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Dans la zone Seveso de Dunkerque : La quête impossible du risque zéro



L'usine Seveso " seuil haut " de Minakem, groupe indépendant de chimie fine, produit des principes actifs notamment pour la pharmacie, à Dunkerque. Sur place, le niveau de protection est extrême. Mais cela n'empêche pas les incidents.
Le zéro risque n'existe pas. Mais sur les bords de la mer du Nord, Minakem veut quand même s'en approcher au maximum. Dans la grande zone Seveso de Dunkerque, ce groupe nordiste fabrique des matières actives pour les grands de la pharmacie ou de la cosmétique, un métier où les matières premières et les réactions chimiques sont hautement dangereuses. En clair, c'est le genre d'endroit qui peut vivre la même mésaventure que l'usine Lubrizol de Rouen, victime d'un gigantesque incendie le 26 septembre.
Comme 22 autres usines voisines, Minakem Dunkerque est classée Seveso seuil haut. A ce titre, le site est doté d'un système de gestion de la sécurité. La quasi-totalité des lieux de production sont d'ailleurs classés " ATEX ", leur atmosphère est explosive. Dans ces zones, aucun appareil photo ou téléphone non sécurisé n'est toléré. L'usine ne produit que 230 tonnes par an, des molécules à très haute valeur ajoutée dont la fabrication nécessite des solvants et des réacteurs - ce qui réclame une montée en température contrôlée et continue.
Sécurité vitale ici, être capable de neutraliser sans tarder le " triangle du feu " constitué par une source d'énergie, un combustible et un comburant est un impératif absolu. Minakem substitue donc un gaz inerte à l'oxygène dans ses procédés. Néanmoins, la vigilance reste permanente, le personnel reçoit une formation ad hoc et une habilitation aux différents process. Chaque année, Minakem consacre d'ailleurs 20 % de ses investissements à la sécurité, soit 300.000 euros cette année.
" La sécurité est la base même de notre métier, c'est la principale préoccupation ", souligne Laurent Leclercq, le directeur du site. Pas une salle sans de multiples triangles rouges interdisant ici le stockage devant les clapets coupe-feu, mettant en garde là contre une " réaction violente à l'eau ", le " risque de projection chimique " ou de " pression résiduelle ".

L'incendie circonscrit
Partout des dispositifs de flashs couleurs, assortis de sirènes, permettent de lancer des alertes auprès des 230 salariés du site, pour les réunir dans des points de recensement voire d'évacuation en cas d'incident. Les fumeurs sont évidemment proscrits dans l'enceinte. Ils doivent sortir de l'usine dans leurs temps de pause dans des abris spécifiques pour griller une cigarette.
Dans ce décor, les incidents sont rarissimes mais ils existent. Si la plupart des accidents du travail sont dus à des chutes, un incendie s'est quand même déclaré en juillet dernier sur une pompe. Le premier incident du genre depuis 2013. Les détecteurs, le réseau d'extincteurs automatiques et l'intervention du personnel ont permis de stopper très vite le feu avec les ressources propres de Minakem, sans attendre l'arrivée des sapeurs-pompiers arrivés peu après.

Lubrizol, histoire d'une hystérie collective
L'usine dispose d'ailleurs de deux réserves d'eau stockant 2.000 m3 à elles deux, auxquelles peuvent s'agréger les moyens de l'unité voisine d'AstraZeneca. Quelque 34 salariés sont qualifiés comme équipiers de seconde intervention (des pompiers internes), tandis que la totalité des effectifs sont formés à l'utilisation des extincteurs. A ceci s'ajoutent des systèmes de " mousse à haut foisonnement " capables par exemple de noyer la zone de stockage en moins de trois minutes, explique le directeur.
Le dispositif de Minakem est contrôlé plusieurs fois par an par la Dreal - 3 fois en 2019 déjà. La direction doit aussi produire régulièrement une étude de danger identifiant l'intégralité des risques. Si les risques d'incendie ne suffisaient pas, le site est aussi sensible face au terrorisme et relève donc de Vigipirate. Gardiennage renforcé, vidéosurveillance et barrière périmétrique.
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