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Des femmes, pieds nus, en quête du mâle protecteur !



Des femmes, pieds nus, en quête du mâle protecteur !
Akdam Hafiya, la nouvelle pièce de la troupe La scène d'or, présente l'homme comme «le rêve suprême» de la femme.Akdam hafiya (Pieds nus) est le curieux titre de la nouvelle pièce de la troupe La scène d'or de Sidi Bel Abbès, présentée vendredi soir à la maison de la Culture Ouled Abderrahmane Kaki de Mostaganem à la faveur de la compétition, catégorie A, du 48e Festival national du théâtre amateur qui se déroule jusqu'au 2 septembre.Mise en scène par Bouadjadj Ghalem Lyès, d'après un texte du dramaturge irakien Kacem Matroud, adaptée par Mohamed Amine Dahou et traitée dramatiquement par Driss Guergoua, la pièce raconte l'histoire d'une jeune fille plutôt branchée, d'une femme au foyer et d'une intellectuelle.Les trois femmes (Amina Bahlouli, Mokhtaria Khenouche, Manel Messaoudi) ont une obsession commune : trouver un homme. L'homme est-il le rêve absolu de la femme ' Son seul univers ' Son unique avenir ' Telle que construite, la pièce semble le suggérer amplement et d'une manière maladroite. Sorti de nulle part, l'homme (Abdelghani Belabassi), qui n'a pas de nom, débarque dans le lieu indéfini dans lequel vivent les femmes et entre comme s'il était dans son salon. Il est ivre pour cacher des blessures.Mais, brusquement, et comme par magie, l'homme, habillé en bleu Shanghai, retrouve sa lucidité, parle avec des mots bien soignés, joue le jeu de la séduction. «Il arrive souvent qu'un homme ivre se ?'réveille lorsqu'il est mis face à une situation intense», a justifié le metteur en scène lors du débat qui a suivi la présentation. «L'homme ivre symbolise la situation actuelle du monde arabe marquée par une certaine errance et par une certaine quête éperdue de solutions», a appuyé Driss Guergoua. Les trois femmes ont eu chacune des histoires dramatiques par le passé autant que l'homme désiré.Au début de la pièce, elles étalent leurs douleurs en s'exprimant en arabe classique. «C'est une manière de suggérer la tragédie», a expliqué Driss Guergoua. Le dialogue se fait ensuite en arabe dialectal, créant une sensation de cassure dans le rythme de la représentation.Chaque femme veut avoir l'inconnu à elle pour tourner la page d'un passé douloureux.D'où des disputes, des échanges vifs, des attaques... Bref, des femelles à la recherche du mâle ! Quelle image pénible ! Le metteur en scène fait appel à la voix de Mohamed Benhabib pour tenter d'accentuer le propos, suggérer les souffrances féminines ou forcer l'émotion. Tel qu'interprété sur scène, le chant a perdu toute fonction dramatique.Le metteur en scène a été incapable d'expliquer l'usage plus qu'abusif du chant, y compris le recours à Remitti et Warda pour illustrer une situation banale. Le texte à forte teneur tragique de Kacem Matroud a été vidé de sa substance dans l'adaptation qualifiée de libre de Mohamed Amine Dahou. Affaibli à outrance, le texte s'est figé autour d'une seule idée : la femme en quête du mâle protecteur.«La pièce évoque la douleur de gens qui ont besoin de souliers pour pouvoir marcher», a expliqué Bouadjadj Ghalem Lyès. L'homme serait-il un soulier pour la femme ' Se cachant derrière le concept vague de «l'image mentale» et de «l'image visuelle», le metteur en scène a voulu expliquer ses choix dans la conception d'une comédie qui porte la tare du surdosage satirique. Le but évident est de faire rire le public coûte que coûte. «Nous faisons du théâtre pour le grand public. Nous ne pouvons pas frapper aux portes des médecins, par exemple, en leur demandant de venir assister à des spectacles», a-t-il dit parlant de «théâtre contemporain» et parfois de «théâtre-laboratoire».L'amour qu'a laissé le train, la pièce de l'Association Itran de Aït Lahcène de Tizi Ouzou, a été présentée durant l'après-midi de vendredi.La pièce, mise en scène par Lyès Mokrab, plonge dans l'univers d'Anton Tchekhov, d'après une adaptation de Jugurtha Saïdoun. Mais, l'univers du dramaturge russe n'est pas restitué, les jeunes comédiens n'ayant pas pu porter les caractères des personnages, desservis par une mauvaise diction, des capacités vocales limitées et une incompréhension du texte, écrit dans un contexte particulier.C'est l'histoire de Micha, un cheminot, qui a perdu son épouse. Comment l'informer ' Son voisinage est en émoi.Une femme, qui a vécu une histoire d'amour avec Micha, se porte volontaire pour le mettre en courant... Le metteur en scène a brisé le quatrième mur et invité le public à participer à la recherche de Micha. Le débat qui a suivi la présentation de la pièce s'est articulé sur «la langue» au théâtre (la pièce a été jouée en tamazight), sur l'adaptation ou pas du texte de Tchekhov au contexte social algérien, sur l'exploitation de l'espace scénique et sur le jeu des comédiens.Dans la matinée de vendredi, l'universitaire Lakhdar Mansouri a animé une conférence-débat sur la mise en scène au théâtre après avoir enregistré une multitude de questions de la part de jeunes comédiens et metteurs en scène amateurs autour de cette thématique.Lakhdar Mansouri vient de publier un ouvrage sur l'expérience de mise en scène de Abdelkader Alloula, publié par l'université d'Oran.


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