Algérie - Revue de Presse

Décès de paul-marie de la gorce


L?Algérie perd un ami fidèle Le journaliste et essayiste Paul-Marie de La Gorce est mort mercredi à l?hôpital américain de Neuilly à l?âge de 76 ans, selon sa famille. Spécialiste des questions diplomatiques, Paul-Marie de La Gorce était un véritable ami de l?Algérie, fidèle jusqu?à la fin. C?était un des journalistes français qui connaissaient le mieux l?Algérie. Paul-Marie de La Gorce avait couvert la guerre d?Algérie en tant que journaliste. « A cette époque, je ne voulais pas écrire dans un journal autre qu?hostile à la guerre d?Algérie parce que je savais que les journaux favorables à la guerre, même partiellement, feraient obstacle à ce que l?on devait et que l?on pouvait dire. » Je ne me faisais pas naturellement d?illusions sur les difficultés que je rencontrerai et j?en ai rencontrées. A plusieurs reprises, mes articles ont provoqué la saisie des journaux dans lesquels ils ont été publiés et j?ai moi-même été inculpé. Il y avait eu des difficultés, surtout pendant la période antérieure au retour du général de Gaulle, parce qu?elle correspondait à une période où les autorités militaires disposaient d?un pouvoir pratiquement sans partage sur le théâtre algérien et, naturellement, entendaient exercer ce pouvoir de manière à éliminer autant que possible les critiques, les mises en doute, voire des épisodes et des pratiques qu?il fallait dénoncer », nous déclarait-il dans une interview en juillet 2002 au moment du 40e anniversaire des Accords d?Evian. Plusieurs de ses articles avaient été saisis. L?une des saisies concernait un article publié dans L?Express portant sur les jeunes Français réfractaires à la guerre. Ces appelés s?étaient engagés en faveur du FLN. L?article révélait leur existence. Simultanément, le quotidien Paris Presse avait publié une interview de Francis Jeanson, le journal a été saisi. Les Accords d?Evian ? « C?était la fin d?une époque, d?une très longue période de l?histoire, la fin de la colonisation. L?Algérie était, en définitive, la dernière partie de l?empire colonial français à accéder à l?indépendance. Le général de Gaulle a fait en sorte que 15 pays africains aient leur indépendance sans tirer un coup de pistolet. Mais l?Algérie représentait la phase ultime de ce processus. La phase la plus dure. Bien entendu, tous ceux qui, du côté français, ont été partisans de l?indépendance de l?Algérie souhaitaient que ce soit accompagné par des accords et des liens aussi étroits que possible pour assurer la survie de la communauté européenne. Certains d?entre nous étaient pessimistes, d?autres croyaient que la communauté européenne était si attachée à l?Algérie qu?elle s?adapterait tant ils étaient convaincus que c?était une communauté algérienne. Il est clair que la communauté européenne n?appartenait pas à la même nation. Quoi qu?il en soit, c?était un événement formidable parce que c?était la fin d?une histoire très longue. »... « Des deux côtés, on s?efforçait d?aboutir à la mise au point de rapports intelligents entre la France et l?Algérie. Le meilleur livre à cet égard est celui qu?a publié Réda Malek qui a été acteur de cette négociation, mais qui a aussi bénéficié de l?ensemble des archives algériennes. J?ai ajouté dans le livre que j?ai consacré au général de Gaulle, il y a deux ans, toutes les informations de source algérienne, mais aussi tout ce que j?avais vécu, les témoignages que j?avais obtenus et des sources françaises qui sont maintenant en très grande partie accessibles. »... « L?ensemble de ces dispositions (contenues dans les Accords, ndlr), tout à coup, s?écroule du fait des adversaires de l?indépendance de l?Algérie, en particulier de l?OAS et de sa volonté de détruire toute possibilité, du fait du comportement de la communauté européenne et par conséquent a choisi de s?en aller dans des conditions de précipitation dramatique. C?était un échec, car le jour de l?indépendance, l?Algérie n?avait pas de gouvernement. L?autorité politique et militaire algérienne qui avait conduit la guerre d?Algérie s?était évanouie. » Depuis, Paul-Marie de La Gorce avait gardé des liens profonds avec l?Algérie. Voilà ce qu?il nous disait dans l?interview citée précédemment : « Quand on a été impliqué comme je l?ai été par ces événements (la guerre de Libération nationale, ndlr), on se fait des amis. Je ne peux pas oublier ni abandonner ces amis et c?est particulièrement vrai depuis les nouvelles épreuves que connaît l?Algérie depuis dix ans. A partir de cette date, je suis reparti souvent en Algérie sans jamais laisser passer trois ou quatre mois sans y retourner. J?étais pratiquement le seul, et j?en ai conçu une estime et une admiration nouvelles pour le peuple algérien pour le courage de sa résistance à l?islamisme. J?ai énormément lutté en France pour qu?on comprenne ce qui se passait là-bas. Cela a été très difficile. J?ai mesuré la puissance d?une tendance anti-algérienne dans la classe politique française. »


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