Algérie

Déceptions humaines



Quand « Tambo » mourant sera achevé par la carabine d'un homme impitoyable qui se sauve en criant : « Salaud ! », on se demandera à qui va l'injure. à l'impuissante victime ' à l'exécuteur dégoûté de lui-même ' Au problème de la vie et du bonheur, que Roger Dorsinville(1) désespère de résoudre ' Au début de sa jeunesse, « Tambo »(2) a rêvé d'accomplir les trois verbes par où l'humanité satisferait son ambition de « devenir ». Il a « voulu », il a essayé de « réaliser » et c'est quand il a été submergé par la guerre qu'il a renoncé à « vivre ». Ce qu'il portait de meilleur en lui, c'est la confiance de la jeunesse dans les forces de sa nature, cette confiance aveugle qui fait des radieuses amours de « Tambo » et de Kolla, dans le désordre d'une « guerre civile », comme une tragique nuit de noces aux portes d'un destin mortel. C'est le dernier, le plus beau peut-être, des départs pour la vie que Roger Dorsinville ait évoqués ' avec pour donner l'éclairage de la vie réaliste à cette magnifique aventure, le reflet tout proche de l'autre couple, celui de Coulibono et de sa maîtresse, tout chargé de ce que la vie d'un couple humain comporte de lassitude et de vanité. La courbe de « Tambo » accuse le dessin désabusé qui est celui de la courbe suivie par les espérances de Coulibono et leurs déceptions. Le romancier a voulu que son héros meure en tombant du ciel, pour avoir essayé de jeter à l'humanité le message de ce qu'il croît être son bonheur. Mais ce sacrifice, tel que Roger Dorsonville en évoque l'issue, semble s'achever dans une sorte d'éc'urement infini dont toute l'humanité serait l'objet. Au début, « Tambo » voulait bien, pour que la mission confiée à la nature humaine ne fasse pas faillite dès le départ, que les tares mêmes de cette nature soient génératrices de progrès. Et cela d'après sa conviction est dans la logique de la conscience humaine. Même les erreurs permettent à l'être humain d'avancer. « Tambo » appelait ça « la vérité précieuse ». il était confiant dans les possibilités morales de la nature humaine, quel que soit l'état où cette nature vit. Malheureusement, la « conscience humaine » trahit et Tambo et les êtres qui l'entourent. La société décrite par Roger Dorsinville ne peut donc faire un seul pas sur ce chemin qui la conduirait à tirer d'elle-même, et d'elle seule, une conscience morale. Héros naïf, humain, trop humain, ce « Tambo » de Roger Dorsinville ' En tout cas, il a passé sa vie à « espérer, à multiplier les efforts pour que ces êtres si chers et si « impossibles à convaincre » soient ... humains ». (p. 152)1) Roger Dorsinville est né à Dakar en 1939. Il a publié des essais, des nouvelles et 3 romans.2) Tambo, roman, Dakar , 163 pages.



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