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Des pratiques kabyles traditionnelles à sauvegarder



Des pratiques kabyles traditionnelles à sauvegarder
Malik BoumatiDes dizaines de pratiques traditionnelles ont disparu sans que la génération actuelle n'en connaisse jusqu'à l'existence. Des pratiques (fêtes, cérémonies, activités artisanales...) qui n'ont pas résisté à l'usure du temps, du fait que la population locale a cessé d'en faire usage au fil des années et des siècles. Il y a quelques décennies, la société algérienne en général, et kabyle enparticulier, s'adonnait encore à des pratiques qui tendent à disparaîtreaujourd'hui, si l'on ne mène pas des actions avec l'objectif de les sauvegarder. Et dans certains cas de figure, l'Etat ne peut rien faire, vu que ces pratiques sont avant tout l'apanage de la société qui en fait usage. Urar n'lxalat a longtemps été un moment fort d'une fête familiale dans les villages et les quartiers de la wilaya de Tizi Ouzou et toute la Kabylie.Le principe était simple comme les moyens disponibles à l'époque. Dans le domicile familial, les femmes invitées, divisées en deux groupes, se donnent la réplique par des chants racontant la vie quotidienne de la société. À un certain moment de la cérémonie de fête, les deux groupes se lancent dans une compétition pour qui chantera mieux et pour qui chantera plus fort entre les deux groupes. À l'époque, cela créait une belle ambiance pour des femmes qui s'offraient rarement des moments d'amusement.Mais aujourd'hui, la métamorphose est indéniable. Le changement dans leshabitudes sociétales avec notamment le pullulement des salles des fêtes a réduit les fêtes familiales à des soirées durant lesquelles les disc-jockeys ont carrément remplacé itaballen. Les familles les plus aisées font appel à des chanteurs ou à des groupes de musique. Si urar n'lxalat a disparu, ses traces restent encore avec les petites soirées que la famille du marié, ou de la mariée, organise la veille en son domicile. Une petite soirée où seuls les plus proches sont invités pour un diner de berkukes (gros couscous). Au sein decertaines familles, urar n'lxalat est reproduit dans une forme plus modeste, seulement par nostalgie envers cette pratique ancienne.Si urar n'lxalat a pris clairement le chemin de la disparition, d'autrespratiques ancestrales prennent le chemin inverse. C'est le cas de timechret oulewziâa, que certains villages de toute la Kabylie organisent annuellement àl'occasion de la fête de l'Achoura. Une pratique qui montre toute la solidaritéqui existe dans la société kabyle, particulièrement dans les villages quiabritent les nombreuses zaouïas de la région. Les comités de villages ou les comités gérant les zaouïas sacrifient des veaux et des moutons et organisent de grosses opérations de distribution auxquelles participent toutes les familles des villages concernés, y compris celles établies en dehors des villages. Un moment de retrouvailles pour des villageois qui se rencontrent rarement, comme ceux nombreux qui résident loin de leur wilaya. C'est surtout un moment de solidarité qui permet aux plus démunis d'avoir leur part des sacrifices. Lesvillageoises profitent également de cette occasion pour se faire belles pour plaire aux femmes qui viennent chercher des mariées à leurs fils. C'est dire que la société ancienne avait déjà une vision large dans ses pratiques sociétales.Il y a de nombreuses autres fêtes traditionnelles dont certaines risquent la disparition si la société ne s'en empare pas dans le but de les sauvegarder. Mais il y en a une qui résistent au temps et à toutes les conquêtes et les tentatives d'acculturation. Yennayer, le nouvel an amazigh, est toujours célébré au sein des familles kabyles. Mais pas seulement. Yennayer est revisité dans toute Tamazgha, de l'Oasis de Siwa en Egypte aux Iles Canaries sur l'Atlantique, en passant par la Libye, la Tunisie, l'Algérie et le Maroc. Dans la soirée du 11 janvier, toutes les familles nord-africaines s'offrent un délicieux couscous avec généralement de la volaille pour célébrer le réveillon de la nouvelle année. Certaines familles rajoutent de la viande asséchée appelée achedlouh ou aqedid gardée spécialement depuis le sacrifice de la fête de l'Aïd el Adha.Toutes ces fêtes et autres pratiques et cérémonials sont à sauvegarder puisqu'ils représentent un pan entier de notre histoire et de notre identité. Et si les pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans le sens de préserver ce patrimoine, la société entière est concernée par cette bataille qui ne risque pas de connaître une fin, à travers notamment toutes les associations et autres organisations qui se comptent par centaines dans la chaque wilaya (Tizi Ouzou comprise) et par milliers à travers le territoire national : l'Algérie n'en sortira que grandie; la Kabylie aussi.M. B.


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