Algérie - Ecologie

CRÉATION D’UNE BANQUE DE SEMENCES À BATNA: Préserver les essences menacées



CRÉATION D’UNE BANQUE DE SEMENCES À BATNA:  Préserver les essences menacées


L’expérience cible, dans un premier temps, le genévrier thurifère localement appelé aywal ou hazanzena qui pousse uniquement sur les montagnes d’Oued Taga, Theniet El-Abed, Bouzina, T’kout, Arris et Inoughissène.

La création à la Conservation des forêts de Batna d’une banque de semences pour préserver les essences menacées de disparition dont le genévrier thurifère ou porte-encens qui pousse en Algérie, exclusivement en Aurès, a été rendue nécessaire suite aux effets négatifs des changements climatiques observés ces dernières années, a indiqué mercredi le chef de service de protection de la flore et de la faune à cette conservation, Othmane Briki.

Cette banque constituée d’une chambre froide à température stable ne dépassant pas les 6°C permettra de préserver les semences des espèces d’arbres sujettes à des difficultés de reproduction naturelle les exposant aux risques d’extinction afin de les replanter, a précisé ce responsable.

L’expérience cible, dans un premier temps, le genévrier thurifère localement appelé aywal ou hazanzena qui pousse uniquement sur les montagnes d’Oued Taga, Theniet El-Abed, Bouzina, T’kout, Arris et Inoughissène, a ajouté ce cadre, en affirmant que dans une seconde phase, une vingtaine d’autres espèces dont le cèdre de l’Atlas seront incluses.

Une équipe de travail a été déjà constituée pour collecter le fruit de l’aywal qui mûrit entre octobre et décembre pour en tirer les semences qui subiront un traitement adéquat avant d’être entreposées en conditions appropriées, a souligné M. Briki, qui a noté que depuis octobre les sorties effectuées ont permis la récolte d’un kilogramme de fruits répondant aux normes fixées, soit l’équivalent de 20.000 semences.

Des stations expérimentales pour reproduire aywal

Des terrains ont été délimités et seront clôturés pour servir de stations expérimentales de reproduction de l’aywal sur le col Baali, Theniet El-Abed et Z’gag à Larbaâ, en plus d’autres aires désignées au sein du parc de Belezma où aucun individu de cette espèce n’existe. Cette introduction dans le parc s’effectuera à la pépinière d’Ouled Menaâ à Oued El-Ma et à Oued Chaâba, a encore indiqué le chef de service de protection de la flore et de la faune.

Cette expérience “unique en son genre” de reproduction de cet arbre connu pour sa longévité mais aujourd’hui menacé de disparaître devra à terme conduire, espèrent ses initiateurs, vers la création d’une banque des gènes floraux.

La wilaya de Batna compte au total 33.000 genévriers thurifères qui poussent à des altitudes allant de 1.650 à 1.800 m, a indiqué la même source qui a noté qu’une régénération naturelle de cette espèce a été dernièrement observée mais demeure “infime”. Le pacage sauvage constitue la menace majeure pour les jeunes pousses de l’aywal, notamment dans les régions où l’on ne rencontre pas le frêne dimorphe qui est la plante nurse du genévrier thurifère.

L’importance du genévrier thurifère au feuillage pérenne vient du fait qu’il est une essence rare dans le monde ne poussant qu'en Afrique du Nord et au sud-ouest de l’Europe, a relevé M. Briki, qui a noté que des études effectuées en 2014 avaient montré que le genévrier thurifère des Aurès, qui appartient à la sous-espèce africana, se distingue par sa morphologie à part lui ayant valu l’appellation auraciaca par référence à la région des Aurès.

Une tradition orale des régions de T’kout et Theniet El-Abeb soutient que la régénération d’un arbre aywal exige que sa semence passe au moins à sept reprises par l’appareil digestif d’un oiseau, le bouvreuil à ailes roses. Ce mythe résume toutefois toute la difficulté de reproduction de cet arbre. Les expériences de terrain menées sur certaines pousses de cette essence retrouvés sur le col Baali et rapportées à la Conservation des forêts ont été très concluantes et permettent d’espérer en la possibilité de préservation de cette ressource naturelle nationale qui, outre son importance écologique, possède des vertus thérapeutiques reconnues aux huiles extraites de ses feuilles et de ses fruits, dont le litre vaut en Espagne 3.500 euros, a encore assuré cet expert.


Photo: Forêt de Batna. © D. R.

R. R./APS


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