Algérie - Revue de Presse



De la salle de cours à la salle d?audience Mercredi dernier, les professeurs de lycée ont changé de décor. Ils ont quitté leurs salles de cours pour rejoindre la salle d?audience de la cour de Tizi Ouzou. Elle était réellement pathétique l?image que renvoyait la chambre administrative qui siégeait mercredi après-midi pour juger un professeur d?anglais, porte-parole du syndicat Cnapest de la wilaya. Acte d?accusation ; il était représentant de ses collègues qui ont observé des arrêts de cours et qui projettent d?en faire d?autres au motif que des salaires, des primes et des rappels ne leur sont pas encore versés. Plus de 300 enseignants étaient dans la salle pour suivre le procès qu?ils estiment le leur. Ironisant, un enseignant de philosophie tempête : « Avant, c?étaient les élèves qui jugeaient nos performances, les inspecteurs nos compétences, les proviseurs notre assiduité et maintenant la direction de l?éducation nous traîne devant les tribunaux pour avoir uniquement revendiqué nos droits. On veut nous priver de notre droit à l?expression. Tiens, et si les profs décidaient de ne plus parler en classe ? » Paradoxalement, les enseignants (la majorité était des femmes) ont parlé, vociféré même durant l?intervention des avocats. En effet, la presque totalité des présents n?a jamais mis les pieds dans une enceinte judiciaire. Les enseignants auraient certainement préféré rester dans leurs salles de cours glacées que de fréquenter la salle d?audience froide. « On aurait aimé reprendre les bancs de l?université, assister à des séminaires pour mettre à jour nos connaissances et s?imprégner des nouvelles technologies de l?éducation, mais, à la place, on nous envoie chauffer les bancs des tribunaux... Quelle image auront nos élèves de nous ? ?Nos profs sont condamnés par la justice?, diront-ils », vitupère une enseignante de français dans un lycée de Mekla. Avant même la tombée du verdict, dont les délibérations ont duré longtemps, beaucoup d?enseignants ont quitté la salle. Nombreux ceux qui sont convaincus que le combat est perdu d?avance. Le droit de grève, c?est pour une autre fois. Ils n?ont eu qu?avertissements et blâmes. Le professeur de philosophie est parmi les premiers à partir. Il a dit qu?il devait préparer son cours sur... la liberté, pour ses classes de terminale.

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