Algérie - Pollution

Des défis restent à relever : Changement climatique...nuages à l'horizon




Des défis restent à relever : Changement climatique...nuages à l'horizon
Lorsque des milliers de ministres, scientifiques et militants ont convergé début décembre 2010 vers la station balnéaire de Cancun au Mexique pour un nouveau cycle de négociations sur les changements climatiques, les divergences qui avaient marqué la Conférence de Copenhague en 2009 avaient presque disparu.

L’actualité récente s’était chargée, il est vrai, de mettre tout le monde d’accord. De la canicule et des feux de forêt en Russie à la sécheresse en Australie, en passant par les inondations au Pakistan et les chutes de neige dans le sud des États-Unis, l’ampleur des changements climatiques était, enfin, devenue irréfutable.

S’adressant à la conférence au nom des 48 pays les moins avancés (PMA), dont 33 africains, Monyane Moleleki, ministre des Ressources naturelles du Lesotho, a noté que la lutte contre les changements climatiques est «une question de vie ou de mort» pour les pays pauvres.

Pour nos pays, a-t-il poursuivi, ces changements sont synonymes de montée des niveaux des mers, d’accélération de la dégradation des terres, de réduction de la fertilité des sols, sécheresse et perte de la biodiversité…


Succès surprise

A la fin des débats cependant, les progrès enregistrés suscitaient chez les négociateurs africains et les représentants de la société civile un optimisme prudent. Pour la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique, qui a apporté un soutien décisif aux négociateurs du continent à Cancun, le résultat le plus marquant a été l’accord sur la constitution d’un Fonds pour le climat, longtemps revendiqué par les pays africains notamment.

Il devrait disposer de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020. L’argent proviendrait de prélèvements sur les émissions de carbone et les voyages en avion, ainsi que de sources «prévisibles et fiables» de financement en provenance du Nord industrialisé. Reste à savoir si ce Fonds verra le jour.

A la veille de la conférence, le Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, porte-parole en chef de l’Union africaine (UA) sur les changements climatiques, rappelait aux dirigeants des pays développés que le financement des mesures climatiques n’est pas une aide ni un acte d’assistance, mais «le prix qu’ils doivent payer pour leurs […] émissions, dont nous, en Afrique, subissons les conséquences depuis trop longtemps».


Accord sur la protection des forêts

Les délégués africains ont, par ailleurs, accueilli avec satisfaction un accord de principe sur l’allocation de subventions destinées à encourager les pays à sauvegarder leurs forêts, à travers l’initiative de l’ONU en vue de réduire les émissions liées au déboisement et à la dégradation des forêts, aussi connue sous le sigle REDD.

Les forêts absorbent, en effet, d’importantes quantités de gaz polluant et produisent en retour de l’oxygène. Ce gaz est libéré dans l’atmosphère à mesure que la déforestation progresse, faisant de cette dernière un des principaux moteurs du changement climatique.

Les négociateurs sont même parvenus à sortir d’une impasse, en acceptant d’inclure les émissions de gaz des pays en développement dans les accords à venir sur les réductions d’émissions.

Par le passé, les pays en développement avaient résisté à l’imposition de réductions de leurs émissions, estimant que les pays riches étaient les principaux responsables de la pollution. Seuls les pays industrialisés, ont longtemps expliqué ceux du Sud, doivent réduire leurs émissions, pour permettre à l’Afrique, à l’Asie et à l’Amérique latine de s’industrialiser ; même si désormais la Chine, l’Inde et d’autres pays en développement sont d’importantes sources d’émissions de gaz polluants.

La mise au point d’une solution commune et acceptée par les pays riches et pauvres devra toutefois faire l’objet de futures négociations.


Rendez-vous décisif à Durban

Un accord sur la portée et le calendrier des réductions d’émissions de gaz est resté hors de portée à Cancun. Les pays africains, qui risquent d’être les plus touchés par les changements climatiques, ont demandé les réductions les plus drastiques afin d’en atténuer les conséquences.

De nombreux pays industrialisés s’y sont opposés, rétorquant que des réductions trop importantes et trop rapides coûtent trop cher et compromettent le développement économique de la planète.

D’autres experts estiment que la croissance des pays en développement accompagnée de taux de pollution gérables est conditionnée par la volonté des pays développés de procéder à des réductions d’émissions encore plus importantes que celles envisagées à l’heure actuelle. La question de savoir de combien il faudrait réduire, et à quel prix et qui doit le faire, freine depuis des années la lutte contre les changements climatiques. Le débat sur cette question épineuse et la définition des modalités des accords de Cancun constitueront l’ordre du jour de la prochaine grande réunion de Durban en Afrique du Sud, à la fin de 2011.

Rien ne dit que ces divergences seront aplanies en dépit de leur caractère urgent, d’autant que la plupart des pays du Nord traversent une grave crise économique.

Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU maintient qu’il est possible et nécessaire d’en faire plus. «Je suis profondément préoccupé par le fait que les efforts déployés à ce jour n’ont pas été suffisants, a-t-il déclaré aux délégués. Malgré toutes les preuves fournies et les nombreuses années de négociations, nous ne sommes toujours pas à la hauteur… Il nous faut obtenir des résultats pour pouvoir contenir les émissions… dans le monde, renforcer nos capacités d’adaptation et édifier un avenir plus prospère à long terme… Plus nous tergiversons, plus le prix à payer sera élevé, sur le plan économique, écologique et humain.»



M. F.
In Afrique Renouveau, magazine de l’ONU


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