Démissions en cascade au Cnapeste de Béjaïa

L'hémorragie se poursuit au Cnapeste (Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation) de la wilaya de Béjaïa. Depuis la dernière rencontre des représentants des syndicats de l'éducation avec le nouveau ministre de l'Education nationale, Mohamed Ouadjaout, le bureau de wilaya du plus important syndicat des enseignants à Béjaïa ne cesse d'enregistrer des défections au sein de ses adhérents. Dans une déclaration rendue publique la semaine écoulée, pas moins d'une centaine d'enseignants de la daïra d'Akbou, dont des membres du conseil de wilaya de Béjaïa, ont annoncé officiellement leur démission collective du Cnapeste, évoquant de multiples raisons.Au niveau local, les démissionnaires dénoncent le fonctionnement "archaïque" du bureau de wilaya qui a, selon eux, instauré "un système d'autoritarisme, sectaire et dominateur, aux pratiques et reflexes primaires issus de la pensée unique". Pointant du doigt "l'ostracisme et l'exclusion" dont feraient l'objet les membres qui "osent contrarier l'inamovible équipe dirigeante", les signataires de la déclaration déplorent, en outre, "l'absence de réflexion, de formation et de stratégie", ainsi que "l'étouffement de toute initiative avant-gardiste".
Au plan national, ils accusent leur bureau national d'avoir "freiné, voire contenu l'aspiration de la base, celle de jouer les premiers rôles dans l'édification d'une nouvelle ère politique pour l'Algérie qui tranche avec le système unique". "Le Cnapeste national n'a fait que reproduire les mêmes gestes et faits du système qu'il prétend combattre à la Centrale de Sidi-Saïd", ont-ils noté, en soutenant que "la base n'a donné aucun mandat pour le bureau national avant d'aller rencontrer le ministre de l'Education nationale."
Par ailleurs, ils rappellent que depuis le début du hirak, le Cnapeste est resté en marge des événements majeurs ayant marqué la révolution pacifique en marche, arguant que "l'appel incessant de la base syndicale, pour la contribution du Cnapeste à l'organisation et à la structuration du mouvement populaire aux côtés des autres acteurs de la société civile, a buté malheureusement sur le mutisme du bureau national"
Enfin, les syndicalistes démissionnaires s'engagent à demeurer "unis et solidaires afin de se donner un cadre de lutte revendicatif, démocratique et autonome, à la mesure des attentes des salariés et des citoyens". Joint au téléphone, le chargé de la communication auprès du Cnapeste de Béjaïa, Slimane Zenati, qui était hier à Boumerdès pour assister aux travaux du conseil national extraordinaire de son syndicat, nous a affirmé que ces démissions collectives, enregistrées dans la seule région d'Akbou, "n'ont aucune incidence majeure sur le bon fonctionnement de notre conseil de wilaya". Minimisant l'ampleur de ces défections en cascade, notre interlocuteur soutient que le nombre d'adhérents démissionnaires ne saurait dépasser les 80, alors que le fichier organique du bureau de wilaya de Béjaïa fait état de plus de 7 400 membres.

KAMAL OUHNIA