Algérie

Daïra d'Aïn El Turck: Les deux visages de la corniche oranaise




Des responsables qui bégaient, des maires mal dans leur peau et une population désemparée et avide d'une vie plus décente. La visite, lundi dernier, du wali dans la daïra d'Aïn El Turck a été une mise à nu de plusieurs tares prévalant dans la corniche oranaise. Pour cette localité à vocation touristique, on y trouve les deux revers de la médaille. D'un côté, des hôtels et des villas qui offrent cette image de vie aisée et, de l'autre, des constructions anarchiques et des bidonvilles qui offrent cette autre image de la précarité. Entre ces deux facettes, la daïra d'Aïn El Turck semble rassembler deux mondes différents.

 C'est le constat fait après cette tournée du wali à travers les différentes communes : Mers El Kébir, Aïn El Turck, Bousfer et El Ançor. A chaque escale, le premier responsable de la wilaya a eu droit à des bains de foule accompagnés de doléances qui fusaient de partout. Tout le monde criait à haute voix, revendiquant des logements comme priorité, l'eau, les réseaux d'assainissement, l'éclairage public... Hommes et femmes jouaient des coudes pour parler au wali. Pour ceux qui n'arrivaient pas à se faire un chemin jusqu'au responsable, ils n'hésitaient pas à lancer de loin: «Nous avons besoin d'un logement. Nous vivons le calvaire dans des habitations vétustes et délabrées. Nos enfants sont malades et aucun responsable n'a voulu nous recevoir.» Une phrase qui revenait chaque fois, tel un récit appris par tout le monde. Chose étonnante cependant, la population semblait divisée en deux. C'est le constat fait à la cité Haï Nakhil dans la commune d'Aïn Turck. Lorsque des femmes criaient: «Nous voulons des logements, Monsieur le wali, nous avons été abandonnées par nos responsables», d'autres répliquaient publiquement: «Pourquoi vous mentez? Vous avez été reçus dans la commune et vous avez exposé vos problèmes.» Dans cet amalgame, un représentant du comité de quartier s'approche du premier responsable de la wilaya et demande: «– Je peux vous dire un mot, Monsieur le wali ? - Oui, dites deux s'il le faut», répond le wali. – Le problème dans cette commune est que nos responsables manquent de courage politique pour prendre les décisions. Et je ne dirais pas plus», lance le représentant du comité de quartier.

 Avant cette escale, le wali s'est rendu au terrain de camping d'Aïn El Turck et au théâtre de Verdure de Trouville où il a piqué une colère en constatant que, sur le premier site, le nombre des familles habitant des bidonvilles recensées en 2007, 42 au total, a été élargi à 47. Interrogé, le maire de cette commune a eu du mal à donner des explications justifiant les cinq familles supplémentaires. Mais lorsque le wali a donné des instructions fermes que seules les 42 familles seront relogées, le P/APC intervient pour expliquer qu'en fait, «ces cinq familles étaient casées dans un autre camp et elles ont été transférées dans ce site». Au théâtre de Verdure, le grand étonnement du wali a été de voir que des citoyens ont squatté des espaces dans ce lieu de culture pour construire des maisons neuves. «Comment, vous avez toléré une telle situation ? Je ne veux rien savoir, ces constructions doivent être rasées. Pourquoi vous n'avez pas saisi la justice ? demande, en colère, le premier responsable de la wilaya au maire. «Vous êtes tous complices de cette situation», ajoute le wali. Quant au P/APC, il fera mine d'impuissance et d'incapacité de gérer une telle affaire.

 Au village de Bousfer, le wali a été accueilli dans cette même ambiance d'une population déchainée pour parler au responsable. Mais le fait marquant de cette escale a été cette dispute entre le maire de cette commune, qui est une femme, et un citoyen qui a voulu parler au wali. Au moment de cet entretien, le P/APC crie à haute voix: «Cet homme a spéculé dans tout le foncier, Monsieur le wali. Cela suffit maintenant». Aucun commentaire de la part du wali. Toujours dans la commune de Bousfer, le problème des concessions des plages et des parkings a été posé. Malgré la fin de la saison estivale, les parkings sont encore payants sur les plages. Seule explication donnée par le maire : «Vu la baisse d'activité au mois de ramadhan, le concessionnaire a demandé une prolongation du délai de la concession jusqu'au mois de décembre. Chose que la commune lui a accordée».

 Lors de cette visite, le wali s'est rendu aussi à la station de traitement des eaux usées d'Aïn El Turck qui sera fonctionnelle à partir de janvier 2001. La délégation s'est enquise également du projet d'aménagement du réseau des eaux usées dans la commune de Mers El Kebir dont les études techniques ont été entamées récemment, ainsi que du projet d'un Centre d'enfouissement technique (CET) dans la commune d'El Ançor, qui a entamé la dernière phase de sa concrétisation sur une superficie globale d'une trentaine d'hectares, pour une validité d'exploitation d'environ 20 ans.

Concernant les décisions prises par le wali pour résoudre une partie des problèmes de cette daïra, la réactivation des commissions de daïra pour assainir les listes de demandes de logements, les 7.000 que compte cette daïra. Il a été aussi décidé de reloger les 47 familles du camping et céder le site à Oran Vert. Pour les 120 logements CNEP qui ont enregistré une mévente, le dossier sera étudié pour la reconversion de ces logements au social. Quant aux 160 logements sociaux en construction, ils seront réceptionnés au mois de décembre.


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