C'est une anti-loi du 23 juillet 2005, une loi contre le révisionnisme et
la réhabilitation insidieuse de l'OAS que le Groupe Communiste, Républicain,
Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche (CRC-SPG) a déposé, le 7 juillet
dernier, au Sénat français.
L'initiative des sénateurs du groupe communiste et du Parti de Gauche (de
Jean-Luc Melenchon) est d'autant plus motivée que ce révisionnisme ne se limite
aux «nostAlgériques» mais s'intègre dans une «entreprise de «falsification de
l'histoire, tolérée voire entretenue par l'Etat». Ce qui a alerté les
sénateurs, c'est le détournement par décision gouvernementale de la vocation du
«Mémorial national de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la
Tunisie», érigé en 2002, quai Branly, dans le 7ème arrondissement de Paris. Le
5 décembre 2009, le secrétaire d'Etat à la Défense et aux Anciens Combattants,
M. Hubert Falco, a décidé de dédier la colonne centrale du Mémorial à la
mémoire des victimes civiles de la fusillade de la rue d'Isly (actuellement
Larbi Ben M'hidi) du 26 mars 1962. Pour établir les faits historiques, les
sénateurs rappellent qu'il s'agissait d'une «manifestation à caractère
insurrectionnel à laquelle l'OAS avait appelé et que les autorités civiles et
militaires avaient interdite» ; et que les victimes de la fusillade, enrôlés ou
manipulés, ont «obéi en toute connaissance de cause à un mot d'ordre émanant
d'un mouvement séditieux dont l'objectif consistait à faire obstacle, par les
armes et la terreur organisée, par le massacre collectif ou l'assassinat
individuel, par l'attentat aveugle ou ciblé, à l'application des accords
d'Evian, majoritairement approuvés par les Français, et empêcher, par
conséquent, l'accès de l'Algérie à l'indépendance».
Ces victimes, notent-ils, méritent respect mais ne «peuvent en aucun cas
être assimilées aux Morts pour la France, appelés du contingent, supplétifs,
militaires de carrière, membres des forces de l'ordre tombés sous les coups
notamment de l'OAS».
Les sénateurs de gauche ne sont pas loin d'y voir, sous couvert d'hommage
aux victimes civiles, une opération de réhabilitation détournée de l'OAS,
derrière la décision de M. Hubert Falco, prise sans aucune «consultation
préalable des associations, historiens et personnalités ayant participé à la
définition» des principes fondateurs du Mémorial national du quai Branly.
Détournement de vocation
C'est, soulignent-ils, un «détournement de vocation», une «offense aux
Morts pour la France en Afrique» et une «marque d'une soumission, lourde de
conséquences, aux thèses révisionnistes développées par des organisations
extrémistes». La preuve, expliquent-ils, ces organisations extrémistes, ont
osé, pour la première fois, à s'opposer, «parfois frontalement» le 19 mars dernier
aux «commémorations du cessez-le-feu en Algérie, provoquant, localement,
incidents et troubles à l'ordre public». Ils constatent aussi une
multiplication des «injures publiques» contre le général de Gaulle et des
diffamations contre les victimes de l'OAS et les personnes qui en défendent le
souvenir.
Pour les sénateurs, ces faits «démontrent combien la falsification de
l'histoire, tolérée voire entretenue par l'Etat, peut déchaîner la violence du
discours et combien celle-ci peut se traduire dans les actes : en atteste le
développement actuel des procédures dont les cours et tribunaux sont saisis par
les victimes de ces comportements».
Ils constatent aussi et avec indignation que «l'Etat français,
bienveillant à l'égard des anciens factieux dont il accepte toutes les formes
d'héroïsation, s'est toujours montré hostile à la reconnaissance pleine et
entière du sacrifice des quelque 2 200 victimes de l'OAS, en Algérie comme en
France, qu'il s'agisse de civils, de militaires, de magistrats, de policiers,
d'enseignants, de fonctionnaires, défenseurs des institutions de la
République».
Désordre mémoriel
La représentation nationale, indiquent-ils, a le devoir de réagir «face à
un désordre mémoriel générateur de transgressions de la vérité historique et de
divisions entre les Français». Il s'agit pour eux de faire adopter cette loi
afin de permettre au gouvernement français de «restaurer son image de garant
des valeurs républicaines et de prévenir les initiatives, nationales ou
locales, susceptibles, à deux ans du cinquantenaire de la fin de la guerre
d'Algérie, de nuire à la réconciliation des mémoires et à l'apaisement des
rapports entre la France et l'Algérie».
Déclinée en trois articles, la
proposition de loi limite les noms portés sur le Mémorial aux «seules personnes
dont l'acte de décès est revêtu de la mention «Mort pour la France» attribuée à
titre militaire». Elle dispose que la France «reconnaît les souffrances subies
par l'ensemble des victimes des crimes de guerre et attentats commis par l'Organisation
armée secrète (OAS) ou en son nom, en Algérie et en France, de 1961 à 1962».
Elle prévoit des sanctions contre «toute injure ou diffamation dirigée contre
la mémoire d'une victime de l'OAS». Le dernier article interdit les «hommages
publics à l'OAS lorsqu'ils prennent la forme d'inscriptions, images, effigies,
plaques, stèles ou monuments dédiés, sur le domaine public, à l'organisation
ou, nominativement, à l'un ou l'autre de ses membres, vivants ou décédés». Sont
frappées également d'interdiction les «cérémonies honorant la mémoire des
membres de l'OAS lorsqu'elles se déroulent devant les monuments aux morts, à
l'intérieur ou aux abords de cimetières et en d'autres lieux publics et
qu'elles s'accompagnent de prises de parole tendant, soit à ériger les membres
de cette organisation en martyrs et héros de l'Algérie française, soit à
valoriser les actes dont ils se sont rendus coupables».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/07/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com