Algérie - A la une

Efficacité universitaire



Efficacité universitaire
Lorsqu'on évoque les réformes économiques dans un pays où le système économique et social est particulièrement complexe et inefficace, on se pose la sempiternelle question : par où commencer ' Il faut bien ordonnancer les réformes et commencer certaines activités avant les autres. Les pays qui ont su transformer des formations sociales très en retard en nations technologiquement avancés (Corée du Sud, Malaisie) ont su modifier en profondeur le mode de fonctionnement de l'ensemble des institutions.Le secteur universitaire est toujours le point de départ et d'arrivée dans la programmation des mutations à opérer. C'est en disposant d'un système universitaire de classe mondiale qu'on peut recycler l'ensemble des ressources humaines déjà opérationnelles, en plus de former les nouvelles générations, de moderniser les pratiques managériales, de réussir une décentralisation et de créer un système productif diversifié et compétitif.Aucun pays ne s'est développé avec un secteur universitaire sous-développé. Les vraies réformes commencent par là. Il nous faut d'abord un diagnostic rigoureux et sans complaisance. Lorsque les différents classements internationaux nous situent parmi les 10 derniers (exemple, Davos qui nous classe 134e sur 144), nos décideurs s'en offusquent alors que les utilisateurs et d'autres sources (hommes d'affaires) confirment l'inefficacité du secteur.On se réfugie derrière les quelques succès de personnes qui vont poursuivre leurs études à l'étranger, alors que c'est une catégorie particulière qui en général se recycle avant de figurer parmi les meilleurs. C'est par ce secteur que doit commencer toute réforme économique. Or, on a toujours cru qu'injecter de l'argent pour créer des industries et des infrastructures développerait un pays. Ceux qui ont d'abord «modernisé les cerveaux» (Chine, Inde, Malaisie) avant d'injecter massivement des ressources dans l'économie ont formidablement réussi leur pari de devenir un pays émergent.Vraies ou semblants de réformes 'Pour prétendre disposer d'un secteur économique diversifié et compétitif, il faut avant cela ériger un système universitaire de classe mondiale. On en est encore trop loin. Le seul «changement» dont on a eu droit ces dernières années concerne le système LMD. Ce dernier est trop complexe à élaborer dans ce contexte. Il a une philosophie particulière qui consiste à transformer en même temps l'environnement de l'université, en plus de faire des réformes internes. En général, dans notre pays le système a constitué à changer uniquement les durées des différentes formations sans préparation des formateurs, des utilisateurs, des entreprises, des institutions et le reste. On a surtout changé les durées de formation.Comment faire lorsqu'un secteur est si déliquescent que toute réforme sérieuse devient presque impossible ' Sachant que nous n'avons pas créé l'organisation de l'Etat qui pourrait prendre en charge les consultations nécessaires et la production de propositions pour validation par l'Etat (genre Institut coréen de développement ou comité de planification de Malaisie). Le secteur est appelé à prendre en charge lui-même les quelques propositions qu'il convient de formuler. Nous mettons de côté les questions annexes qui pourrissent la vie des universités (?uvres sociales) et qui ont trouvé des solutions adéquates dans la plupart des pays efficients. Chaque réforme qui contribuerait un tant soit peu à l'amélioration du système est solutionnée un peu partout, sauf chez nous.Quelques pistes de redressementNous ne pouvons pas détailler outre mesure les différentes pistes de solution, mais seulement fournir les grandes lignes des mesures à entreprendre. Nous mettons de côté les problèmes de logistique (?uvres sociales) qui ont trouvé des solutions partout. Il s'agit de les externaliser et les faire gérer par des sociétés spécialisées, tout en garantissant aux travailleurs actuels une formation et un revenu décent dans le nouveau dispositif afin d'éviter des blocages et pour des raisons d'équité sociale. Les mesures phares seraient :1- un jumelage des entités publiques avec les meilleures universités mondiales avec transfert de la plupart des programmes internationaux et une priorité aux formations de formateurs avec un système plus incitatif qui différencierait entre les enseignants et les chercheurs. Cela devrait s'accompagner également des conventions pour recycler l'ensemble des ressources humaines opérationnelles dans nos institutions publiques et privées.- La constitution d'un secteur privé (et non une privatisation) de l'enseignement supérieur avec des dispositions qui permettent d'ériger un des meilleurs secteurs capable de tirer vers le haut le système. Les crédits à la formation et les bourses pour les plus méritants permettront aux étudiants de parents à revenus modestes d'accéder aux meilleures universités nationales.Le pilier de la réforme et de l'amélioration serait le secteur public universitaire. Il devrait constituer plus de 80% des effectifs. Mais on ne comprend pas pourquoi tous les pays de la planète ont un secteur universitaire privé agréé par l'Etat, sauf l'Algérie. La Mauritanie, le Niger, le Mali, le Togo, la Chine et même la Corée du Nord ont un secteur universitaire privé. Nous demeurons le dernier bastion de la planète car les universités cubaines ont des jumelages étroits avec les pays d'Amérique et d'Europe. Les experts internationaux n'ont jamais compris quelle serait notre stratégie pour améliorer ce secteur. Par ailleurs, il faudrait révolutionner les méthodes managériales de nos universités. Il est impossible de les redresser avec les pratiques actuelles.La vaste majorité des universités est gérée par des dispositifs proches du «New public administration», mode apparu à partir du milieu des années 1980. Notre système s'apparente encore au modèle pré- Wébérien CAD des années 1920. Je suis conscient que lorsqu'on traite un sujet de ce genre, on fait abstraction d'une foule de détails qui ont leur importance. Mais on ne peut faire autrement ; le sujet est trop important et trop complexe pour être traité dans sa globalité en si- peu d'espace.





Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)