Algérie - Revue de Presse

Derrière l'état d'urgence au Pakistan, un «coup d'Etat»



La première mesure prise par le général-président Pervez Musharraf,aussitôt après avoir décrété l'étatd'urgence au Pakistan, a consisté à démettre de leur fonction les juges de laCour suprême et à procéder à leur remplacement. Ce qui confirme on ne peut plusclairement que le président pakistanais et les militaires qui le soutiennentont eu recours à l'état d'urgence d'abord et avant tout pour empêcher que cetteinstitution ne prononce l'invalidation de sa «réélection» à la magistraturesuprême.Ce n'est donc pas sans raison que l'initiative de Musharrafet de ses alliés est décriée en tant que «coup d'Etat». C'est en tout cas entant que telle qu'elle est dénoncée par l'opposition dans le pays, d'autant queles forces de sécurité ont, dès les premières heures de l'instauration del'état d'urgence, procédé à «l'arrestation préventive» de centaines depersonnes dans ce milieu.A l'étranger, les réactions à la situation créée par ladécision du général-président montrent que l'on n'est pas dupe de son véritablemobile. D'où les déclaration «gênées» invitant Musharraf à respecter lefonctionnement de la démocratie au Pakistan. Demande de pure forme que le chefde l'Etat pakistanais n'entendra aucunement, car convaincu que les principaleschancelleries dans le monde, celles dont le soutien à son pays estindispensable, ne prononceront aucune condamnation ferme et définitive de sonaction.Et il n'a pas tort, car les Américains et les Européens,tout en se lamentant de l'atteinte aux principes de la démocratie qu'il vientde commettre au Pakistan, se satisfont en réalité de la tournure musclée queprend le pouvoir dans ce pays, avec l'espoir que sa participation et sa contributionà la lutte contre le danger terroriste au Pakistan et dans la région endeviendront plus efficaces, et les souhaitent-ils moins ambiguës qu'elles nel'ont été jusqu'à présent.Il reste que si Musharraf et les militaires pakistanaissont assurés de pouvoir compter sur la «compréhension» de Washington etd'autres capitales occidentales, ils vont désormais avoir à faire face, àl'intérieur, simultanément à la mobilisation contre leur «coup d'Etat» del'ensemble de l'opposition politique et à l'insurrection islamiste qui s'estdéclarée dans les régions frontalières de l'Afghanistan. La première s'esttrouvée une raison légale de se mobiliser contre le régime du général-présidentavec la décision prise par la Cour suprême avant que ses juges ne soientdestitués, ordonnant la suspension de l'état d'urgence imposé par Musharraf.Les protagonistes de la seconde verront dans la confiscation du pouvoir quivient de s'opérer la confirmation que le président et les militaires ontradicalement opté pour le camp américain et occidental, à qui ils imputent lescauses les ayant poussés à entrer en insurrection.Les jours à venir diront si le peuple pakistanais accepterasans réagir l'état d'urgence imposé, à la considération que pour aussirestrictive pour ses libertés, elle aurait néanmoins été rendue nécessaire parl'aggravation de la situation sécuritaire, comme le soutient son président enguise de justification à sa décision. Ou si par contre elle fera bloc derrièrel'opposition politique pour se battre contre la situation de fait que viennentde leur imposer l'armée et son chef.Le sort que réservera Musharraf aux juges destitués de laCour suprême, et au premier d'entre eux, le très populaire et respectéChaudhry, aura sa part d'effet sur le comportement d'une partie de cettepopulation, comme l'a démontré le conflit les ayant opposés, avantl'instauration de l'état d'urgence, au général-président.


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