Algérie - A la une


Débat et bavardage
La conférence débat organisée, hier, par le FCE en présence du Premier ministre, Ahmed Ouyahia et huit membres de son cabinet, est assurément une première. Indépendamment de la teneur des échanges et les ancrages politiques des uns et des autres dont les courbes se croisent à bien des égards, il faut souligner la nouveauté du format.
Qu'un chef du gouvernement vienne discuter à bâtons rompus avec des chefs d'entreprise est en soi un aspect positif. Un signe de décongélation des mentalités. C'est comme cela qu'on pourrait sortir des cercles fermés, des conclaves et autres cénacles où le peuple n'est pas invité.
Ces échanges directs entre des entrepreneurs qui expriment des préoccupations et des ministres qui répondent ou promettent de répondre, est une petite révolution dans les usages de nos politiques.
Certains diront que le gouvernement, l'Ugta et le patronat jouent un peu à domicile, du fait qu'ils soient à peu près d'accord sur tout. Le Premier ministre a d'ailleurs planté le décor d'entrée : « Nous sommes politiquement dans le même camp, le camp de l'Algérie, le camp qui respecte les institutions de l'Etat, à leur tête le Président Abdelaziz Bouteflika».
A la base, tout est politique il est vrai. Ce beau monde a la particularité de soutenir publiquement le programme du président de la République. C'est leur choix et il faut le respecter. Leurs contempteurs sont tout à fait libres de leur apporter la contradiction en proposant des alternatives aux défis économiques et sociaux qui attendent l'Algérie.
On peut bien imaginer un format de débats qui mettrait face à face les partisans et les opposants. Sur toutes les questions d'intérêt national sans tabou ni à priori. «Le camp de l'Algérie» est certainement beaucoup plus large pour contenir tous les enfants de ce beau pays qui veulent apporter leur pierre à l'édifice. Beaucoup sans doute ont apprécié le grand oral auquel ont été soumis Ouyahia et ses ministres. On peut certes ne pas être convaincu par les réponses des uns et des autres, voire déceler une gêne de certains ministres y compris leur chef à justifier certaines mesures.
Ce n'était qu'une première et cela se comprend qu'il y ait quelques hésitations dans ce genre de moment de vérité. Mais on doit reconnaître que l'orchestration de ces échanges a été un succès qu'il va falloir dupliquer autant que possible.
Imaginons un format de débat pareil sur des questions politiques ' Genre, Mohcine Belabas qui interpelle Ouyahia sur la réforme du fichier électoral, de Louiza Hanoune qui s'inquiète du «virage ultra libéral» du gouvernement, ou encore Djaballah qui réclamera, en live, le retour à «l'école authentique»? '
Ce devrait être un grand moment pour les médias et l'opinion qui se feront une idée plus conforme à la réalité des atouts des uns et les faiblesses des autres. La confrontation d'idées est un signe de vitalité d'une société.
Ne refuse le débat que celui qui est en panne d'argument ou pire encore, qui a des choses à cacher. Les citoyens-électeurs, ont tant besoin de ce genre d'agora pour s'imprégner des choses et comprendre les enjeux dans leur pays.
C'est dire que la conférence d'hier, vaut surtout pour sa dimension pédagogique dans un pays où le dialogue épouse les contours d'un monologue et les rapports humains sont plutôt glacials. Nous avons un grave déficit d'échange et de débats. Nous bavardons nous ne débattons pas. Et quand on est contraints de s' y coller, on le fait très souvent avec une dose de violence. Mais tout s'apprend. Faut juste commencer. Sans se poser la question qui est derrière '
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