagénaire, «c'est maintenant que le danger est le plus grand car avec l'ensoleillement les murs porteurs de nos bâtisses qui sont gorgés d'eau de pluie vont craquer». Cela a été vérifié au niveau de l'avenue de Lamur, où une autre baraque a été installée probablement pendant la nuit de mercredi à jeudi. «Le phénomène de l'occupation de la voie publique par des habitants en détresse prend de l'ampleur et si aucune solution n'est envisagée dans l'immédiat, tout le quartier sera alors impénétrable, et que faire alors en cas d'une évacuation d'urgence ?», devait déclarer un habitant de la rue des Invalides. Aux rues des Puits, des Amandiers, Er-Rouaz, Belhadri Smaïn, Bougandoura ou Boudjelal Yahya, comme d'habitude des groupes de riverains sont constitués. Dans les discussions, il y a plus de place aux piètres résultats sportifs du Mouloudia, mais on se focalise sur les deux événements du jour: les effondrements et les élections locales. En fait, chacun par son optique fait le lien entre ces deux événements. Si pour les vieux, il est question de revoir à travers le rétroviseur leur quartier d'antan, pour les jeunes qui sont nés et ont vécu dans un cadre de vie dégradé, un seul leitmotiv revient: notre quartier n'intéresse pas les responsables locaux qui nous ont à chaque fois tourné le dos. Frustrés et se sentant exclus de tout programme de réhabilitation de la ville, les Hamraouas n'ont pas supporté l'idée qu'aujourd'hui on vient les solliciter pour aller voter. Près de l'école Ibn Sina qui abritait le centre de vote 26 B, il y avait foule, mais à l'intérieur les électeurs n'étaient guère nombreux. A 10h, sur les 8.108 inscrits, seuls 81 ont voté. A l'extérieur, les discussions allaient bon train: faut-il voter ou s'abstenir ? Telle était la question qui revenait sans cesse. Les avis étaient partagés en dépit des signes de déception générale qui apparaissaient sur les visages des riverains et même des anciens habitants qui ont déménagé ailleurs, mais qui restent très attachés à leur quartier natal. C'est ce que nous dira Mehadji, qui a toujours voté à El-Hamri et qui vient voir ses anciens amis du quartier chaque week-end. «Une manière pour se ressourcer, devait-il affirmer, car là où je suis maintenant, je ne connais pas grand monde et puis avec des habitants venant d'autres horizons, on n'a pas beaucoup à se dire», devait ajouter notre interlocuteur. Au 26, rue Er-Rouaz qui a vu naître l'un des fondateurs du Mouloudia, ses petits-fils y logent toujours et leur maison, à l'instar de la quasi-majorité des habitations d'El-Hamri, risque de tomber en ruine. Aux angles de l'avenue Cheikh Abdelkader, des jeunes étaient rassemblés en dépit de la présence des forces de sécurité et on ne parlait que de ce qui s'est passé à la rue de Castille et qui véritablement a jeté en émoi toute la population locale. Sur les visages de ces jeunes se lisait une amertume. «Peut-il en être autrement, nous qui passons nos nuits la peur au ventre ?», devait marteler un jeune déprimé. «Est-ce que El-Hamri est condamné dans cette situation ?», nous dira El Hadj Mohamed, qui abondera: «Des quartiers dits d'indigènes sont mieux lotis que le nôtre, M'dina Jdida ou Médioni étaient placés à la même enseigne que nous et, aujourd'hui, la situation s'est nettement améliorée et ces deux quartiers donnent une meilleure allure». «A Médioni, il a fallu procéder à l'élargissement de la rue Khiat Salah pour que la physionomie du site change complètement. Chez nous, même au plan de la santé publique, un seul centre de soins datant de l'ère coloniale est opérationnel avec des conditions d'accueil des plus lamentables et ce ne sont guère les quelques travaux d'aménagement qui vont changer grand-chose», devait-il encore ajouter.
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