
Mardi dernier, le ministère des Affaires étrangères regrettait, dans un communiqué unique en son genre, que des titres de la presse nationale reprennent "des propos attribués à des personnes connues ou même anonymes" ainsi qu'à des études "prétendument académiques et autres matières médiatiques" dont la finalité est "d'amplifier des appréciations spéculatives et tendancieuses sur la situation en Algérie et ses perspectives".La sortie du MAE, inédite, il faut le dire, par la sémantique usitée, sonnait comme une réaction à Liberté qui, la veille, a traité d'une note du Washington Institute pour l'administration Trump et dans laquelle il soulignait que "le système algérien est menacé dans ses fondements". Le département de Ramtane Lamamra, qui a habitué à une littérature diplomatique plus recherchée, a lâché bride à la diatribe, écrivant notamment : "Qu'elles soient sourcées en France, aux Etats-Unis ou dans tout autre pays, et qu'elles se prévalent de scientificité ou s'apparentent à la cartomancie, les manifestations de subjectivité et les stéréotypes qui sont surabondamment véhiculés et fréquemment recyclés pour déformer les réalités actuelles et les perspectives de l'Algérie, ne résistent pas à une analyse élémentaire prenant en compte l'Histoire héroïque du peuple algérien et son attachement indéfectible à son indépendance et à la non-ingérence dans ses affaires intérieures." Pas besoin de sortir de sciences po pour comprendre ce que suggère le câble du MAE : les institutions étrangères ne sont pas crédibles.Nous voudrions bien l'admettre, mais, pour cela, il faudra d'abord nous expliquer par quelle magie une institution comme le Washington Institute, jugée subjectif par le MAE, devient subitement digne d'intérêt au point d'être repris par l'agence de presse officielle APS. Jeudi, en effet, l'Agence reprenait une note de l'institut américain sur la politique nord-africaine des USA et qui souligne que, "parmi les champs qui intéressent les Américains en Afrique du Nord, l'Algérie est représentée comme un acteur clé, que l'administration Trump tend à - approcher - comme un partenaire - d'égal à égal -, et non un - bénéficiaire -". C'est même avec délectation que l'APS a repris le Washington Institute qui, parce qu'il relève que l'Algérie est un "pays différent", "le plus grand de la région" et qui "a toujours 'uvré pour garder des relations solides avec Washington", passe pour le plus crédible des instituts. Il faut vraiment être capable d'une telle gymnastique : réfuter, aujourd'hui, une source et s'en abreuver le lendemain.S. A. I.
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Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sofiane Aït Iflis
Source : www.liberte-algerie.com