Algérie

Dépossession de 170 ha d?une ferme-pilote


Les travailleurs en colère Les 51 travailleurs de la ferme-pilote Kadri Brahim sont très inquiets suite à la décision des pouvoirs publics d?amputer les terres sous tutelle de 170 ha, jugés par les exploitants comme une parcelle à haut potentiel céréalier avec une moyenne de production estimée à 32 q. La surface totale de ces terres représente 1534 ha dont à peine 730 ha seraient cultivables, selon les représentants des travailleurs qui craignent par ailleurs que le béton n?envahisse l?essentiel des terres agricoles. Une parenthèse, pour préciser à titre d?information, que cette ferme domiciliée au lieudit les Quatre-Chemins, à une dizaine de kilomètres de la ville de Constantine, fonctionne en qualité d?entreprise publique à caractère industriel et commercial (EPIC). Elle est versée dans la production végétale avec une activité dominante dans la céréaliculture mais aussi dans la production animale. Dans ce dernier créneau, ses performances et notamment ses capacités de production avicole sont jugées importantes. Elle fait partie d?un réseau de 7 fermes-pilotes en charge de l?exploitation d?une surface utile de 9000 ha dont 40 sont à peine irrigués. Cela dit, l?appropriation par les pouvoirs publics de cette parcelle de 170 ha vise à servir de terrain d?assiette pour l?implantation du futur pôle universitaire de Constantine. Décision qui prive la ferme d?une portion importante des terres de la ferme et donc d?un moyen de subsistance parmi les plus rentables. En outre, déclarent les intéressés, aucune information officielle n?a filtré sur cette expropriation assimilée à un coup de force sans considération aucune pour le personnel. « Alors que les travaux de labours battaient leur plein, des topographes se sont présentés la semaine dernière sur la parcelle et c?est à ce moment-là que nous avons appris ce qui se tramait ». La nouvelle se propage alors comme une traînée de poudre, engendrant amertume, incompréhension et colère. « Déjà avant cette mesure, affirment haut et fort les représentants des travailleurs, on éprouvait toutes les peines du monde à faire face au règlement des salaires et aux charges liées à la production. A ce jour, la part patronale de la CNAS n?est pas payée. Elle représente près d?un milliard de DA. Notre gagne-pain est menacé et il est du devoir des pouvoirs publics de trouver les solutions à notre problème ». Pour l?heure, les 51 travailleurs de la ferme affichent leur détermination à défendre bec et ongles leur « boulot ». Et pour ce faire, ces derniers revendiquent la rétrocession des terres de la ferme à leur profit ou, à défaut, leur rattachement à la coopérative des céréales et légumes secs (CCLS) ou à l?Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC). Ils appellent également les pouvoirs publics à envisager des mesures d?indemnisation susceptibles de déboucher sur une sortie de crise. Invité à se prononcer sur ce dernier point parmi les plus litigieux dans cette affaire, le directeur des services agricoles lève le voile en affirmant que cette mesure n?est pas envisageable du fait que ces terres font partie exclusive des domaines de l?Etat qui ne peut de ce fait s?auto-indemniser. « Elles sont régies, dira-t-il, par le décret exécutif n° 88-52 du 18 mai 1989 portant réaménagement du statut des fermes-pilotes, et dans ce cadre règlementaire il est bien précisé que les travailleurs ne peuvent en aucun cas postuler à une quelconque mesure d?indemnisation en dehors des actions de soutien et des mesures d?accompagnement inscrites dans le cadre du Fonds national rural de développement agricole (FNRDA) ». Sur les autres points de friction soulevés par le collectif des travailleurs de la ferme-pilote Kadri Brahim, notre interlocuteur estime qu?en l?état actuel du dossier, apporter un éclairage en faveur de l?une ou l?autre des propositions du collectif serait hasardeux.

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