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De nouvelles configurations géostratégiques entre Washington et Pékin



De nouvelles configurations géostratégiques entre Washington et Pékin
L'accélération des mouvements de globalisation a forcé tous les pays de la planète à s'immerger dans un monde radicalement nouveau, où les barrières cèdent, où l'obsolescence des connaissances et des savoir-faire est de plus en plus rapide.Nous avons auparavant vécu dans un monde relativement simple : d'un côté les Etats-Unis, puissance dominante, et quelques pays riches ; de l'autre les pays pauvres ou en développement, mais qui restaient peu développés.Il est évident qu'aujourd'hui la configuration de notre planète est autrement plus complexe. Il y a des pays riches, au premier rang desquels les Etats-Unis, des pays pauvres, qui sont laissés-pour-compte de la globalisation, mais aussi et surtout, il y a des pays émergents, comme la Chine, dont la production, selon des experts, dépassera dès 2016 celle de l'usine américaine. C'est manifestement l'évolution d'un monde qui cherche à trouver un nouvel équilibre. Bien sûr, la croissance rapide de l'économie chinoise est une aubaine pour les centaines de millions de Chinois qui vivent dans la misère, mais aussi pour le reste du monde en ce que cet hyperdéveloppement, par le biais de l'effet d'entraînement, tire l'économie mondiale vers le haut. Un bémol est tout de même venu perturber cette belle mécanique : l'Occident souligne que la montée en puissance de l' " atelier du monde " pousse celui-ci, rapport de force oblige, vers le non-respect des règles du jeu de l'économie mondiale. En effet la Chine vend ses produits à ses principaux partenaires sans pratiquement rien acheter en contre partie. Qui plus est, un nombre considérable de ces produits que l'on trouvre sur le marché mondial sont des contrefaçons. Dernier exemple significatif en date : un syndicat de contre façon de logiciel, installé dans la province de Guangdong, dans le sud de la Chine, vient d'être démantelé et poursuivi pour avoir fabriqué et distribué pour plus de 2 milliards de dollars de logiciels Microsoft. Et ce n'est que la partie immergée de l'iceberg. La Chine, une plaque tournante de l'économie mondiale Autant dire qu'il n'est décidément pas facile dans ce monde en pleine mutation, de tiré son épingle du jeu ; car le poids que prend la Chine inquiète. Il ne passe plus un jour sans que les Etats-Unis ou l'Union européenne dénoncent Pékin et lui demandent de respecter les règles de jeu de l'économie mondiale. Que eux-mêmes ne respectent pas d'une façon plus orthodoxe que la Chine.Pour autat, les Etats-Unis n'ignorent pas la Chine et ont compris qu'ils doivent s'engager, bon gré mal gré, dans une politique de concertation et de coopération vis-à-vis du " pays du milieu ". Autrement dit, une forte relation d'interdépendance entre les Etats-Unis et la Chine est indispensable, les deux Etats devant être indissolublement liés si chacun d'eux entend jouer un rôle majeur dans l'échiquier stratégique international. C'est tout le sens de notre propos. Nous proposons de mettre en relief cette singulière relation d'interdépendance, ce besoin permanant de coopération, bref, ce véritable mariage de raison entre les deux principaux moteurs de l'économie mondiale.Les Etats-Unis ont compris qu'au niveau des grand équilibres macroéconomique planétaire, la Chine est devenu incontournable et ignorer cette réalité relèverai simplement d'une fuite en avant, de la politique de l'autruche. L'un des principaux sécateurs ou ce nouveaux paradigmes se manifeste est précisément celui de la technologie, dans lequel les Etats-Unis ont une avance considérable sur le reste du monde. Il se trouve que la chine veut aussi développer ses propres technologies, en particulier les technologies de pointe, comme l'a fait le Japon avant elle. Avec un PIB déjà considérable et en augmentation rapide, et grâce a sa taille et à sa volonté de puissance, la Chine est pressentie comme une superpuissance pour les décennies futures. Ainsi, les Etats-Unis s'interrogent-ils sur leur positionnement a l'égard de la dynamique technologique chinoise. Quelle doit être précisément leur politique commerciale ' Quel rôle peuvent-ils jouer dans cette nouvelle dynamique ' Transfert de technologie Le domaine de la haute technologie, nous le savons, est extrêmement sensible. En effet, la Chine mène une politique agressive d'acquisition des technologies étrangères par tous les moyens. De plus, son dynamisme économique fait d'elle un redoutable concurrent des Américains dans ce secteur en plein expansion. Il va sans dire que coopérer avec la Chine en matière de technologie de pointe est une arme à double tranchant ; c'est en effet, d'une certaine façon, prendre le risque de former des