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DES NOMADES "SEDENTARISES" DEPUIS PLUS D'UN DEMI-SIECLE



DES NOMADES
Ils sont venus de loin dans les années 1960, chassés par la famine et la précarité sociale post-indépendante à la recherche d'un coin meilleur et ont fini par choisir l'immense plaine d'El Macta pour y survivre malgré son isolement et ses marécages infestés par les moustiques.Ils venaient des régions de Saida, de Tiaret et même de la lointaine M'Sila, par familles entières et s'installaient au milieu de la plaine d'El Macta de la manière la plus rudimentaire en aménageant des baraques à l'aide de feuilles de tôles ondulées ou des tentes usées toutes déchirées et sales. En ces lieux marécageux, le taux d'humidité reste toujours assez élevé et finit souvent par se répercuter négativement sur la santé de ces damnés sur terre du troisième millénaire dont beaucoup souffrent de troubles respiratoires mal soignés . Autrefois, ces nomades repartaient dans leur région d'origine à chaque saison estivale pour revenir dès les premiers jours de l'automne, mais à partir des années 1970, ils commencèrent à se sédentariser et à s'installer définitivement sur la plaine aux abords de la route nationale. Certains ont préféré travailler comme journaliers dans les ex-domaines autogérés ou chez des particuliers en qualité d'ouvriers agricoles en espérant gagner plus. Malheureusement, ce changement d'activité et le salaire perçu ne parvenaient point à améliorer leur triste destin, ils continuèrent à vivre sous les dures conditions de vie de nomades au sein de leurs piètres gourbis ou sous leurs tentes insalubres en absence de toutes règles d'hygiène, loin de toute goutte d'eau courante, sans électricité et sans la moindre trace de sanitaires. Leurs campements ressemblent à des bidonvilles si particuliers, avec l'aménagement des enclos pour leurs ovins très proches de leurs habitations de fortune, juste pour faciliter la surveillance de nuit des bêtes et quitte à s'exposer à une multitude de menaces diverses sur la santé des familles qui dorment à côté de ces lieux si infects. Cette déplorable situation rajoute davantage de saleté à ces lieux d'un autre âge où grouillent des enfants déculottés en bas âge se disputant des bouts de pain à des chiots pouilleux. Aux abords de ces chaumières, des tas de fumier provenant des bergeries jalonnent leurs pourtours mélangés aux ordures ménagères des foyers formant de la sorte un lieu de prédilection pour toutes sortes d'insectes, de rongeurs et des dizaines de chiens errants venant des douars à la quête d'ossements des bêtes mortes infestant également ces dépotoirs . Le cas de ces malheureux a fini par se banaliser et fait désormais partie d'un décor qui n'émeut plus personne, à commencer par les autorités concernées de près ou de loin qui semblent ne jamais se manifester en ces lieux de la honte et de la désolation. Un vieux, M.M.C, dépassant, largement la soixantaine, affirme que même les élus ne se disputent pas le coin au cours des campagnes électorales, car la majorité des occupants du « douar » demeurent encore « des sans-papiers » et « inaptes à voter », et donc si inutiles à toute consultation .Quant à la scolarisation des enfants, elle ne semble point être de mise et parait être interdite de séjour au sein de ces tribus composées d'une cinquantaine de familles, les gamins d'âge scolaire se partagent les jeux avec les petits agneaux à garder et les chiots à dresser à la chasse, les plus âgés apprennent à monter aux ânes et les adolescents courent déjà avec les moutons à travers la plaine. « Une fois adultes, ils continuent sur le sillage des parents, ils feront une main d'?uvre à bon marché durant presque toute leur vie » c'est la dernière phrase de notre vieux interlocuteur qui se désole que ceux qui font des droits de l'homme et de l'enfance leur cheval de bataille, ne tentent point d'y faire un tour en ces lieux retranchés du monde, ou tant de drames humains et de misère noire se vivent au quotidien en silence et en soupirs !





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