Algérie - Revue de Presse

Décédée en octobre 2019 Djamila, une voix qui porte



Publié le 17.10.2023 dans le Quotidien l’Expression
Par Aomar MOHELLEBI

Plus qu'une chanteuse, Djamila a été une femme de culture pluridisciplinaire. Elle a joué dans de nombreux films. Son talent de comédienne n'a rien à envier à celui des meilleures actrices de notre pays. Djamila a été en outre l'une des très rares chanteuses algériennes à avoir composé les chansons qu'elle a interprétée. C'est presqu'une exception dans la chanson algérienne d'expression kabyle. En effet, toutes les sommités vocales féminines d'expression kabyle ont été accompagnées dans la composition et l'écriture de leurs chansons par des maîtres tels Chérif Kheddam, Medjahed Hamid, Kamel Hamadi, etc. Djamila, par contre, s'est frayé son chemin toute seule grâce à ses compétences artistiques multiples. Djamila qui nous a quittés le 29 octobre à Alger où elle a vécu et travaillé, s'est illustrée en interprétant des titres qui ont marqué les esprits pendant des décennies à l'instar de la chanson culte «Tamurt n Ledzayer». D'autres titres aussi élaborés et véhiculant des textes poétiques d'une beauté certaine, ont été chantés par l'immortelle Djamila dont le nom scintillera pour toujours aux côtés d'étoiles comme: Nouara, Hanifa, Chérifa, Yasmina, Malika Domrane, Massa Bouchafa, Zohra, etc. Djamila dont le véritable nom est Djouhre Bachane, en plus de la chanson et du cinéma, a également marqué son temps en tant qu'animatrice à la radio algérienne à une époque où cette dernière était une école et un véritable carrefour de toutes les énergies artistiques et culturelles des quatre coins du pays. Djamila est originaire du village Ait Bouhini à Yakouren près d'Azazga où elle naquit en 1930. Tout comme toutes les chanteuses kabyles de l'époque, Djamila a eu une vie, et plus particulièrement une enfance très difficile, marquée par le décès du père et par une pauvreté qui touchait la majorité écrasante des familles algériennes et plus particulièrement celles vivant dans les villages et les montagnes. Au début des années 50, ses talents artistiques et d'oratrice lui permirent d'accéder facilement à la radio chaîne II qui diffuse en langue amazighe, qui était sa langue maternelle et de travail. Une célébrissime émission artistique, dédiée à la chanson féminine et intitulée «Ourar n lkhalath» permettra à Djamila de se faire connaître de fort belle manière tout en côtoyant des sommités comme Nouara, Chérifa et Hanifa, entre autres. Le fait qu'elle ait été elle-même l'auteure de ses chansons a conféré à ces dernières: authenticité, sincérité et charme. Aussi bien au cinéma qu'au petit écran (télévision algérienne), Djamila a campé admirablement les rôles dont elle a eu la charge. On l'a vu dans le premier long métrage en langue amazighe, La colline oubliée d'Abderrahmane Bouguermouh, tiré du roman éponyme de Mouloud Mammeri mais aussi, dans Le vent des Aurès de Mohamed Lakhdar Hamina ainsi que dans des sketchs, des feuilletons et des téléfilms. Sa disparition physique a laissé un grand vide sur la scène artistique algérienne en général et kabyle en particulier.

Aomar MOHELLEBI

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