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Des injustices à réparer


Des injustices à réparer
Wahiba Tamer a relevé le défi. Née de parents inconnus le 10 juillet 1977, elle a été adoptée avec d'autres enfants par des parents pleins d'attention et d'amour. Le premier choc subi par Wahiba fut le jour où elle se présenta pour passer le BEM. La directrice du CEM lui refusa l'accès sous le prétexte qu'elle n'avait pas de carte d'identité. En rentrant à la maison, sa mère adoptive a nié tout en l'assurant que la directrice a menti sur sa filiation. Commença alors un long travail de recherche de ses parents biologiques...en vain. Wahiba, n'a pourtant pas baissé les bras. Elle qui voulait être journaliste est restée à la maison durant quatre ans. Puis elle s'est résolue à faire des formations pour subvenir à ses besoins. Entre- temps, la « fratrie » a grandi et les parents adoptifs sont décédés en emportant le secret de la naissance de Wahiba. Le grand frère se maria et son épouse a jeté tout le monde à la rue. Ce fut le deuxième choc pour Wahiba. De là naquit l'idée de constituer une association pour défendre les intérêts des enfants nés sous X. Wahiba a exhibé fièrement, hier, au centre culturel Aissa Messaoudi d'Hussein Dey, l'agrément de son association « l'Enfant innocent ». Profitant de la célébration du 25ème anniversaire de la ratification de la convention des droits de l'enfant, elle a organisé une journée d'étude sur le manque de législation concernant la protection de cette frange oubliée de la société. Maître F.Z Benbraham a, dans son intervention, souligné « que l'Islam est la seule religion qui a reconnu l'existence et les droits de l'enfant avant qu'il ne naisse et en qualité de personne à part entière ». « Dans la convention des droits de l'enfant, ce dernier est passé de quasi personne à une personne entière », a-t-elle affirmé. En faisant le parallèle entre l'Islam et la convention des droits de l'enfant, l'avocate a indiqué que la convention, en retenant l'adoption plénière et restreinte a créé un danger. Dans le premier cas, l'enfant perd son identité d'origine, assurée dans le droit musulman. Dans le deuxième cas, l'enfant adopté, peut à l'âge de 15 ans retourner chez ses parents biologiques. D'où des problèmes inextricables sociaux ou affectifs qui surgissent. Pour Maître Benbraham , « l'Islam est une religion de progrès qui incite à la recherche et de « l'Ichtihad ». Mme Yamina Houhou, professeur en droit à l'université a, de son côté, soulevé le manque de dispositions dans le code de la famille pour protéger suffisamment les enfants adoptés. Elle cite le cas d'un couple stérile qui adopte un enfant qui n'a pas droit à l'héritage. « Le kafil et le makfoul ne sont pas pareils. » Après la mort des parents adoptifs, l'enfant adopté devient un étranger. Pour Mme Houhou, « c'est une injustice vis-à-vis des enfants adoptés ». Elle a également soulevé le problème de la kafala qui prend fin à la majorité des enfants adoptés, « une deuxième injustice », a-t-elle indiqué . Concernant la donation, celle-ci est dans la limite du tiers dans notre législation. Là encore, Mme Houhou relève une erreur dans la loi. « Cela doit changer », a-t-elle insisté. Elle a proposé, à cet effet, un projet de loi sur la protection des enfants abandonnés, en collaboration avec toutes les associations qui activent dans le domaine de l'enfant. « On le déposera au niveau de l'APN », a-t-elle précisé. Le combat de Wahiba Tameur est encore long. Sur son casier judiciaire et celui de ses semblables, il est toujours mentionné enfant abandonné. Une énième injustice qu'elle s'engage à réparer.




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