Algérie

Crise financière internationale Pays du G7, Eurogroupe : la victoire du capital




Les mesures annoncées, samedi à Washington, par les pays du G7, et celles qui seront prises aujourd'hui à Paris par les 15 de l'Eurogroupe sonnent le triomphe du système ultra-libéral occidental... pour combien de temps encore ? Là est toute la question.

C'est à partir du pays le plus libéral au monde, les USA, que les sept nations les plus riches ont annoncé des mesures économiques qui sont, comble de l'histoire, le fondement des politiques «socialisantes». Samedi soir, à Washington, les ministres des Finances des USA, Allemagne, France, Italie, Grande-Bretagne, Canada et Japon se sont entendus pour un plan de sauvetage du système financier mondial frappé par la crise de liquidités. En cinq points précis, le plan vise en gros à recapitaliser les banques et autres institutions financières en difficultés ou qui risquent la faillite. L'Etat court au secours des banques privées. Il en devient un actionnaire important. Ce n'est rien moins qu'une opération de nationalisation du secteur bancaire privé. Dans les cinq points, on retrouve la garantie de l'Etat pour les actionnaires et les épargnants ; la possibilité pour les banques d'accéder à des crédits publics ; l'approvisionnement du marché hypothécaire... Dans le même temps, les quinze pays ayant l'euro comme monnaie, ceux dits de l'Eurogroupe, se réunissent ce dimanche à Paris pour aller dans le même sens que le G7. Il s'agira pour les pays de l'Euroland de mettre en place un système (fonds) de garantie au profit des banques. La seule inconnue dans ces plans de sauvetage demeure la source de ces fonds de garantie. Où va puiser la puissance publique pour renflouer les pertes des banques ? Tout sauf l'impôt et les taxes, affirment les dirigeants politiques de ces pays. Quoique cela paraît impossible dans le schéma des systèmes économiques actuels des pays occidentaux, tant ils sont régis par la loi de l'offre et de la demande, il reste l'option, encore une fois, de «la spéculation financière» des banques et le jeu classique sur les places boursières mondiales. D'ailleurs les gouvernants ne s'en cachent pas et déclarent à toutes les occasions que l'Etat récupérera ses billes (son argent) grâce aux intérêts que ses propres actions injectées dans les banques lui rapporteront sur les marchés boursiers et segments commerciaux des banques (prêts aux entreprises, aux ménages...). En cela le système revient à sa propre logique, celle de la spéculation financière. L'Etat devient, ainsi, un autre type de banque prêteuse qui utilise les mêmes règles du jeu que celles qu'il est censé sauver. Autrement dit, l'Etat ne fait que reporter la crise plus loin dans le temps. Pour l'heure, aux 700 milliards de dollars américains (plus 300 milliards déjà engagés en août 2007, lors du début de la crise des subprimes) engagés par le Trésor US, s'ajouteront les fonds européens, probablement entre 300 et 400 milliards, pour réanimer les marchés financiers. Avec une telle thérapie, et semble-t-il il n'y en a pas d'autres, l'économie mondiale sera relancée. Mais un crédit est un crédit, soit-il aux mains de l'Etat, il va falloir le récupérer. Et c'est toute l'angoisse du monde des travailleurs et petits épargnants qui ont plus d'une raison de s'inquiéter. La valeur du travail sera confrontée à celle de la spéculation sur les places boursières. Le serpent finira par mordre sa propre queue, tant la logique de son fonctionnement et de sa survie vient, avec les mesures du G7 et celles de l'Eurogroupe, remise à l'ordre du jour. Pourtant, c'est bien l'un des théoriciens du libéralisme, en l'occurrence Ricardo (après Adam Smith) qui démontrait au début du 19e siècle que «la valeur d'un produit n'est pas son utilité, mais bien sa rareté». Que manque-t-il aujourd'hui au système libéral pour vivre cette crise ? Certainement pas la rareté des produits, c'est même l'inverse tant l'abondance est manifeste sur les marchés occidentaux jusqu'à ne pas savoir quoi faire de leurs surproductions. Que lui manque-t-il alors ? Peut-être une meilleure répartition des richesses et plus de justice sociale. Mais ça, c'est une autre histoire.




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