Algérie - Actualité littéraire

« De la SNED au SILA en passant par Barzakh, le roman noir d’une connivence », par Mémoria



« De la SNED au SILA en passant par Barzakh, le roman noir d’une connivence », par Mémoria

Avec les déboires du SILA 2018 malgré la présence d’écrivains algériens célèbres , tous initialement médiatisés à l’étranger principalement dans l’espace francophone , la problématique de l’édition  et sa censure reste gelée à ce jour même si l’imprimatur de cette structure de la …Kultur a trouvé le filon de la coédition pour réimporter …à la carte une infime partie de cette littérature rapatriée et/ou  émigrée  réintroduite par Sila(s) interposés  dans un circuit de distribution national  peu performant tant du point qualitatif que commercial.C’est vrai que nous ne sommes pas très loin de l’époque de la connivence de la SNED des Abdelhakim M. et Rachid B. avec  leurs comités de censure ,oh pardon lecture, qui préférèrent l’équation Roger Vilatimo°1  pour sous traiter le roman noir et d’espionnage algérien du début des années 70 même si ce nègre d’origine espagnole nous a subjugué dans notre jeunesse par le héros Mourad Saber SM 15 sous le pseudonyme de Youcef Khader .Nous aurions aimer le réhabiliter comme le réalisateur Costa Gavras s’il avait écrit ses livres sans un cachet sulfureux, seulement pour l’amour de l’Algérie et sa Révolution !Supercherie littéraire  qualifiait déjà  cette connivence de la SNED,   Marc Riglet°2 publiant dans Maghreb/Paris,1972 « Le roman d’espionnage algérien ». Nous aurions aussi préféré qu’il fût l’intellectuel du peuple et de la Oumma/nation que celui d’un régime sporadique qui avait poussé ses lettrés au large à l’image de Zinet,Boudia, Maâmeri,Arkoun, Naimi et tant d’autres…

Nous avons essayé de synthétiser ci-dessous deux articles prémonitoires  de Noureddine Khelassi ,critique littéraire et journaliste à La Tribune, sur cette saga du roman noir, policier et d’espionnage avec des auteurs étoiles filantes que le cosmos de l’oubli engloutira dans son désert culturel…Certains échapperont à l’anonymat grâce à leurs ténacité et talent,d’autres en dépit de leur opportunisme et bonne étoile !

Mémoria

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« Tiens, tiens, comme de coutume, il fallait que vienne chez nous l’Autre, désormais étranger, hier proche, pour que l’on sache, pour la énième fois, que l’herbe du roman noir algérien n’est pas verte chez nous. Maurice Attias, psychanalyste, auteur de la formidable trilogie «Alger la noire», «Pointe rouge» et «Paris Blues» (Actes Sud), sera chez nous. Le père de cette saga nous en dira des choses le 22 février, à l‘Institut français d’Alger. Dans une ville transie de froid, sur fond de désert culturel, c’est une nouvelle qui réchauffe le coeur. A l’initiative réjouissante des éditions …Barzakh,

Coédition Barzakh/Alger et Actes Sud(F).

ce Pied-noir de Bab-El-Oued viendra parler de son roman qui a pour triple cadre l’Alger colonial et ensanglanté de 1962, Marseille et Paris. Maurice Attias à Alger, c’est une belle idée qui rallume déjà les émotions du lecteur. Mais elle ne ravive pas seulement des frissons de lecture. Elle rappelle aussi que dans Alger, jadis Blanche, le policier ne fait pas son roman. Le flic ou l’espion ne font pas chez nous le pol’art. La présence à Alger de Maurice Attias, un auteur qui a du noir dans les veines, est l’heureuse occasion d’un flash-back romanesque ou d’un fondu-enchaîné littéraire.

