Algérie

Des historiens s?expriment


« Dire la vérité même si elle dérange » Canal Algérie a présenté, lundi soir, une émission d?une heure consacrée au déclenchement de la révolution algérienne, réalisée par Fatah Ali Ayadi. Au programme : un plateau, trois historiens, un animateur et un discours des plus francs. Les historiens : Abdelmadjid Merdaci enseignant et chercheur, Fouad Soufi chercheur au CRASC d?Oran et aux Archives nationales, et Mohamed El Corso, ancien président de la fondation 8 Mai 1945. De nombreux points ont été abordés par ce trio, mais la question - ou l?intérêt - est ailleurs. Pour une fois, et alors qu?on a été habitués à être servis d?un discours propagandiste, on a eu droit à un débat franc et dépourvu de révisionnisme et de démagogie. Il est vrai qu?il n?y a pas eu franchement de grandes révélations ni de grands secrets dévoilés, mais il était agréable d?entendre dire, par exemple, que les moudjahidine, quoique militants et dotés de conscience politique, n?en étaient pas moins des êtres humains, avec des faiblesses, des défauts et des désaccords. Ces trois historiens ne se sont pas abstenus de donner leurs avis, de crier haut et fort que la révolution a été idéalisée et ses acteurs mythifiés, que cela a donné naissance à beaucoup de contradictions, alors que les moments de faiblesse de cette révolution sont de l?ordre de l?humain. Un discours que plusieurs générations ont manqué. Parce que telle qu?elle est enseignée dans nos manuels scolaires, notre histoire est loin d?être passionnante. On pourrait même affirmer que l?école a tendance à éloigner tout intérêt des jeunes pour notre révolution. Et c?est pour cela qu?il faut, selon Mohamed El Corso, « enseigner l?histoire de manière objective, avec ce qu?elle a de positif et de négatif, pour se réconcilier avec notre culture et notre histoire ». A force de nous avoir fermé les yeux et de nous avoir servi un discours démagogique, où tout est beau et parfait, on a fini par nous voiler des pans entiers de cette révolution et d?en brouiller totalement les pistes. Dans ce sens, Fouad Soufi attire l?attention sur un danger : « Ce qui nous guette, c?est le transfert de mémoire pernicieux, cette impression que la vérité de notre histoire vient d?ailleurs », notamment d?auteurs outre-Méditerranée et qui « fait de nous des consommateurs » de notre propre histoire. Il est vrai qu?il devient très « tendance » de se référer aux écrits d?anciens militaires de l?armée coloniale ou d?acteurs de son administration. Une chose est sûre à notre époque, les jeunes sont en droit d?avoir accès à l?histoire de la révolution algérienne autrement qu?à travers l?école - puisque celle-ci en donne une version magnifiée - et avec un maximum d?objectivité. S?ils ne réclament pas ce droit, il est du devoir de l?Etat de le leur accorder. Et ce débat est peut-être un début - prometteur - dans cette voie. Une lueur d?espoir pour ceux qui estiment qu?un passé assumé tend vers un avenir éclairé. Et en tout cas, une initiative à encourager.


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