Tizi-Ouzou - Ouaguenoun

Décédé en février 2010 Rahim, sa vie en chansons


Décédé en février 2010 Rahim, sa vie en chansons
Publié le 06.02.2024 dans le Quotidien l’Expression
Il fait partie de la catégorie d’artistes nous ayant quittés prématurément, alors que son talent était à son apogée.

Il n'avait que 46 ans quand il est décédé le 13 février 2010, veille de la fête de la Saint- Valentin, lui qui tant chanté l'amour comme aucun autre ne l'avait fait! Rahim Mohamed vit le jour en décembre 1963 au village Imkechrène, dans les Ath Ouaguenoun. Un village planté dans une nature à la fois féérique et sauvage pouvant inspirer tout artiste innée. Tout comme tous les enfants de l'indépendance, Rahim fut inscrit à l'école primaire avant de poursuivre ses études au collège de Tizi Ouzou. C'est sur les bancs de l'école que Rahim donna libre cours à son talent artistique naissant. Ses camarades de classes, notamment au collège du chef-lieu de wilaya, se délectaient déjà de sa voix suave d'une sensualité unique. Même ses enseignants trouvaient toujours le temps d'écouter et d'apprécier les mélodies du jeune Mohamed. Mais ils étaient loin d'imaginer qu'il allait devenir aussi célèbre qu'il le fut, quelques années plus tard car il était très difficile de s'imposer sur la scène artistique kabyle qui comptait à l'époque une infinité de géants, difficiles à concurrencer. Pourtant! En 1974, alors âgé d'à peine 11 ans, il prit possession de sa première guitare...en plastique. Ce qui lui permit de passer de longs moments à triturer cet «instrument». Au mythique lycée «Amirouche» de Tizi Ouzou où il passa trois années, son talent n'a fait qu'éclore davantage. C'est d'ailleurs dans cet établissement du secondaire qu'il composa sa toute première chanson intitulé: «Taâkemt» ou le fardeau. Rahim continua à écrire et à composer des chansons jusqu'à l'année 1982. En dépit de la concurrence féroce qui existait dans le monde la chanson kabyle à l'époque, Rahim prit la décision de tenter sa chance en enregistrant sa première cassette. Très rigoureux dans le travail, Rahim fut insatisfait du résultat et décida de ne pas l'éditer. Il continua d'exercer sa passion en solo ou entre amis. Son parcours connut un virage décisif après sa rencontre avec le grand chanteur Fahem Moh Said, qui avait déjà pignon sur rue. Nous sommes à Paris en 1984. Sans hésiter, Fahem décida d'épauler et d'accompagner le jeune chanteur en herbe après avoir décelé en lui un talent certain. En quelques semaines et grâce à l'aide de Fahem, Rahim édite son premier album. Le succès est immédiat. Rahim sortit alors de l'anonymat de manière éclatante. Constamment à cheval sur l'aspect qualitatif, Rahim prend tout son temps pour peaufiner de nouvelles chansons. Il lui arrive de passer quatre à six ans pour rebondir avec un nouvel album. Mais quand ce dernier se trouve sur les étals des disquaires, les mélomanes l'adoptent immédiatement. En plus des cassettes audio, Rahim produisit également une cassette vidéo. Le plus grand succès de Rahim a été enregistré en 1995 quand il réalise un magnifique duo avec l'une des meilleures chanteuses kabyles, Yasmina. L'album intitulé «Iya ad aminigh», comprenait principalement des chansons d'amour réaliste voire autobiographique, portées par des mélodies et des voix (celles Rahim et Yasmina) mélancoliques et exquises. C'est l'album de Rahim qui a le plus marché. Par la suite, on apprendra que cet album a été inspiré de la propre vie de l'artiste, plus particulièrement sa vie sentimentale et privée. Dans cet album, Rahim décrit l'amour impossible sous ses diverses facettes mais parle aussi de la misère sociale, qui peut être la source de séparations amoureuses. Rahim réussit à dépeindre dans les mêmes chansons les déceptions amoureuses et les difficultés sociales des jeunes. Parmi les plus belles chansons composées et interprétées par le regretté Rahim, et qu'on peut écouter inlassablement, on peut citer: «Zigh teskidivedh» (Finalement, tu mens), «A yul iw susem» (Mon coeur, tais-toi), «Asen mi refdhegh leqlam» (Le jour où j'ai pris ma plume), «Chegâgh lvavur» (J'ai envoyé le bateau)... Quatorze ans après son décès, Rahim reste l'un des chanteurs kabyles les plus écoutés et les plus estimés. Malgré le fait qu'il ne passe que très rarement dans les médias audio et audiovisuels.
Aomar MOHELLEBI



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