Contrefaçon et sourire en coin

Les deux plus grandes firmes internationales d'équipements sportifs Nike et Adidas viennent de saisir la justice maltaise pour porter plainte contre l'Arab Banking Corporation basée à Bahreïn pour «financement d'articles contrefaits écoulés en Algérie».Selon la collègue qui a rapporté l'information publiée dans notre édition d'hier, «les deux entreprises spécialisées en vêtements et chaussures de sport se sont adjoints les services d'un avocat maltais spécialiste de la propriété intellectuelle et membre de l'European communities Trademark Association pour défendre leurs intérêts.Fin 2013, Reebok, Nike et Adidas avaient porté plainte devant la même juridiction et pour les mêmes accusations contre Gulf Bank Algeria et Alsalam Bank, deux filiales algériennes d'établissements bancaires du Golfe». »Par intermittence, il y a comme ça des informations qui font sourire dans le coin des lèvres, avec cet air entendu qui dit systématiquement la même chose : on nous prend pour qui, lïBien évidemment, le «on» ne concerne ni les géants mondiaux du vêtement sportif qui défendent leurs intérêts là où ils sont menacés, avec leurs méthodes, leurs moyens et leurs priorités. Pour dire les choses plus simplement, les dirigeants de ces entreprises font leur travail. Une grande marque ne se laisse pas marcher sur les pieds, il y va de la pérennité de ses performances, de son rayonnement et parfois de son hégémonie.L'ampleur de la contrefaçon est certes telle que ces mastodontes ne réagissent pas toujours au quart de tour, les procédures étant parfois si longues et compliquées que le jeu ne vaut pas souvent la chandelle.Si Nike, Reebok et Adidas poursuivaient tous les minuscules ateliers qui collent leur logo aux produits les plus sommaires et les plus farfelus dans le monde, sans doute qu'elles ne feraient que ça.Comme elles n'ont pas que ça à faire, elles calculent ce que cela peut rapporter. Manifestement, le marché des produits contrefaits dans leur label en Algérie? rapporte et ce n'est pas surprenant.Et pour cause, quasiment tous les produits de grandes marques vendus en Algérie sont des faux. De l'électronique aux cosmétiques, de l'eau minérale aux pièces de rechange, de l'habillement sportif à l'habillement tout court.Rien que pour ces trois marques de vêtements sportifs, les douanes algériennes ont saisi en deux mois 376 000 articles contrefaits.Et on sait très bien ce que cela peut représenter sur l'année, mais on sait surtout ce que les quantités saisies en la matière représentent par rapport à ce qui a pu passer par nos ports et aéroports dont la porosité est un secret de Polichinelle.Il paraît que la douane a mis sur pied depuis quatre ans une «structure centrale» pour lutter efficacement contre le «phénomène».Il paraît aussi qu'elle a conclu des partenariats avec de grandes marques et «renforcé son dispositif législatif pour élargir le champ d'intervention de ses services».Il paraît enfin que la douane recommande une «coopération plus étroite avec le ministère du commerce, la sûreté nationale et la gendarmerie». N'est-ce pas qu'il y a des informations qui font sourire dans le coin des lèvres 'Slimane Laouari