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Economie
Il fallait s'y attendre : la nouvelle loi de finances ne donne aucun signe de «rupture» avec le modèle économique actuel, pourtant préconisé par tous les experts indépendants. Pas même l'ombre d'un début de changement. Pire, «elle consacre la continuité : la croissance économique va être encore tirée par la dépense publique, relève Abdelhak Lamiri, directeur de l'Institut international de management.Nous allons reproduire le passé, il ne faut s'attendre ni à un effondrement économique ni au début de l'émergence». Le FMI s'inquiète des investissements publics lancés depuis 2004, dont le coût dépasse le PIB annuel de l'Algérie ou encore le cumul des réserves de change qui n'ont pas permis de créer des capacités de réalisation locales suffisantes ni des relais de croissance réelle.Le président Bouteflika a annoncé mardi un plan quinquennal d'investissements publics de près de 200 milliards d'euros. Les économistes trouvent «en deçà du potentiel de l'Algérie» le taux de croissance de l'Algérie qui devrait, selon eux, postuler à des taux à deux chiffres, justement boosté par l'investissement public massif.Le Conseil des ministres se félicite du projet de budget calculé sur une croissance du PIB de 3% (la moyenne de croissance en Afrique depuis dix ans est d'environ 5%) et d'une croissance hors hydrocarbures de 4,2%, avec lesquels il est impossible de relever des défis tels que la création d'emplois ou le développement d'un appareil productif en panne. «Avec une dépense publique de 630 milliards de dollars entre 2000 et 2013 (équipement et fonctionnement), le taux de croissance aurait dû dépasser en moyenne annuelle les 8/9%, taux indispensable pour une croissance durable et réduire les tensions sociales à l'avenir», ajoute l'économiste Abderrahmane Mebtoul.La FAO s'alarme de la maigre contribution de l'agriculture (7%) à la construction du PIB national, de l'incapacité du pays à produire les aliments essentiels à la consommation humaine. Le budget alloué à l'agriculture dans la nouvelle loi de finances ne décolle pas. Résultat : l'argent dépensé permet surtout d'alimenter les importations (plus de 65 milliards de dollars), de financer les augmentations salariales et les subventions. Autre problème : la proportion que prennent chaque année ces aides (les subventions des prix du lait et des céréales, qui représentent plus de 40% des transferts, ont été multipliées par 20 entre 2006 et 2012) et, surtout, de leur attribution et de leur gestion.L'Algérie ne fait pas exception à une règle qui touche tous les pays : 20% des plus riches bénéficient, toujours selon la Banque mondiale, six fois plus des subventions que les pauvres. Concrètement, soutenir le prix du carburant permet surtout d'aider les propriétaires de véhicules, c'est-à-dire essentiellement la classe moyenne et supérieure. En conclusion : le changement ne sera ni pour la fin de l'année ni pour l'année prochaine. Le gouvernement poursuit son rythme de croisière, au mépris de l'anecdote reprise par le collectif Nabni : «L'Algérie risque le même sort que le Titanic. Malgré sa puissance et faute d'avoir amorcé le virage à temps, il a sombré au contact d'un iceberg.»


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