Algérie - A la une

Dictats géopolitiques



Les espoirs quant à une reprise de la confiance au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont été douchés en fin de semaine par plusieurs facteurs géopolitiques, la réunion ministérielle de Vienne s'étant terminée en queue de poisson. Les marchés, déçus, sont repartis à la baisse, le Brent passant sous la barre psychologique des 60 dollars/baril, alors que tous les analystes restaient sceptiques quant à un accord hier vendredi entre les pays de l'Opep et leurs partenaires non-Opep menés par la Russie. Le jeu des influences géopolitiques a contribué, sinon à s'imposer comme le seul et unique facteur qui a mené à cet échec, alors qu'il y a une semaine tout le monde, y compris les analystes de marché, s'attendait à une réaction positive des pays producteurs.Le fait est là: l'Opep n'a pas réussi à répondre aux attentes des marchés et a montré de belles dissensions pour réduire sa production de plus d'un million de barils/jour, ce qui était déjà anticipé par les marchés. Mais, ce qui a ruiné les espoirs quant à une reprise de la cohésion au sein de l'Opep, c'est que l'Arabie Saoudite, poids lourd de l'organisation, n'a plaidé que pour une baisse d'un MBJ, ce qui a confirmé ses accointances avec le président américain Donald Trump qui avait exhorté l'organisation à ne pas baisser sa production. L'Iran, autre gros producteur Opep, s'il a milité pour une baisse conséquente de la production au-delà d'un MBJ, a toutefois demandé à être exempté de toute baisse pour faire face à l'embargo économique américain. En fait, tous les pays producteurs ont des raisons plus ou moins inavouées pour ne pas baisser la production.
Le climat est donc devenu absolument étouffant. Et à la veille de la réunion pays de l'OPEP/non-Opep, le ministre russe de l'Energie a encore assombri les prévisions en soulignant qu'il était difficile à Moscou de réduire sa production en cette période de l'année. Et quand le ministre saoudien du Pétrole dit jeudi soir «non, je ne suis pas confiant» qu'un accord sera trouvé, il a tout simplement fait voler en éclats tous les espoirs attendus de la réunion d'hier vendredi avec les pays non-Opep. En face, les Etats-Unis, qui ont demandé à l'Opep de ne pas augmenter sa production à travers une terrible pression sur Ryad, qui fait profil bas après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, ont exporté la semaine dernière plus de produits pétroliers qu'ils n'en ont importé depuis des décennies. Soit 3,2 millions de barils de brut et 5,85 mb de produits raffinés, ce qui de toute évidence participe de cette stratégie prônée par Donald Trump de casser la cohésion au sein de l'Opep et noyer le marché mondial.
Ce qui rend dès lors difficiles toutes les stratégies de baisse de la production avec cette nouvelle donne de l'arrivée massive de pétrole de schiste US sur les marchés, 43 ans après que Washington ait décidé d'interdire, en 1975, toute exportation de brut à la suite du 1er choc pétrolier de 1973. Les Etats-Unis sont également derrière la chute des cours de l'or noir au mois de novembre dernier, après avoir accordé au dernier moment des exemptions temporaires d'achat du brut auprès de l'Iran à huit pays importateurs et à des niveaux plus élevés que ne l'attendait le marché. Le glaive des sanctions économiques américaines contre l'Iran restera ainsi suspendu en permanence sur toutes les décisions des pays Opep et leurs alliés non-Opep de lutter contre une hausse de l'offre de brut sur les marchés et de faire remonter les prix. Mais, également une épée de Damoclès qui frappera toute tentative de réguler les marchés pétroliers et de bien rémunérer les investissements des pays producteurs. Les Etats-Unis sous l'ère Trump sont en train de devenir un check-point pour les prix du brut.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)