Algérie - Revue de Presse

Le président Bouteflika s?est longuement exprimé sur l?état de la liberté de la presse en Algérie dans un entretien accordé à la Gazette de la presse francophone dans son édition de janvier-février 2005. Les réponses du chef de l?Etat se voulaient foncièrement pédagogiques, se lançant dans un cours magistral de ce que devrait être à ses yeux la mission du journaliste algérien et des limites qui s?imposeraient à l?exercice de la profession. Le président Bouteflika n?a pas hésité à qualifier le cadre juridique dans lequel évolue le secteur de l?information d?ultralibéral. L?opposition, la critique du programme du pouvoir en place est plus que souhaitable, c?est même une nécessité vitale pour amener les dirigeants à se remettre en question, pour peu que cela se fasse dans le respect des lois, a estimé le chef de l?Etat. C?est justement l?interprétation de la loi qui est la source du divorce consommé entre certains titres de la presse indépendante et le Pouvoir. La qualification des délits de presse en s?appuyant dans certains cas d?accusations graves d?atteinte à la sécurité et à l?unité nationales, dont usent et abusent les parties civiles pour accabler la presse, a toujours été un sujet de discorde entre les organes de la presse et les parties plaignantes qui sont souvent actionnées pour des desseins qui n?ont, dans bien des cas, rien à voir avec les faits incriminés. C?est ce débat qu?il conviendrait d?ouvrir sans a priori et avec lucidité pour redéfinir les notions de la diffamation, de corps constitués, de constantes nationales, de vie privée, de secret défense. Autant de concepts face auxquels les journalistes se retrouvent impuissants devant le pouvoir suprême des juges à qualifier non seulement les faits, mais bien plus, des intentions prêtées aux journalistes sans possibilité pour ces derniers de remettre en cause l?ordre judiciaire ainsi établi. De nombreux observateurs ont perçu les propos du chef de l?Etat sur la presse comme le signe d?une volonté de dégel des relations conflictuelles existantes entre le Pouvoir et une partie de la presse. Cet optimisme est malheureusement démenti par les dures réalités que continue de vivre la presse indépendante et plus particulièrement certains titres dont les lendemains sont toujours aussi incertains. Entre la mort subite des suspensions ou de la disparition et la mort lente mais tout aussi certaine à travers le subterfuge des amendes à plusieurs chiffres, le sort de la presse apparaît plus précaire que jamais. Les propos du chef de l?Etat sont-ils alors destinés à la consommation extérieure ? La presse indépendante est-elle devenue un enjeu et un terrain de lutte entre les différents clans du Pouvoir ?

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