Algérie - Revue de Presse

Effets collatéraux de la révolte



Le slogan scandé à  tue-tête par de jeunes manifestants a pu àªtre vérifié un peu partout à  travers Alger et ses banlieues. Des groupes isolés se sont attaqués à  des biens publics et privés, sans qu'ils soient gênés. «La police, sommée apparemment par leurs chefs de se tenir distance, n'est pas intervenue. C'est étonnant que des policiers, dont le rôle est de protéger les biens publics et privés, ne puissent pas réagir», s'alarme un habitant de la rue Belouizdad, où une bijouterie a été «forcée», dans la nuit de jeudi, par des casseurs venus des quartiers limitrophes.  A Khemis El Khechna, dans la wilaya de Boumerdès, une usine de production de boissons gazeuses de Fruital, qui fabrique des produits sous le label Coca-Cola, a été complètement saccagée, durant la nuit de jeudi à  vendredi. «Le bloc administratif a été mis sens dessus dessous et la chaîne de production complètement dévastée. La machine d'injection, récemment acquise et qui a coûté un million d'euros au propriétaire espagnol, a été mise hors d'usage», raconte, indigné, un ouvrier dont le sort est incertain. «Les riverains, sentant le filon, ont saccagé complètement le parc automobile. Des voitures de particuliers entraient dans l'usine et en ressortaient chargés de bouteilles de boissons. Aucune autorité n'est intervenue durant toute la nuit», ajoute-t-il outré et qui va se retrouver avec ses 450 collègues au chômage.  Des habitants s'étonnent que les protestataires ne «s'acharnent que sur certaines sociétés». «Les usines épargnées appartiennent à  des gens proches du régime. A Rouiba, aucune entreprise n'a été touchée», assurent nos interlocuteurs.
Le même acharnement des bandes est visible au sud-est d'Alger. Selon des témoignages rapportés par notre correspondant sur place, certaines infrastructures publiques et privées ont été mises à  sac dans les communes de Baraki, les Eucalyptus et Sidi Moussa. «La poste et le siège de la daïra de Baraki ont été attaqués. Le siège de Sonelgaz et le CFPA des Eucalyptus ainsi qu'une structure de santé et un bureau de poste à  Sidi Moussa ont été aussi pris pour cible. L'usine de l'Eniem à  Baraki a été investi : un stock de téléviseurs a été dérobé. Même sort pour l'usine Continental implanté au site des 13 Ha, situé à  la banlieue de Baraki», relate notre source qui parle de «scènes d'hystérie», jeudi, dans la localité de Belaouadi, près de Raïs et à  Cherarba, aux Eucalyptus. A Bordj El Bahri, plusieurs établissements scolaires ont été saccagés au grand désespoir des parents et des enseignants. Le lycée de la localité a été incendié et le matériel pédagogique pillé. A quelques encablures de là, un CEM situé à  Alger Plage a été également incendié après avoir été vidé de ses équipements. Les émeutiers ont voulu s'attaquer aux écoles primaires se trouvant dans la même agglomération, mais sans parvenir à  leurs fins, a pu constater notre collaborateur. «Les riverains se sont interposés à  temps», relève notre source qui affirme que contrairement au centre culturel, saccagé, l'école primaire de la Brise-Marine, un quartier résidentiel de la commune, a été aussi «épargnée par la furie des émeutiers décidés à  en découdre».  «A Bordj El Kiffan, le dispensaire a été complètement saccagé, au grand dam des riverains indigné. A El Marsa, des chalets vidés ont été incendiés. Aïn Taya, dont les accès sont fermés par les émeutiers venus des haouchs et des chalets, a pu àªtre heureusement épargnée», constate un résident de la localité.
Des concessionnaires ont été touchés par la casse de ces derniers jours. Après Renault Dacia, à  Bab El Oued et Garidi, est venu le tour de Suzuki, à  Bab Ezzouar, et Geli de Saipa. Les opérateurs de téléphonie mobile n'ont pas été épargnés, comme le siège de Nedjma à  Ouled Fayet. «Que les jeunes décident de sortir pour revendiquer leur droit, rien de plus légitime,  mais qu'ils s'en prennent à  des biens publics et privés, c'est là que le bât blesse», assurent des habitants.

 
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