De nouvelles frontières

Le référendum pour l'indépendance de l'Ecosse risque d'ouvrir bien des boîtes de Pandore. Les mouvements indépendantistes, à travers le monde, en attendent avec impatience les résultats. Québécois, Catalans, Serbes et Touareg sont en attente de cette indépendance voulue par les Ecossais pour pouvoir affirmer avec force la légitimité de leurs combats respectifs. Cette situation n'est pas pour autant inédite. Le Kosovo et la Crimée ont déjà montré la voie à tous ceux qui souhaitent un changement de frontières et une affirmation identitaire.Cette situation, bien que considérée comme légitime par une communauté internationale déboussolée, est porteuse de tensions, d'instabilité et de division. Ce retour aux identités locales est sûrement du au déni imposé par des régimes pas très regardants sur la décentralisation depuis des lustres.Le besoin d'expression et de gestion des affaires locales par les populations n'est pas une vue de l'esprit. Une trop forte centralisation dans la gestion des affaires publiques suscite des frustrations. Ces dernières poussent à des «révoltes» pas toujours bien claires qui finissent par des replis identitaires incontrôlables.Les mouvements identitaires qui secouent la planète, qu'ils soient d'ordre religieux ou nationalistes, démontrent que les systèmes de gestion des populations par les Etats ont besoin d'un réajustement complet. La démocratie participative et la prise de décisions par et pour les citoyens et au plus près de leurs intérêts devient une nécessité. La volonté des uns et des autres de voir les richesses produites profiter d'abord aux populations qui les produisent, n'est légitime que dans les cas où la répartition des richesses est mal faite. Le rejet des autres a même atteint un pays aussi tolérant que la Suède. La crise économique mondiale pousse les populations à des replis identitaires dangereux pour la paix dans le monde.Les rapports de force sont en train de changer. Les rapports entre humains également. Le matérialisme n'est pas en mesure de régler les problèmes identitaires. Il faudrait que les philosophes et les élites du monde se penchent sérieusement sur la question et apportent des réponses à des questions que personne ne veut se poser.Demain les Ecossais donneront le La à tous les mouvements de repli identitaire. Ils donneront un exemple qui poussera bien des communautés à refuser les autres. Que cela soit un oui ou un non, le monde ne sera plus le même. Les velléités des mouvements indépendantistes connus comme des groupuscules inconnus verront le jour sous le regard désabusé d'une communauté internationale ébaubie.Vendredi au petit matin, un autre monde commencera à naître. Un monde porteur de plusieurs inconnues quant à son évolution. Une évolution que les décideurs ne sont pas prêts d'accepter mais dont ils devront s'accommoder au grand dam des humanistes des siècles précédents. A. E.