Doutes sur la conformité des chambres froides

Retards d'embarquement des produits à l'exportation et manquements aux conditions de stockage, notamment dans le respect de la chaîne du froid.Des produits pharmaceutiques stratégiques, indispensables au diagnostic et au traitement de certaines maladies, en l'occurrence les réactifs, les vaccins et autres, sont gérés de manière «désastreuse» et «irresponsable» au niveau du fret confié à Air Algérie à l'aéroport Houari Boumediène d'Alger. Les chambres froides, censées garantir la chaîne du froid pour des produits très sensibles comme les réactifs de laboratoire, semblent défaillantes. Qu'en est-il alors pour les vaccins, importés exclusivement par l'Institut Pasteur d'Algérie ' Le problème doit se poser aussi pour d'autres produits périssables. Perte de marchandises par négligence, rupture de la chaîne du froid ayant entraîné la perte pure et simple du produit importé, non-embarquement de la marchandise à l'export des mois après délivrance de la lettre de transport aérien (LTA) sont autant de réclamations destinées à la direction du fret d'Air Algérie.Des problèmes innombrables que rencontrent les opérateurs algériens de la pharmacie, que ce soit pour l'importation ou l'exportation. «Le volume des marchandises est très important et il est en augmentation. Malheureusement, la gestion de ces marchandises sensibles lors des opérations y afférentes est totalement aléatoire, ce qui a conduit à des situations désastreuses», souligne un opérateur, qui vient de débloquer sa marchandise, mais? bonne à jeter. Ce qui entraîne automatiquement des ruptures de stocks cycliques de médicaments pour les patients et une perte de marchés et de clients. Le cas des réactifs de laboratoire, stockés à l'arrivée à l'aéroport d'Alger à des températures dépassant largement celles indiquées sur la lettre de transport aérien est édifiant.Un rapport de constat d'une marchandise importée par un producteur national, stockée en dehors des températures indiquées par le fournisseur, réalisé par un cabinet d'expertise agréé agissant auprès des services des Douanes algériennes, assurances, banques, industriels, importateurs et transitaires transmis à la direction du fret d'Air Algérie, relève des anomalies quant au respect de la chaîne du froid. «Après expertise de l'USB températures (mouchard) installé par le fournisseur à l'intérieur des cartons, qui enregistre des relevés à intervalles de 30 minutes pour la période de voyage, nous avons constaté que depuis l'arrivée de la marchandise à l'aéroport d'Alger le 30 mai dernier, le mouchard USB a relevé des températures excédant les 8°. A partir du 2 juin 2014, la température descend en dessous de 8° et à partir du 4 juin, elle remonte à nouveau en courbe croissante pour atteindre un pic de 24,7°», révèle le rapport d'expertise.Pis encore, le rapport signale que l'analyse du graphe tracé par le mouchard USB des températures montre que la tolérance offerte par le fournisseur de 144h est largement dépassée, ce qui rend la qualité de ces réactifs non garantie en raison du non-respect des consignes de stockage, puisque durant toute la période signalée, la marchandise se trouvait dans les magasins de fret Air Algérie.La mise instantanée en quarantaine de la marchandise d'une valeur de 81 473,60 euros, est donc demandée par le fournisseur. Une mise en quarantaine qui engendrera un manque à gagner ainsi que des retards de livraison. Des courriers pour demander des explications à la direction du fret d'Air Algérie ont été adressées par l'opérateur, mais sont restées lettre morte. Air Algérie ne semble pas encombrée par les marchandises destinées à l'exportation et les produits pharmaceutiques, qui sont toujours stockés dans les entrepôts d'Air Algérie.«Des cartons de poches de bicarbonate en poudre destinés aux hôpitaux du Mali, pour le traitement des malades dialysés, sont toujours bloqués au niveau des entrepôts d'Air Algérie depuis un mois, malgré les trois vols par semaine à destination de Bamako par Boeing 737-600. Selon les responsables du fret Air Algérie, est en cause le manque d'espace dans les appareils à cause du volume des bagages des voyageurs. Le poids de cette marchandise ne dépasse pas une tonne et demie. Le fret est payé à l'avance», signale une source proche du dossier. Ces retards d'embarquement causent énormément de désagréments, notamment aux patients insuffisants rénaux qui attendent toujours leur traitement à l'hôpital de Bamako, ajoute notre source.Du côté de la direction du fret d'Air Algérie, on affirme ne pas avoir connaissance de ces problèmes et que les chambres froides ne souffrent aucune défiance. Contacté par nos soins, le directeur du fret, M. Dennil, nous fait comprendre que si nous voulons avoir de plus amples informations sur le centre cargo, il faut passer par la cellule de communication d'Air Algérie...