Algérie

Des récits merveilleux devenus des mythes



Des récits merveilleux devenus des mythes
Il s'agit de contes populaires hors du commun et qui ont bercé notre enfance par leur aspect merveilleux. Mais aujourd'hui, on se pose des questions sur leurs origines, leur transmission orale et leur passage à la forme écrite.
L'éminent professeur Bencheikh les a réactualisés en les traduisant au début des années 2000 dans un style moderne qui rende leur lecture accessible à tous. Jadis, on les croyait réservés aux enfants par la fonction magique de quelques objets récurrents comme la lampe merveilleuse d'Aladin, le tapis volant de Sindbab grand voyageur et la baguette magique. Lorsqu'on est petit, on y croit, mais dès qu'on devient adulte, on se rend compte que ce qui est raconté relève plutôt du rêve. Mais ces contes sont d'un contenu et d'une forme tels qu'ils incitent à se poser des questions sur leurs origines. Des venus d'ailleurs et transmis par la boucle d'une reine atypique qui a réussi à séduire le roi sanguinaire malgré lui. Chaque matin il tuait la femme qu'il avait épousée la veille. Puis, un jour, est venue Shahrazade pour mettre fin à la malédiction qui s'était installée au palais royal depuis un temps qui semble n'avoir jamais été déterminé. Lorsqu'on parle de meurtre au quotidien, on doit chercher à en connaître les raisons. Ce que firent des investigateurs des contes populaires qui affirment que les femmes en sont les principales responsables pour leur infidélité. Le roi lui-même, son frère et d'autres hommes du même palais, après avoir subi la tromperie de leurs épouses, ont eu soudainement cette envie de les punir en leur faisant subir le pire des châtiments. Les rois et les princes époux ont acquis la certitude que les femmes obéissent à un instinct lié à leur nature : trahir à la moindre occasion, y compris avec de s partenaires noirs. Le roi Schahriar applique la règle sans pitié : il fit décapiter un soir son épouse, ses servantes et ses esclaves, contrairement aux autres hommes de la famille royale à l'exemple de son frère Schahzamen. Les deux frères, selon les traducteurs chercheurs qui ont cherché à percer tous les mystères, ont clairement justifié les meurtres. Et pour être plus crédibles, ils vont ensemble pour un long voyage, laissant leurs épouses livrées à elles-mêmes, à leur instinct de trahison. Eux avaient acquis la conviction qu'il n'y a point de femme vertueuse (Bencheikh, Miguel). Ces histoires fictives ne sont-elles pas le reflet de cette mentalité rétrograde selon laquelle l'homme doute de la bonne foi de sa femme ou refuse de croire à ses qualités humaines ' Elles peuvent être adressées à une époque lointaine, à la société pour qu'elle se tienne en garde contre l'élément féminin qu'on avait diabolisé en installant dans les esprits la croyance selon laquelle toute femme est tentée de tromper son époux dès que celui-ci est absent. Une fille de vizir, Shahrazade, fait irruption dans l'univers royal. Elle va arrêter le massacre et permettre la survie de la famille par la stabilité, la procréation sur la base du serment sacré du mariage engageant chaque partie à rester fidèle à l'autre. Avant de se lancer dans la gueule du loup, Shahrazade avait suivi les conseils de son père pour ne pas subir le sort de celles qui l'avaient précédée dans la chambre nuptiale. Le père, vizir du même roi, avait tenu à avertir sa fille sur la mission à bien mener : avoir la vie sauve, arrêter le massacre. «Que ce qui est arrivé à ces marchands ne t'arrive pas ma fille», dit le vizir. «Qu'est-il arrivé à ce marchand '», demande la fille. Pour n'avoir pas voulu dire un secret à sa fille sous le prétexte qu'il devait mourir en le divulguant, il décida de réagir violemment contre sa femme en la battant presque à mort. Celle-ci comprit même que son époux avait le droit de la tuer si elle s'obstinait à perpétuer son indiscrétion en cherchant à connaître les secrets de son époux lorsque ce dernier répondait négativement à sa demande. Le secret de ce marchand est que celui-ci était capable de comprendre ce que les animaux pouvaient se dire. Il avait pour travailler ses terres un b'uf et un âne qui n'arrêtaient pas en son absence de comploter contre lui. Un jour, après accord avec l'âne, il fit le malade pour ne pas aller au champ ; le marchand emmena son compagnon pour labourer quelques parcelles. Et en présence de sa femme il surprit les deux animaux en train de parler pour dire du mal de leur maître. Ce dernier éclata de rire au grand étonnement de son épouse qui l'avait soupçonné de se moquer de lui et qui cherchait à en connaître les raisons. C'est ce genre de récit que Shahrazade raconte au roi assassin. Durant mille et une nuits, elle l'émerveilla au point de lui changer son état d'esprit et de lui faire passer l'envie de tuer chaque matin. Avec Shahrazade est venu le temps de la stabilité et de l'apaisement dans le couple. Elle donnera à son époux une descendance en lui redonnant confiance dans le monde. Après avoir tué des milliers de jeunes filles, la cité a failli disparaître. Beaucoup de familles s'étaient exilées pour ne pas subir le sort malheureux, le roi ayant le droit à l'époque de prendre pour épouse la jeune fille qu'il voulait. Shahrazade a transformé son mari sanguinaire en père conscient de l'avenir de son palais, de son royaume et d'une progéniture capable de perpétuer la descendance. Elle même s'est transformée en modèle d'épouse. La vie de ce royaume se transforme aussi par la transmission des contes qu'elle avait racontés au roi durant mille et une nuits et qui finirent par devenir une thérapie et des modèles de récits à imiter pour les plus doués qui se mirent à produire des récits de toutes sortes. Ce fut aussi le début d'une littérature populaire qui allait apporter un changement dans les mentalités et en bien.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)