Algérie

Du bon et du beaucoup moins bon



Du programme du 3e jour des JTC, il n?était possible d?assister qu?à trois représentations. La Gare était une prétention. Moi au aucun constituait un chef-d??uvre qui marquera les annales des JTC. Quant à Zaman, d?après des textes de Ezzedine Madani, il fut un pur moment de féerie, une plaisante récréation dans le style d?un « masrah el ihtifalia » cher au Marocain Berrechid, son théoricien. Dans sa mise en scène, Ridha Drira a eu recourt aux ressources du théâtre chanté, du café-théâtre et à celui de la narration. Les chants et la musique, omniprésents durant toute la représentation, sont un play back. La musique, superbe tout comme le chant dans l?interprétation, est empruntée au patrimoine maghrébin. La scène s?offre au regard, occupée sur toute sa largeur, barrée par un imposant praticable à deux niveaux. Il est recouvert d?un fin et transparent tissu. Les personnages évoluent dessus, dessous et sur le devant de la scène. Les quelques spectateurs d?une salle archicomble. Le 4e art ont eu tort d?être partis pour avoir jugé le reste de Zaman au vu de ses deux premiers tableaux. En effet, ils sont à la périphérie de l?art des tréteaux, sans dramaturgie et sans attrait suffisant. La féerie ne commence à opérer qu?à partir du troisième tableau. Ce n?est plus un conte mais des nouvelles, avec des situations, des personnages bien caractérisés, de succulents numéros d?acteurs et un rythme soutenu. Zaman se met alors à traquer l?humain, usant de la dérisoire et de la parodie, l?humour n?excluant pas le pathétique et l?émotion, particulièrement au moment d?un poème théâtralisé sur fond d?un tragique chant d?opéra et d?un film vidéo. Concernant La Gare, un spectacle précédé d?une flatteuse réputation, il n?a pas comblé les attentes promises. Il a surtout démontré les limites et les illusions d?une écriture scénique en l?absence d?un texte dramatique. Il est vrai que la mise en scène était bien léchée et les comédiens étaient justes dans leur jeu outré ; mais pour avoir décliné son propos dès les premières scènes, La Gare fait du surplace, se figeant dans la redite. Le charme de l?étrange, d?un délire hermétique et de l?émotion intellectuelle n?opère plus. Chedly Arfaoui, l?adaptateur et metteur en scène du Somnambule de Gao Xingjian, finit par verser dans le tape à l??il et l?oreille. Le spectacle s?égare ainsi dans le « funambulisme » pour simplement soutenir à l?instar de l?auteur chinois : « Si l?homme a besoin du langage, ce n?est pas seulement pour communiquer du sens, c?est en même temps pour écouter et reconnaître son existence. » Pas vraiment de quoi fouetter un chat !



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