compétiteurs potentiels , d'armer de futurs concurrents dans un domaine où la course aux parts de marché est féroce. La compétition est donc extrêmement serrée. C'est aussi, dans le cas de transfert des technologies duales tant convoitées par la Chine, c'est-à-dire les technologies pouvant indifféremment servir à des applications civiles ou militaires, prendre le risque de bouleverser les équilibres stratégiques et géopolitique internationaux. En revanche, ne pas coopérer, ne pas former une sorte de partenariat stratégique avec la Chine, passez-moi l'expression, is not an option, comme en dit on américain. Car ce serait renoncer a un marché potentiel gigantesque, abandonner des liens et des alliances que de toutes les façons les Chinois pourraient former avec d'autres Etats comme l'inde, le Brésil, ou encore ceux de l'Union européenne. Au demeurant, ne pas tisser des liens économiques solides avec la Chine aboutirait inévitablement à une perte d'influence géopolitique dans le monde, chose inconcevable aux yeux des Américains. Les Chinois ont un goût prononcé pour le transfert de technologies, et cela est devenu d'ailleurs un préalable pour amorcer tout partenariat d'envergure avec les puissances occidentales, en particulier dans le secteur des technologies de pointe. Ainsi, en 2005 pour la signature de contrats commerciaux, dont une commande record de 150 Airbus A320, les Chinois ont exigé que ces contrats s'accompagnent d'une étude de faisabilité pour la construction d'une usine d'assemblage en Chine. Plus encore les Chinois ont fait jouer à fond la compétition entre Américains, Russes et Français dans le cadre d'un projet de construction de quatre réacteurs nucléaires, en insistant sur le fait que les conditions de transfert de technologie devaient constituer un élément déterminant du dossier, au même titre que le prix. C'est dire que la Chine, vaille que vaille, finira par s'approprier les technologies et savoir-faire des pays occidentaux, même si cela implique un certain risque pour ceux-ci notamment dans le domaine des technologies durables qui semblent être les " produits " de Transfert de prédilection de la Chine. L'enjeu est de taille, et les pressions économiques trop fortes pour être totalement ignorées. Il faut reconnaitre cette réalité, et faire avec. C'est ainsi qu'une solution qui consiste à autoriser la vente de produits utilisant des technologies duales sous certaines conditions a déjà été examinée par les Américains ; par exemple, lors du design, l'on peut s'assurer que le seul usage possible du produit en question sera à des fins civiles. Le pragmatisme Américain vis-à-vis de PékinIl faut voir juste et loin. Définir au préalable ce qui va permettre d'être considérer par la Chine comme un partenariat utile et intéressant. Un vaste marché se crée et se développe dans ce pays de façon quasi exponentielle. Malgré son caractère rigide, ce marché est en plein expansion et offre des opportunités énormes aux entreprises américaines et européennes. Par ailleurs, la détermination et le dynamisme des Chinois font pressentir qu'ils vont inéluctablement acquérir tôt ou tard l'essentiel de ces technologies. En effet, si les Etats-Unis n'opèrent pas de transferts volontaires en destination de la Chine, alors l'Europe s'en chargera, ou encore les Chinois eux-mêmes finiront par percer le mystère de ces technologies et les développer en interne. De ce point de vue, il est préférable d'opter pour un transfert " encadré " afin de s'assurer d'un avantage concurrentiel. C'est certainement cette " realpolitik " qui dicte la démarche et comportement de Washington vis-à-vis de Pékin, et notamment ceux de ses entreprises emblématiques du secteur technologique t'elles que Cisco, IBM, Microsoft, Google, Yahoo. C'est ainsi que ces dernières, en dehors de leurs pénétration du marché chinois grâce notamment a la vente de technologies qui peuvent être utilisées pour la privation des libertés individuelles, ont sans état d'âme coopéré plus d'une fois avec les autorités de ce pays en pratiquant ce que d'aucun appellent de l'autocensure. A leur décharge, ces entreprises répètent à l'envie que, dans un marché ultra compétitif, elles ne peuvent pas s'offrir le luxe d'ignorer ou bouder la Chine, qui ne compte encore que 200 millions d'internautes sur une population de 1.4 milliard d'habitants. Donc c'est un marché encore en friche. Si elles n'offrent pas ce que les Chinois leur demandent, ils iront se fournir ailleurs. Jerry Yang, le fondateur de Yahoo, insiste : " Nous devons respecter la loi des pays où nous travaillons. " Surtout quand ils comptent 200 millions d'internautes et représentent le premier marché des télécoms au monde ! Ainsi va le réalisme de l'économie politique sous la mondialisation !




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