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Crise politique en Tunisie : Nabil Karoui sauve la tête de Rached Ghannouchi


Les 18 bulletins nuls de Qalb Tounes ont sauvé la place de Ghannouchi à la tête de l'ARP. Ces 18 voix auraient suffi pour détrôner Ghannouchi (97 + 18 = 115). Mais, Nabil Karoui en a décidé autrement.Comme il avait soutenu Ghannouchi pour obtenir ce poste, fin novembre dernier, le patron de Qalb Tounes a été décisif pour le maintenir au poste de président de l'ARP. Les intérêts entre les deux hommes semblent plus importants, pour Karoui, que son image dans le camp moderniste.
La logique a été respectée, selon Mustapha Ben Ahmed, le président du bloc parlementaire de TahyaTounes. «Nous voulions juste montrer que ce n'était pas impossible de détrôner Ghannouchi. Les députés de QalbTounes ont compris, après coup, combien ils étaient précieux pour le président d'Ennahdha afin de garder son poste. Et comme il s'agit d'une bande d'opportunistes, tout devient possible, pourvu que les intérêts du magnat des médias soient préservés», explique-t-il.
Par ailleurs, Ben Ahmed avoue à El Watan être agréablement surpris par la discipline du groupe parlementaire qui a signé la motion de censure. «Il y a eu un seul absent, Kamel Hamzaoui, pour raison de santé. Nous avons récupéré 8 voix du bloc nationaliste, qui n'ont pas signé la motion de censure», ajoute-t-il.
Concernant son commentaire sur les résultats de cette motion, Hichem Ajbouni, le président du bloc démocratique a déclaré que «Rached Ghannouchi est mort politiquement avec ce vote, même si seulement 45% des députés ont voté pour sa destitution». Pour Ajbouni, le président de l'ARP est censé être fédérateur et non représenter son parti ; «ce qu'il n'a jamais cherché à faire, malheureusement», conclut-il. Du côté d'Ennahdha, il y a eu quelques youyous de joie. Mais, l'impression générale est à la prudence.
Son président du groupe parlementaire, Noureddine Bhiri, n'a pas jubilé, se limitant à dire qu'Ennahdha «reste le plus grand groupe parlementaire» et que les islamistes continuent à être incontournables dans le paysage politique. Prié de répondre à un commentaire disant que le vote montre que Ghannouchi ne dispose plus de 109 voix qui lui sont favorables, Bhiri s'est limité à balbutier que «le besoin ne se fait pas ressentir et qu'à chaque situation sa tactique».
Ce vote de l'ARP facilite la tâche de Hichem Mechichi, selon Mustapha Ben Ahmed, puisqu'il est clair que «l'ARP est divisée de manière équilibrée» et, même Qalb Tounes, il a voté des fois avec Ennahdha et des fois avec le camp moderniste, comme lors du vote contre le gouvernement de Habib Jamli, la chute du projet de loi instituant le Fonds de la « Zakat », ou quand il s'agissait de défaire Yousri Dali, le représentant d'El Karama, candidat au poste de 2e vice-président de l'ARP.
C'est clair donc que Karoui ne pèse de tout son poids auprès des siens que lorsqu'il s'agit de la tête de Ghannouchi, comme lors de l'élection de Ghannouchi à la tête de l'ARP, ou de son maintien au poste. En d'autres moments, QalbTounes peut se montrer libre dans son choix, surtout qu'aussi bien Ennahdha que QalbTounes ne sont pas très chauds d'aller de nouveau aux urnes.
Pour le nominé à la présidence du gouvernement, Hichem Mechichi, les perspectives sont surtout sombres concernant la situation socioéconomique traversée par le pays. Il n'a d'ailleurs rencontré que les représentants des organisations nationales (UGTT, UTICA, UNAT et UNFT), ainsi que le gouverneur de la Banque centrale.
C'est dire que les impératifs socioéconomiques pèseront très lourd dans les choix du prochain gouvernement. Pour ce qui est du politique, le principal choix reste entre un gouvernement de technocrates avec, probablement, quelques politiciens, ou la continuité des choix du gouvernement de Fakhfakh.
La semaine prochaine commencera sûrement à apporter certaines réponses. Mechichi aura jusqu'au 24 août pour remettre au président de la République la composition de son gouvernement.
Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami
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