Algérie - Revue de Presse

Des chirurgiens du CHU de Sidi Bel-Abbès dénoncent



«Discrimination entre les malades» Existe-t-il une certaine forme de discrimination entre les patients dans la prise en charge et la prestation de soins en milieu hospitalier à Sidi Bel-Abbès? C’est la question qui s’est posée tout au long de la conférence de presse animée, dimanche en fin d’après-midi, par les maîtres assistants et chirurgiens du service de chirurgie générale du CHU Hassani Abdelkader. Après des années de silence, révoltés certainement par le «rigorisme outrancier» de leur ancien chef de service, les sept spécialistes sur les neuf en activité ont décidé cette fois-ci de sortir de leur réserve pour dénoncer chez ce responsable ce qu’ils qualifient de «comportements contraires à l’éthique médicale» et de «manquement aux règles de respect et de déontologie» que se doivent d’observer les praticiens entre eux dans l’exercice de leur noble métier, indépendamment de toutes autres considérations de grades ou de fonctions. Pour tout au moins deux points abordés avec la presse (les conditions de prise en charge des malades et le statut des chirurgiens), les révélations faites par les protestataires revêtaient véritablement un relent de scandale. Qu’on en juge. A en croire les propos du docteur B. Habachi, relayé d’ailleurs par l’ensemble de ses confrères présents, «depuis l’année 2001, date de la prise de fonction du professeur Boubekeur, le service de chirurgie générale serait organisé de façon telle à offrir deux types de prestations hospitalières (accueil, hébergement et technique opératoire), «l’une standard et l’autre à la carte, chacune modulée selon le statut du patient ou la caution morale le soutenant à son admission à l’hôpital». En termes plus clairs, le fonctionnement du service de chirurgie générale laisserait croire par extrapolation que le système de santé publique serait tout bonnement divisé en deux, l’un très basique (hébergement en salle collective et opération chirurgicale classique à «ventre ouvert») pour les patients dits ordinaires et l’autre de standing amélioré (chambres VIP et technique chirurgicale moderne) «réservé aux gens de classes ou de castes supérieures». Les faits dénoncés par les chirurgiens sont d’autant plus graves qu’ils sont vécus au quotidien par les malades prévus dans le programme opératoire du service. «Mais la loi du silence imposée des années durant aux praticiens en activité, dont certains préoccupés par la poursuite de leurs études post-universitaires ou la gestion de leur carrière professionnelle, finira par faire sortir de ses gonds l’ensemble du collectif. «Les patients dits VIP, dont les parents n’hésitent pas de manquer de respect aux personnels médical et paramédical, se croyant privilégiés, ne seront plus acceptés comme tels car, nous, nous partons de ce principe humanitaire cardinal selon lequel les malades doivent jouir des mêmes droits devant toute exigence de santé», tiendront à souligner les intervenants avant de faire part de leurs décisions à mettre le holà à ces «pratiques discriminatoires» en ouvrant un registre coté et paraphé avec une programmation contrôlée des opérations chirurgicales. Deuxième point dénoncé également par les chirurgiens, l’accès à la colonne coelioscopique qui, semble-t-il, leur a été «interdite par (leur) ancien chef de service», les contraignant ainsi à recourir indéfiniment à la méthode classique du «ventre ouvert» pour opérer leurs patients. «C’est un outil de travail qui doit être mis à la libre disposition de tous les chirurgiens du service. Il est difficile d’imaginer que certains d’entre nous ne sont pas encore aptes à maîtriser une technique qui a été pourtant vulgarisée à grande échelle à travers la région Ouest du pays», fait-on remarquer. Contacté hier par téléphone pour donner sa version des faits, le professeur Mohamed Boubekeur, qui exerce actuellement à Oran et n’intervient donc par ses conseils avisés que de manière intermittente à Sidi Bel-Abbès, souvent à la demande des responsables du CHU, a tenu à apporter le plus cinglant démenti aux «fausses allégations» portées à son endroit par ses anciens collaborateurs. Il ne manquera pas ainsi de dénoncer de vive voix l’absentéisme notoire de ses principaux détracteurs qui «privilégient, d’après lui, le travail complémentaire dans les cliniques privées au détriment du secteur de la santé publique et, ce faisant, enfreignent les obligations morales les liant d’abord à leurs malades». «Certains de ces confrères, ajoutera-t-il, ont négocié leurs services à coups de millions avec les malades pour les opérer chez le privé alors que ces derniers étaient admis en premier dans une structure hospitalière publique. Sur le double plan de l’honnêteté professionnelle et intellectuelle, j’ai la conscience tranquille d’avoir pu au moins élever le service de chirurgie générale du CHU de Sidi Bel-Abbès au rang de principale école de la chirurgie laparoscopique en Algérie et d’en avoir fait aujourd’hui un passage obligé pour la vulgarisation de cette nouvelle technique opératoire qui recourt aux moyens les plus modernes de la télé-médecine, du télé-enseignement et de la surveillance épidémiologique». S’agissant enfin de l’existence d’une supposée forme de discrimination ayant caractérisé la prise en charge des malades au niveau du service dont il avait la charge avant sa mutation, le professeur Boubekeur déplorera surtout le fait que ses anciens collaborateurs n’avaient de cesse de maintenir le secteur de la santé publique dans une vision misérabiliste et ne pas lui offrir la possibilité de se mettre en phase avec les standards internationaux exigés en la matière pour les structures hospitalières. Sans pour autant nier l’existence des fameuses chambres VIP réservées à des patients triés sur le volet, notre interlocuteur, qui s’est montré très dépité par la polémique qui s’est installée à ce sujet, ne manquera pas de faire observer que l’aménagement d’un tel espace, qui allait être progressivement généralisé à l’ensemble du service, signifiait tout simplement qu’une structure de soins hospitaliers doit toujours aspirer à l’excellence. «Nous avons le mérite, à Sidi Bel-Abbès, d’avoir pu relever ce défi dans le secteur de la santé publique», dira-t-il. Saisie par le groupe de chirurgiens protestataires, à travers des copies de pétition et de correspondances adressées à différents niveaux de la sphère décisionnelle du secteur, l’administration du CHU de Sidi Bel-Abbès s’est résolue finalement à notifier, avant-hier, dimanche 7 janvier 2006, une décision de nomination d’un chef de service par intérim à la tête du service de chirurgie générale, signée le... 1er avril 2006. Huit mois de retard pour rien. Sans cette méprise bureaucratique, la profession médicale aurait pu faire l’économie d’une nouvelle polémique au moment même où le CHU Hassani Abdelkader est en train véritablement d’opérer sa mue.
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