A  Alger, ville où le soleil est d’une insolence méditerranéenne, l’herbe du roman noir algérien n’est pas verte dans son royaume. Il suffit de visiter régulièrement les librairies et de scruter les étals des bouquinistes pour s’assurer que le policier broie vraiment du noir, c’est-à-dire qu’il ne fait pas son polar. Mais il suffit juste de trouver un San Antonio, un Chester Himes ou même un antédiluvien Rouletabillede Gaston Le Roux pour que soient rallumées les émotions du chroniqueur polar-addict. Dès la vue des titres, arrêt sur images captivantes. Une silencieuse présence d’auteurs mythiques qui ravive tout de suite des souvenirs et des frissons de promesse de (re)lecture. Elle rappelle alors le souvenir, encore prégnant, que dans Alger la Blanche, le flic ou l’espion ont rarement fait chez nous le pol’art où, sous d’autres cieux plus cléments, ils sont à la fête du livre. Et l’on se rend compte encore que l’anthologie du roman noir, du policier pur style, du roman d’énigme et du roman à suspense, est chez nous un codex de modeste pagination.

——- Le roman noir algérien est né un jour de hasard dans l’Algérie socialiste de 1970. Acte de naissance sous la signature d’un anti-impérialiste, ancien républicain espagnol. Sous le pseudo Youcef Khader, M. Vilatimo, français de souche, a signé une série livresque commencée avecDélivrez la fidayia,Halte au plan terreur, Pas de Phantoms pour Tel-Aviv , La Vengeance passe par Ghaza ,les bourreaux meurent aussi et Quand les Panthères attaquent .

Après ce James Bond Algérien,   SM15  Mourad Saber, agent antisioniste et à partir de 1980, les héros deviennent des flics ordinaires mais super doués dans des romans qui prennent la ville comme miroir des événements. Une hallucinante radiologie de la société.Nos Carter Brown, James Hadley Chase, George Simenon, Patricia Cornwell, John Le Carré, Exbrayat et George Simenon sont, en leur temps, béni,les auteurs, dont une jolie exceptionféminine,  Abdelaziz Lamrani, Larbi Abahri, Zehira Houfani Berfas, Djamel Dib, Salim Aissa, Rabah Zeghouda et Mohamed Benayat. Et, plus près de nous, un certain commandant  Mohamed Moulessehoul, qui signera Yasmina Khadra  les blazes du célèbre Commissaire Llob  . 

Et, dans le genre le polar et la manière, l’anonyme mais talentueux Amid Lartane, avec son unique l’Envol du Faucon vert. Quelques fragments de mémoire : le Portrait du disparu, la Saga des djinns et Freddy la rafale. Beaucoup de frissons mais peu de titres et d’auteurs d’un genre qui se meure chaque jour un chouïa. 

Ou plus récent encore, nos audacieux confrères Yassir Benmiloud, dit YB et Adlène Meddi qui ont lâché dans la nature leurs propres détectives : le commissaire Krim (2008) pour le premier et Djo, dansLa prière du maure (2010), pour le second qui avait déjà écrit en 2002 Le casse-tête turc .C’est à broyer du noir. »

 

 

 

 

 

 

 

Par Noureddine Khelassi,publié(s) dans La Tribune les 24 – 07 – 2014/28-04-2016

Photos ajoutées par Mémoria .

 

 

°1-Youcef Khader est le pseudonyme de Roger Vilatimo auteur français d’origine catalane. Il a été détenu en Espagne lors de la guerre civile. Après sa libération en 1945, il s’est engagé dans la lutte contre le colonialisme. Il travaillera ensuite comme nègre littéraire avant de rédiger ses propres souvenirs sous forme de romans d’espionnage sous divers pseudonymes (Jean Lafay, Tim Oger, Roger Vlim, Gil Darcy, G.J. Arnaud…). L’identité anecdotique de Youcef Khader pose plusieurs questions sur l’intérêt de cet auteur pour la cause palestinienne et son engagement dans le conflit israélo-arabe qui imprègne ses romans.

°2– Marc Riglet, « Le roman d’espionnage algérien». Maghreb (Paris), n° 52, juillet 1972, pp. 44-49. Je n’ai pas retenu dans mon « corpus x ces six romans d’espionnage publiés à la S.N.E.D. (Délivrez la fidaya, 1970, La Vengeance passe par Ghaza, 1970 ; Pas de « Phantoms  » pour Tel-Aviv, 1970 ; Quand les « Panthères » attaquent, 1972 ; Les Bourreaux meurent aussi, 1972), car il s’agit d’une supercherie littéraire: « Youcef Khader » est en effet français, comme il l’indique lui-même dans El Moudjahid (Alger), le 1er août 1970.


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