Algérie

Dérèglement climatique Nouvelles menaces en Oranie



Cela ne s'est pas produit depuis... 1926. En 2006, Oran a connu l'année la plus chaude en 80 ans! Le printemps et l'automne ont été très chauds, avec des températures caniculaires. Plus inquiétant: depuis le début des années 70, les températures n'ont pas cessé d'augmenter dans l'Oranie. Les statistiques de l'Office national de la météorologie (ONM) le confirme: le dérèglement climatique affecte sérieusement l'Ouest et toute l'Algérie. «On assiste à une augmentation remarquée des températures, selon le dernier rapport de l'IPCC (groupe d'experts chargés par l'ONU de surveiller les changements climatiques). Les calculs effectués à la station d'Oran par les services de l'ONM montrent une augmentation sur la même période à 1.5° C», explique Houari Mahmoud, climatologue à la direction régionale d'Oran de l'ONM. Cette hausse a été observée partout dans les stations météorologiques de l'ouest du pays: Tlemcen, Mascara, Sidi Bel-Abbès...» A Oran, l'année 2006 a été plus chaude de 1.2° C que la normale calculée sur la période de référence 1961-1990», ajoute M. Houari. Cette augmentation n'était pas répartie équitablement entre les saisons: l'hiver a été plutôt normal, mais le printemps et l'automne ont été caniculaires avec une augmentation de près de 2°C par rapport à la normale. Ce n'est ni un phénomène local, ni régional ou national. L'Algérie est sérieusement affectée par le dérèglement climatique qui ébranle la planète depuis les années 70, conséquence d'une surchauffe provoquée par de fortes émissions du gaz à effet de serre. «Ça touche toute le nord du pays. L'Algérie se réchauffe. C'est inquiétant. Les températures augmentent et les précipitations baissent. Il y a et il y aura des conséquences importantes sur la santé des populations, l'agriculture, les ressources en eau», avertit le climatologue. La hausse continue des températures ouvre une véritable autoroute aux maladies tropicales, comme la fièvre boutonneuse. Le recul de la pluviométrie et l'évaporation provoquée par la hausse des températures menacent sérieusement les ressources en eau souterraines, comme les nappes phréatiques. «Lorsque le climat se dérègle, il fait bouger les extrêmes: des températures caniculaires en hiver, des vents extrêmement violents, des baisses brusques de températures. Il faut s'attendre à tout», avertit encore M. Houari. Et surtout il faut se préparer à affronter les nouvelles menaces sur l'économie et la santé du dérèglement climatique. Mais l'Algérie a pris beaucoup de retard dans le domaine de la prévision et de la prévention des risques naturels. Le ministère de l'Environnement a créé une Agence pour les changements climatiques, mais dans les universités, les projets de recherches sur les conséquences du dérèglement climatique actuel, sont insignifiants. «Il y a aujourd'hui des modèles climatiques qui permettent de faire des prévisions sur 20, 25 ans, voire 100 ans. Ça se fait dans les pays développés et l'Algérie doit s'y mettre. Il y a des questions cruciales auxquelles il faut apporter des réponses adéquates comme l'impact de la hausse des températures sur les ressources en eau, l'arrivée des maladies tropicales, l'agriculture», ajoute M. Houari. Le réseau électrique, les bâtiments et les ouvrages stratégiques sont-ils dimensionnés pour résister à de violentes tempêtes de vent? On a vu les dégâts occasionnés par le vent en 1999 en France. Le réseau électrique de ce pays a été paralysé, des arbres arrachés, des maisons effondrées. «Une telle catastrophe n'est pas impossible chez nous, il n'y a pas que les inondations. Le vent aussi est dangereux», estime M. Houari. Ces derniers jours, notre pays a été balayé par des vents violents de plus de 100 km... Et pourtant, rares sont ceux qui prennent en compte les nouvelles menaces. A Oran, la majorité des promoteurs immobiliers font appel aux services de la Météo pour justifier des retards dues aux intempéries. Mais pas pour dimensionner leurs tours en fonction des nouvelles données climatiques. «Aujourd'hui, il est impératif de revoir toutes les études de l'impact du climat sur l'aménagement du territoire et l'évaluation des ressources naturelles pour les adapter aux données climatologiques actuelles et de les projeter suivant les scénarios des prévisions issues des modèles climatiques», conclut le même climatologue.
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