Algérie - Revue de Presse



Les trois niveaux de décision que sont, en matière économique, le président de la République, le chef du gouvernement et le ministre des Finances semblent manquer de coordination et ne partagent pas toujours les mêmes points de vue . Par moment, chacun de ces pôles décisionnels semble même régner en maître dans son champs d?intervention, ignorant l?autre, ce qui laisse penser qu?une stratégie économique d?ensemble fait défaut dans le pays. Dépité par le vote de l?APN de la loi de finances 2005, Benachenhou n?a pas caché l?existence d?un hiatus au sommet de l?Etat. En rendant responsable la coalition gouvernementale - et les soubresauts qui l?agitent - du vote « désastreux », c?est le président de la République et le chef du gouvernement - en même temps président du RND, parti majoritaire - qui sont pointés en premiers du doigt : ils ont failli dans leur travail, éminemment politique, de rendre la coalition un bloc monolithique soudé à la démarche présidentielle et au programme gouvernemental. Bouteflika et Ouyahia sont également, indirectement rendus responsables d?avoir laissé se perpétuer une situation « scandaleuse », celle de 25 grosses entreprises structurellement déficitaires coûtant des milliards de dinars au trésor public, alors même que l?Etat dispose de moyens financiers d?amortir le coût social de leur liquidation. La casse des EPE canards boiteux ? Benachenhou ne veut pas en porter le chapeau et il estime qu?elle est d?essence politique donc des attributions du président de la République et du chef du gouvernement. Idem pour le gel du foncier des entreprises dissoutes pénalisant l?investissement. Dans la foulée, le ministre des Finances n?apprécie pas la décision de Bouteflika et de Ouyahia de contraindre les entreprises d?Etat de déposer leurs avoirs dans les banques publiques, même s?il considère que le chef de l?Etat n?a fait que prendre une « mesure conservatoire ». Les pavés jetés dans la mare par Benachenhou traduisent l?ampleur du désordre économique régnant au sein de l?exécutif. Mais ils ont surtout l?air de designer les centres politiques prioritairement concernés par un changement à venir : la coalition gouvernementale et le chef du gouvernement. Le ministre des Finances ne traduirait-il pas la pensée du président de la République ? a t-il été chargé de lui préparer le terrain en prenant toutefois, la précaution d?égratigner le chef de l?Etat afin que son diagnostic et son plaidoyer soient crédibles ? Les questions se posent au moment où Bouteflika s?est engagé dans une sorte d?audit de l?action gouvernementale, convoquant un à un les ministres et les interrogeant sur leur bilan, avec apparemment l?intention de restructurer en profondeur l?exécutif pour qu?ils puisse relancer les reformes économiques. Débloquer celle-ci, aujourd?hui, est une urgence absolue, commandée par la poussée de la société et par les exigences de l?environnement international. Mais il reste la méthode choisie : apparemment, et comme d?habitude, sont évacués les principaux acteurs de la vie économique et politique du pays et privilégiés les arrangements d?appareils avec leur cortège de règlements de comptes.

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