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Eaux troubles (II)
Les Kurdes qui vivent en Turquie ou qui s'y sont réfugiés récemment, exigent paraît-il qu'Ankara intervienne en Syrie pour les sauver. Car chacun sait que si le pouvoir turc hésite encore, sa vocation première a toujours été de sauver les Kurdes.D'ailleurs, ces jours-ci Erdogan a encore fait preuve de bonne volonté en ordonnant à ses militaires d'utiliser des gaz lacrymogènes pour empêcher les Kurdes syriens de franchir la frontière. L'armée a même réussi à en tuer une vingtaine de personnes qui manifestaient à Diyarbakir et dans d'autres villes turques. Prétendre, comme le font les Kurdes, que la Turquie ne fait rien contre l'EI, est une infâme calomnie. La preuve : Erdogan va instaurer, en territoire syrien, une no-fly-zone plus une zone tampon plus une zone de sécurité pour mieux venir à bout de la « dictature d'Assad »... Ce n'est pas rien quand même... Le 15 octobre, les Kurdes de Turquie voulaient tant, paraît-il, qu'Erdogan entre en guerre. Eh bien, ils sont servis : l'armée turque bombarde à présent les positions du parti kurde PKK dans le sud-est du pays - ce qu'elle n'avait pas fait depuis plusieurs années. Chassez le naturel, il revient au galop... Pendant ce temps, les Kurdes d'Irak - ou plutôt leurs dirigeants - suivent une politique très éloignée de celle du PKK. Ils sont en effet sur la même ligne qu'Israël, ce qui en fait les alliés objectifs d'Erdogan (complice de l'Etat voyou juif et massacreur des Kurdes turcs). Les Kurdes de Syrie et leur parti PYG, pour leur part, soutiennent le gouvernement de Damas et n'ont jamais revendiqué l'indépendance. Politiquement, ils sont plus proches du PKK de Turquie que des Kurdes d'Irak. relative confusion qui règne pour le moment sur le front kurde est voulue par les tireurs de ficelles américano-sionistes. La cause kurde n'est intéressante pour eux que si elle affaiblit et divise chacun des trois pays visés. En aucun cas elle ne doit déboucher sur la création d'un Etat national kurde unifié. Par ailleurs, pendant que l'attention médiatique est focalisée depuis des semaines sur le sort de la ville kurde syrienne de Kobané, les djihadistes de l'«Etat islamique» se montrent tout aussi menaçants sur l'autre front de cette guerre, en Irak. D'après des témoignages de la société civile irakienne, l'organisation «Etat islamique» a infiltré la ville d'Abou Ghraib même s'ils ne la contrôlent pas encore complètement. Dans la grande banlieue de Bagdad, les terroristes sont à moins d'une dizaine de kilomètres de l'aéroport de Bagdad. Abou Ghraib pourrait redevenir le cauchemar des autorités américaines. C'est dans la prison de cette ville de la grande banlieue ouest de Bagdad qu'en 2003, des soldats américains s'étaient pris en photo aux côtés de prisonniers irakiens humiliés et mal traités. Aujourd'hui, la ville est sous la menace des djihadistes. Ils sont à une quinzaine de kilomètres de la capitale irakienne. Si la chute de Bagdad reste très hypothétique, cette avancée des terroristes s'inscrit dans une logique de conquête de territoire. Ils contrôlent déjà toutes les villes dans un arc de cercle à une vingtaine de kilomètres au nord de la capitale. Avec l'avancée vers Abou Ghraib, c'est désormais l'aéroport de Bagdad qui est sur leur chemin, « ils en sont à moins d'une dizaine de kilomètres » rapporte François Heisbourg, conseiller spécial à la Fondation pour la Recherche stratégique. (Suite et fin)


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