Algérie - A la une


Corruption ordinaire
Entre ajournements et classements sans suite, les grandes affaires de corruption qui atterrissent sans grands dommages collatéraux dans les palais de justice sont suivies avec un certain détachement par la grande majorité de la population.Il y a moins une défiance vis-à-vis du système judiciaire qu'un abandon de tout espoir de voir les gouvernants, en plein exercice du pouvoir, se livrer un jour à la justice. «Règlement de comptes en haut lieu», «ils finiront par s'arranger», sont les mots qui résument les sentiments des simples gens. De plus, c'est l'absence d'affaires de corruption qui étonnerait plus que l'éclatement des scandales de cette nature, lorsque l'on a une idée des modes de gouvernance d'un régime dont le règne oscille entre l'autoritarisme et l'arbitraire.Lorsqu'un clan ou un conglomérat de clans «confisquent» l'indépendance du pays, pour paraphraser un célèbre nationaliste qui a vécu la nuit coloniale, il est évident que l'entreprise sous-jacente est l'accaparement et la dilapidation des richesses de ce même pays. Alors, le pétrole, c'est leur «affaire» et il est hors de question que les citoyens de base en voient la couleur, même dans les localités où les puits sont mis en exploitation, sous haute protection il est vrai.Mais à chaque classe sociale ses affaires de corruption et on a tendance à croire que c'est le phénomène le plus «démocratisé» dans le pays. Il y a la grande corruption qui attire plus l'attention des salles de rédaction que des chambres d'accusation et il y a la corruption ordinaire pratiquée dans la tranquillité la plus totale, ayant malheureusement atteint la plus petite parcelle du pouvoir local.Autant que l'échec du système éducatif et la destruction du tissu économique, les métastases de la corruption sont l'un des éléments qui compromettent l'avènement d'un système politique rénové, tourné vers la démocratie et le progrès.Déboussolé dans son espace de vie immédiat, le citoyen ne songe pas à aller protester devant les cours criminelles où sont enrôlées les grandes affaires impliquant, en théorie, les figures de proue du sérail. Les luttes déterminantes pour faire vaciller un système qui, de notoriété mondiale, est atteint de corruption avancée, se retrouvent évacuées devant l'exacerbation des préoccupations au niveau local, induites pourtant par le même système de gouvernance.Il s'agit d'une dévitalisation à la base de la société, dont les manifestations de colère remontent très rarement à un niveau qui puisse ébranler la citadelle du pouvoir. Privé de logement ou d'un poste d'emploi par le fait d'une administration fermée sur elle-même, le citoyen n'a recours qu'à des formes de protestation quasi individuelles, entre menace d'immolation et fermeture de route.Cela amène le pouvoir à recenser une dizaine de milliers d'actes de protestation par an à travers le territoire national sans jamais être traversé par l'idée d'une remise en cause du système de gouvernance qui accable le pays.




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