Algérie

Deuxième jour de traque des harraga


«Essaher» fait cap sur les Iles Habibas Nous sommes mardi 28 novembre 2006 à la base navale de Mers El Kébir. Cette fois-ci, nous effectuons, dans cette série de reportages consacrés à la lutte contre l’émigration clandestine, une nouvelle mission à bord d’«Essaher», un patrouilleur de l’unité «347» des garde-côtes de la Marine nationale, un «pur produit» du chantier naval de la base de Mers El Kébir. Il est presque 9 heures du matin lorsque nous montons à bord de cette vedette des garde-côtes avec un équipage d’une vingtaine d’éléments. Un signal vient d’être donné pour faire le balayage de la passe à la ligne de patrouille affectée. L’accord est donné exactement à 9 heures 34 minutes pour l’appareillage. L’équipage aux postes de manœuvre largue les amarres. L’ordre est donné pour faire gauche arrière. Ensuite, machine arrière, un instant. Puis machine avant. Et, bien-sûr, le large en passant par la passe. «Toutes les mesures de sécurité sont respectées», souligne un membre de l’équipage, avec un sourire de bienvenue. Un clin d’œil sur la plage avant et c’est déjà une équipe en alignement illustrant une salutation du port. Idem sur la plage arrière. Voilà une idée sur la discipline de l’équipage à bord de la vedette des garde-côtes, la GC.347. Cap vers les îles Habibas Le commandant de bord, le capitaine Houa, vient de recevoir l’ordre du centre des opérations pour l’exécution du mouvement, celui de la SAFA 3. Une opération qui concerne la chasse à l’émigration clandestine, ainsi que d’autres missions, dont l’assistance de personnes en danger de mort en mer, la surveillance côtière et la reconnaissance en mer. Tout le monde se met à l’ouvrage, et ce quelles que soient les conditions météorologiques. A propos de météo, la mer est belle, calme surtout. Certes, on enregistre une visibilité réduite au large des côtes oranaises, néanmoins, en mer, celle-ci est claire. La température est de 21° et les vents faibles avec une vitesse variant entre 10 à 20 nœuds. La journée est plutôt idéale pour la surveillance des côtes, mais aussi idéale pour les candidats à l’émigration clandestine pour prendre la mer. En général, ils attendent la clémence du ciel pour faire la traversée. Pour réduire les risques d’échouer, en mer surtout. Toute l’équipe est en poste de veille, en quête d’un hypothétique objet flottant. Côté tribord ou bâbord, les veilleurs continuent d’assurer la surveillance des côtes à l’aide de jumelles. Sur la passerelle, à la timonerie, le radariste assure la veille technique. Rien à l’horizon ne se profile, du moins pour le moment. Le moindre objet flottant doit être signalé au commandement. Sa nature, sa distance, sa route surtout, comme on le dit ici dans le jargon des hommes de mer. Le temps d’un instant, coté bâbord, on aperçoit une embarcation... Le commandant de bord ordonne le barreur d’un angle vers l’objet et augmente la vitesse des machines pour intercepter la «cible». «Barre à zéro», dit-il. Ce qui signifie aller devant. La distance est aussitôt signalée. Nous sommes à 8 encablures de la cible, c’est-à-dire à 0,8 mile, soit moins de deux kilomètres. La vitesse diminue à mesure qu’on approche de l’embarcation. Les veilleurs sont toujours aux aguets. «C’est un plaisancier», s’écrie un membre de l’équipage. R.A.S. L’identification de l’embarcation immatriculée à Oran s’est faite de manière automatique: Habib-1462-Oran. Une embarcation sur laquelle est hissé même un pavillon national. «Machine avant», dit le commandant de bord. De loin, nous apercevons Cap Falcon, un phare qui sert aussi de centre d’observation des eaux territoriales. «Toutes les opérations doivent être menées avec les stations maritimes GTGC et les bâtiments des garde-côtes», assure un membre de l’équipage qui met en avant le devoir d’assistance des personnes en détresse. «Mais le plus préoccupant, dit-il, c’est la vitesse avec laquelle s’est répandu le fléau ravageur de l’émigration clandestine qui touche de nombreux jeunes, qui croient à l’Eldorado et qui, souvent, se font escroquer par des passeurs sans scrupule qui, une fois l’argent empoché, les laissent partir dans des conditions précaires, à la merci des aléas du temps et du désespoir». Iles Habibas: zone de repos pour les harraga Nous continuons la patrouille à bord de la vedette. Cap 2.3.0. Le Giro compas nous indique le nord dans cette mission de reconnaissance autour des îles Habibas, une zone de transit mais aussi une zone de repos pour les candidats à l’émigration clandestine. Il est 11 heures 55 minutes. Encore quelques minutes pour le petit déjeuner, comme prévu. 12 heures 40. Subitement les veilleurs constatent de visu une embarcation plutôt louche à proximité des îles Habibas. Le commandant de bord donne ordre à une unité des garde-côtes de la poursuivre. A l’horizon, nous observons, à l’aide de jumelles, un navire algérien en patrouille en mer qui escorte un sous-marin, nous informe-t-on. Au ciel, un hélicoptère de la Gendarmerie nationale effectue une ronde routinière. R.A.S. Nous effectuons une petite pause. Pardon, un petit somme! On se réveille à 15 heures. Toujours rien à signaler. Il est 16 heures 30. L’accord est donné par le centre des opérations pour accoster. Le commandant donne ordre aux postes de manœuvres et machines pour le passage. La garde-côte de Mostaganem est à quelques encablures de cette unité des garde-côtes d’Arzew. A proximité du quai, on largue les amarres. Accostage effectué. L’équipe se met au repos. Rassurez-vous, Essahar continue de veiller. Demain, une autre mission, une autre destination...


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