Algérie

Diplomés chômeurs à Oum El Bouaghi, Des bataillons battent le pavé


Combien sont-ils en fait les cadres universitaires à la recherche d’un emploi ? La wilaya d’Oum El Bouaghi, seule, en compte plusieurs milliers, disséminés un peu partout à travers les grands centres urbains. Au niveau des quatre agences nationales d’emploi (ANEM) que compte la région s’entassent les demandes émanant de jeunes cadres sans occupation et sans perspective.

Comme on le sait, les recrutements se font parcimonieusement compte tenu de la rareté des postes d’emploi proposés sur le marché. En termes de pourcentages, le taux de chômage a connu une courbe descendante, puisque de 39% en 2000, il est descendu à 25.62% et ce durant l’année 2004. Ce sont particulièrement les postes attribués dans le cadre du filet social et du pré-emploi qui ont participé à cette décroissance. Il reste que malgré l’effort de l’Etat, la résorption du chômage est tellement lente qu’elle est rattrapée par de nouveaux demandeurs d’emploi. Et ce ne sont ni l’ANSEJ, qui participe à la création de microentreprises, ni la CNAC (Caisse nationale de chômage) qui sélectionne les dossiers pour les proposer aux banques, qui pourront réduire la tension sur la demande exprimée en matière d’emploi. On pourrait expliquer cela par l’absence d’investisseurs, capables d’insuffler à la wilaya une nouvelle dynamique, notamment par un recrutement massif de jeunes en quête d’emploi. Nombre de jeunes se demandent pourquoi créer des zones industrielles si en retour l’offre d’emploi est minime, voire dérisoire. L’Etat a octroyé de grands terrains dans ces zones à des investisseurs pour qu’ils participent à la réduction du chômage, mais ces derniers n’emploient que des effectifs réduits. De guerre lasse, des cadres universitaires, disposant de diplômes d’ingénieurs, de licences et des techniciens supérieurs ont versé dans le commerce, généralement informel, malgré les aléas d’un pareil créneau. Les plus chanceux sont parvenus à créer leur propre entreprise, mais une entreprise qui, malheureusement, ne profite qu’à son « patron ». Ainsi en est-il pour les cybercafés qui ont « fleuri » çà et là à travers les villes de la wilaya et qui ne peuvent participer à la résorption du chômage. C’est à l’industrie que revient en principe le rôle de créer l’emploi. Or l’industrie à Oum El Bouaghi a subi un fléchissement au cours de la décennie écoulée. Après de drastiques compressions des effectifs, les unités industrielles du secteur public fonctionnent au ralenti. Elles ne pourront jamais concurrencer certaines unités du secteur privé. De toutes les unités, c’est la CABAM de Aïn M’lila qui emploie le plus grand nombre d’ouvriers, avec plus de 520 travailleurs. Cette unité spécialisée dans la fabrication des cabines sahariennes reste très sollicitée. L’EMAB (menuiserie de Aïn Beïda) et la FILAB (fil de laine) ne sont plus en mesure d’opérer de nouveaux recrutements. Surtout la FILAB qui a perdu les 2/3 de ses effectifs, toujours à cause des dégraissements. L’ELATEX de Meskiana a mis la clé sous le paillasson. C’était une unité spécialisée dans le lavage, le peignage et le cardage de la laine et qui fournissait la matière aux usines de Aïn Beïda et de Tébessa. Quand elle avait atteint sa vitesse de croisière, elle employait 480 ouvriers. Elle a fini par n’employer que 120, avant de connaître sa fermeture définitive. Le secteur privé compte, lui, plusieurs petites unités, mais qui n’emploient hélas que des effectifs minimes. Seule la SARL Dar El Houda (édition de livres) de Aïn M’lila se détache du lot avec 80 travailleurs. Ceci dit, en dehors d’une industrie balbutiante, la wilaya d’Oum El Bouaghi offre peu d’opportunités d’emploi. Il faudra tabler sur l’agriculture et partant sur l’agro-alimentaire pour pouvoir amorcer un véritable développement économique. Sinon, rien ne pourra faire sortir la wilaya de son retard économique ou socio-économique. Et ce sont justement les cadres universitaires qui en pâtiront les premiers.




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