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«Des pratiques de corruption persistent dans les administrations»



À l'approche de la remise de son premier rapport annuel au chef de l'état, le président de l'Instance de la médiation de la République Karim Younès a révélé que 8 797 plaintes de citoyens ont été reçues par ses services depuis le mois de février 2020, date de création de cette instance. 2 883 ont été, par ailleurs, résolues.Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - La grande partie des affaires traitées concerne les problèmes administratifs rencontrés dans les procédures pour l'acquisition des logements sociaux, a précisé Karim Younès, jeudi dernier, lors de son passage sur la Radio Chaîne 2. Tentant de situer le problème, il a expliqué que la demande sur ce type de logement a littéralement explosé en Algérie durant ces dernières années. «Une situation problématique», dit-il, car le gouvernement n'a pas les moyens de répondre favorablement à tout le monde.
Il admet, néanmoins, que l'origine de ce malaise revient aussi à certaines mauvaises pratiques qui ont la dent dure au sein des administrations publiques. «Il faut l'avouer, la corruption existe toujours à ce niveau-là», a-t-il reconnu.
Des dossiers en rapport avec des actes ayant trait à ce fléau «ont été mis sur notre table à maintes reprises», confirme-t-il encore. Il dévoile dans ce sens que les plaintes déposées font notamment état de blocages dans le traitement des dossiers de certains citoyens qui se sont déjà acquittés d'une ou deux tranches mais dont la procédure n'avance plus. Il s'agit, explique-t-il, de l'?uvre d'une poignée de personnes travaillant au sein d'une administration et qui attendent un bakchich en retour pour valider tel ou tel dossier.
Ce phénomène s'est, d'ailleurs, tellement banalisé, selon lui, qu'il est devenu normal pour quelques souscripteurs d'aller eux-mêmes proposer une somme d'argent pour faire avancer leur démarche. Or, «c'est la chose à ne pas faire», prévient Karim Younès dans la mesure où c'est justement cela qui encourage la généralisation de la corruption».
Il déplore ces faits en soulignant que cette situation arrange un certain nombre de personnes travaillant dans les administrations.
Le président de l'Instance de la médiation de la République a, dans ce registre, fait savoir, en se référant à certaines des affaires traitées par ses services, que plusieurs jeunes porteurs de projets qui sont allés investir dans des wilayas du Sud ont vu leurs dossiers bloqués là aussi au niveau des banques «sans raisons apparentes». Ne voulant pas s'étaler davantage sur les détails, Karim Younès s'est justifié en expliquant que le rapport incluant ces affaires «ne sera pas rendu public avant d'être lu par le président de la République».
Interrogé sur un conflit de compétences qui opposerait l'instance qu'il dirige aux ministres ou encore aux walis, Karim Younès affirme que le partage des compétences s'est fait sur des bases claires. «L'instance de médiation a été installée par le chef de l'Etat qui a lui-même établi les règles de son fonctionnement», a-t-il rappelé. Il poursuit en appuyant sur le fait que les walis ont été instruits d'assurer aux délégués chargés de la médiation dans différentes wilayas les moyens matériels nécessaires à leur travail, à commencer par les locaux. «Le décret présidentiel 20-45 du 15 février 2020 a fixé notre mission et nos prérogatives», a-t-il souligné. Karim Younès estime, de ce fait, qu'il n'y a «aucun conflit». D'autant plus que les éléments de cette instance ne font office ni de juge ni de procureur de la République, et encore moins de wali.
Aussi, il fera remarquer que ladite instance est «totalement indépendante que ce soit vis-à-vis de l'administration, des instances parlementaires et même des citoyens». «Notre rôle se limite à faire l'arbitre entre une partie et une autre si on juge cela nécessaire», assure-t-il enfin.
M. Z


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