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De grandes attentes sur fond d'incertitudes financières



De grandes attentes sur fond d'incertitudes financières
Maintenant que l'élection présidentielle est passée et que Abdelaziz Bouteflika a été réélu sans grande surprise pour un quatrième mandat, place à la poursuite du programme déjà engagé sur le plan économique. Bouteflika, qui a fait de la stabilité et de la continuité son slogan de campagne pour cette élection, aura beaucoup à faire pour tenir ses engagements et ses promesses dans une période qui ne s'annonce pas facile pour le pays sur le plan financier.D'ailleurs, certains avertissent et parlent même du risque d'endettement si rien n'est fait pour asseoir l'économie nationale sur de bonnes bases, loin de la rente pétrolière et gazière. L'équipe qu'installera le Président réélu au gouvernement est fortement attendue sur cette question au même titre que d'autres. Il s'agit en effet pour le futur staff gouvernemental qui s'annonce sans grands changements de relever le défi de la diversification de l'économie, de mettre en application les promesses de la campagne et de travailler pour maintenir les subventions que le système en place depuis quinze ne veut pas lâcher pour arracher la paix sociale.Le directeur de campagne, Abdelmalek Sellal, au lendemain de la réélection de Bouteflika, n'a pas manqué de mettre l'accent sur ces points à travers l'encouragement de l'investissement dans l'ensemble des secteurs (mise en place de pôles industriels en vue de créer de la richesse et des emplois).Mais sera-t-il facile d'aller jusqu'au bout de ces objectifs avec des équilibres financiers de plus en plus menacés par les importations sans cesse croissantes et un management économique en décalage flagrant avec ce qui se fait à l'échelle mondiale ' Les experts sont sceptiques à ce sujet et les scénarios abordés jusque-là sont loin d'être rassurants. Ce quatrième mandat ne s'annonce finalement guère facile pour Bouteflika Après une campagne dans laquelle le gouvernement s'est fortement impliqué à travers les grandes annonces sectorielles au profit du candidat-président, Abdelaziz Bouteflika. Les choses sérieuses vont commencer pour un Président qui s'est fait, selon le spécialiste en sciences politiques, Naoufel Ibrahim El Mili «beaucoup de clientèles avec sa manne financière».Comme il y a beaucoup d'argent, «l'incertitude est réelle», dira cet expert sur un plateau de télévision étrangère avant d'ajouter : «Son bilan (Ndlr Bouteflika) il le doit aux cours pétroliers qui ont été multipliés par 7 au cours de ces dernières années.» Sans plus. Toutes les réalisations ont été assurées grâce à l'argent du pétrole et du gaz, enchaînant les dépenses. «L'argent sale a atteint le sommet de l'état»Selon Ibrahim El Mili, le pouvoir algérien confond entre dépenses et investissements. Ce qui fait que l'argent n'est pas utilisé dans le bon sens. Il est même utilisé de l'avis de l'ancien ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi, pour acheter le soutien des hommes d'affaires. M. Rahabi nous rappellera justement le contexte dans lequel a eu lieu la campagne électorale pour l'échéance du 17 avril : «La campagne a surtout été marquée par l'argent sale. L'intrusion de l'argent dans la politique a atteint le sommet de l'Etat», regrettera-t-il notant que les hommes d'affaires qui ont financé la campagne ne cherchent qu'à avoir des marché de gré à gré pour sous-traiter par la suite avec les étrangers.«On s'exerce à la prise du pouvoir en 2019 en faisant la confusion entre pouvoir et patronat», ajoutera M. Rahabi soulignant qu'au rythme enregistré jusque-là et à la lumière de ce qui a été dévoilé lors de la campagne électorale, l'Algérie deviendra un pays importateur par excellence.«On continuera à importer et à ouvrir des boutiques pour vendre ce qu'on achète. Ce sera encore une économie de shop-kippers», avertit l'ex-diplomate. Ce dernier relève par ailleurs le double discours adopté pendant la campagne électorale par le staff de Bouteflika. «D'un côté, Ouyahia parle de continuité, et de l'autre Sellal parle de rupture», fera-t-il remarquer.Dans le premier cas, ce sera donc encore le statu quo sur le plan économique, c'est-à-dire pas de création d'emplois et pas de croissance. «Si c'est la rupture, on peut la faire maintenant et non pas attendre que l'Algérie ne soit plus en mesure d'exporter les hydrocarbures», soutient-il. Globalement, s'il n' y aura pas rupture avec l'ancien mode de gestion, Abdelaziz Rahabi estime que le gouvernement «sera confronté à de sérieuses difficultés financières pour tenir les promesses sur lesquelles il est attendu».Cela pour résumer la nécessité d'opérer un changement de perspectives. Et ce, en matière de gouvernance, de dépenses, de contrôle de deniers publics, comme l'a souligné pour sa part Abdelkrim Benarab, professeur d'économie à l'université de Constantine, selon lequel il y a lieu de prendre en charge la dimension sociale dans la politique économique avec prudence et pas au détriment de la production.


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