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El-Brancia peine à sortir de l'ombre



En 2021, il existe encore des localités à Chlef où le minimum de conditions de vie est inexistant.La localité d'El-Brancia en est un des exemples les plus frappants d'une zone d'ombre qui attend toujours un regard plus attentif des pouvoirs publics et des élus locaux. Située à quelques encablures au nord-est du chef-lieu de la commune de Chlef, la localité d'El-Brancia fait partie de ces zones d'ombre qui vivent en marge du développement.
"Rien ne va plus à l'intérieur de notre village, qui manque cruellement de projets qui lui permettent de se développer. Malgré l'importante croissance démographique, cette localité, pourtant classée zone d'ombre, ne suscite aucun intérêt de la part des autorités locales", accuse Ahmed, un septuagénaire, affirmant se sentir abandonné et marginalisé.
Les routes boueuses sont quasiment impraticables à la moindre chute de pluie, témoigne encore notre interlocuteur. "Les eaux pluviales, qui sont mélangées avec les eaux usées qui stagnent presque partout et d'où cette odeur fétide et insupportable qui envenime notre climat, rendent la circulation des véhicules de plus en plus difficile, voire impossible", renchérit Hocine, la quarantaine, cadre supérieur d'une entreprise privée à Chlef.
L'absence d'assainissement aggrave la situation, les villageois pointant toujours du doigt ce qu'ils qualifient de "mépris" de la part des autorités concernées. Cette situation a contraint chacun des habitants locaux à recourir à des fosses communes qu'ils réalisent de manière anarchique avec les moyens du bord dont il dispose.
Cela ne règle pas pour autant le problème des odeurs nauséabondes qui envahissent les domiciles, constate-t-on sur place. L'absence de l'éclairage public dans toute la localité demeure aussi parmi les grandes préoccupations de l'ensemble des villageois.
D'après les nombreux témoignages, El-Brancia s'installe dans l'insécurité et dans l'obscurité les plus totales une fois la nuit tombée. "Combien de fois des actes d'agression, de vol et de cambriolage de magasins et de maisons sont commis à l'intérieur de notre village, surtout pendant la période hivernale où les journées sont moins longues.
Et si nous disposions d'un éclairage public suffisamment installé au sein de nos quartiers, à l'instar des autres localités de la commune, le problème relatif à ces regrettables actes ne se poserait jamais", se lamentent encore nos interlocuteurs, qui évoquent, par la même occasion, d'autres préoccupations, comme par exemple l'absence d'infrastructures de loisirs et de jeunesse.
"Pour que les nombreux jeunes de cette localité puissent pratiquer leurs activités sportives ou culturelles favorites, ils doivent aller ailleurs, dans d'autres villes ou dans les villages les plus proches, car ici ils ne disposent ni d'aires de jeux ni encore de salles conformes pour les accueillir", se lamente Mohamed, un jeune fraîchement diplômé, qui a peur de vivre dans l'oisiveté et le chômage, comme de nombreux jeunes de sa génération, contraints de vivre chez leurs parents, faute de travail stable et d'un logement décent.
"Ces jeunes sombrent tous ou presque dans la débauche et dans la délinquance, compte tenu du vide auquel ils sont constamment confrontés", nous dira âami Larbi, un octogénaire et un ancien footballeur qui tente tant bien que mal de leur apporter l'aide et le soutien moral dont ils ont besoin.
Âami Larbi regrette aussi que les autorités locales de la wilaya n'osent toujours pas répondre aux multiples appels et doléances des habitants d'El-Brancia, qui ne cessent d'observer des sit-in et autres mouvements de protestation pour se faire entendre.
"Non seulement ces responsables ignorent totalement nos appels successifs, mais ils n'ont jamais visité notre village pour prendre connaissance de notre souffrance", ajoute âami Larbi, accompagné de plusieurs de ses voisins, où les habitations précaires et de fortune naissent comme des champignons.
Il est considéré comme l'un des plus pauvres à Chlef, s'accordent à penser ses habitants. "Effectivement la localité d'El-Brancia, où la pauvreté est toujours partout, n'a attiré l'attention d'aucun des conseils communaux qui se sont succédé des décennies durant à l'APC de Chlef, malgré son importance en matière de population et malgré aussi sa pauvreté dans presque tous les domaines", confirme un cadre administratif, qui a préféré garder l'anonymat.
Si le problème relatif à l'alimentation en eau potable est définitivement résolu, grâce à la mise en service de la station de dessalement de d'eau de mer (Sdem) de Maïnis, celui de l'état des routes, de la couverture sanitaire et de plusieurs autres secteurs, comme le manque de réalisation de logements et d'infrastructures scolaires (primaire et moyen surtout), figure toujours parmi les grandes préoccupations des habitants à El-Brancia et pour lesquelles ils continuent de manifester périodiquement pour se faire entendre.

AHMED CHENAOUI



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