Algérie

CONTREFAÇON Du toc pour plaisirs... contrefaits



Introduits demille et une façons dans notre pays, les produits contrefaits font désormaispartie du quotidien du consommateur oranais. «Je sais que ce sont des produitscontrefaits mais j'achète quand même parce que ce n'est pas très cher, avouel'homme de la rue. Hormis les produits alimentaires et médicamenteux auxquelsj'essaie de faire attention, il m'indiffère d'acheter de la fausse marchandisepuisque, de toutes les manières, je n'arriverai jamais à me payer la vraie».Tour d'horizon.Un après-midi demars à l'intérieur du marché Michelet.Parmi lesproduits exposés à la vente, les lunettes font fureur chez une jeunesse accro àla mode véhiculée par les chaînes satellitaires: «Mettre des lunettes taïwan neme gêne pas, confesse un adolescent qui, après avoir essayé plusieurs pairesparmi les fausses Ray-Ban, les faux Aviateurs et les faux Matrix, opte pour defausses Masques (lunettes qui recouvrent une bonne partie du visage): «200dinars, c'est bien non, ?», sourit-il avant de s'en aller, sa nouvelle monturesur le nez.  «Ici, explique le vendeur, tout le monde saitque même si ce sont de fausses lunettes, elles sont de premier choix. Bien faites,elles durent longtemps et sont très abordables». Quelques mètresplus loin dans le même marché Michelet, deux lycéens habillés à la dernièremode sont penchés devant la devanture d'un kiosque proposant des montres. Defausses montres, évidemment, mais là aussi, de «premier choix» selon levendeur. «Ce ne sont pas des produits jetables de 400 ou 500 dinars mais desmontres d'assez bonne qualité dont le prix peut atteindre les 1.600 dinars».Mais des fausses ? «Oui, les vraies valent des millions de centimes, vouscroyez que je peux me les permettre ?». Après avoir discuté avec son ami desvertus (surtout esthétiques des unes et des autres), le choix du lycéenacheteur s'est porté (après négociation avec le vendeur) sur une fausseBreiteling classique «nakra», selon l'expression ironique de son copain.«J'espère que je n'aurai pas de mauvaise surprise. 1.200 dinars, c'est cherpayé quand même pour une fausse», soupire le lycéen, les yeux brillants deplaisir, malgré tout. «Bsahtek l'artiste, rétorque le vendeur. T'en fais pas,c'est de la bonne camelote !».Au marchéMichelet, la majorité des acheteurs ne prend même pas la peine de s'enquérir del'authenticité des produits. «Tout le monde sait que ce sont des faux produits,explique encore le vendeur de fausses lunettes. Notre monnaie est tellementdévaluée que les marques (les vraies) sont inaccessibles.Il faut êtrevraiment friqué pour pouvoir se les offrir, ou alors acheter des produitsvolés... D'ailleurs, vous savez, même une vraie marchandise peut êtrefausse...».Houria est mèrede deux enfants. Lorsqu'elle se rend au marché pour faire ses achats, elle faitsurtout attention aux produits alimentaires. «Je ne me soucie pasparticulièrement des autres produits, explique-t-elle, parce que je sais que,quel que soit l'article, c'est du faux. Lorsqu'on vous propose un déodorant à100 dinars ou des vêtements en gros, c'est forcément des produits contrefaits.Mais ce dont j'ai vraiment peur, c'est d'acheter de la nourriture douteuse,périmée ou contrefaite». Houria raconte comment, ayant été tentée par unecélèbre moutarde, elle l'a achetée à «un prix abordable», pour ensuite serendre compte qu'au goût elle n'avait rien d'une moutarde. «C'est mon mari quia détesté, se souvient-elle. J'ai appris par la suite que c'était une moutardefaite en Espagne ou ailleurs. Heureusement que personne n'est tombé malade à lamaison...».Pour la majoritédes consommateurs interrogés (il en existe quand même qui ne recherchent que lamarque, la vraie), ce sont les produits alimentaires et les médicamentscontrefaits qui constituent la préoccupation majeure en raison de leurinfluence directe sur la santé. Pourtant, ni les produits de beauté, ni lescosmétiques et encore moins les accessoires de mode (comme les lunettes) nesont inoffensifs lorsqu'ils sont contrefaits. Nous l'avons vu, il y a quelquesannées, les professionnels de l'optique avaient attiré l'attention sur lesrisques liés à l'utilisation de «verres non traités» qui peuvent générer desproblèmes allant de la simple allergie aux troubles de la vision, à lacataracte, au dessèchement du cristallin ou au décollement de la rétine. «Ilssont beaucoup plus préoccupés par leur commerce que par la santé des Algériens,raille le vendeur de lunettes du marché Michelet. Ces lunettes sontinoffensives. Et s'il y avait un quelconque problème, je l'aurais su. Cela faitquand même quelques années que je fais ce commerce». En tout état de cause, lesOranais, dans leur grande majorité, se trouvent à mille lieues de ces considérations,leurs problèmes étant beaucoup plus liés au pouvoir d'achat qu'aux risquesencourus par l'usage de tel ou tel produit, tant que celui-ci ne concerne pasl'alimentaire ou le médicament. «Hormis une petite frange de la société, assureHouria, personne ne peut se permettre des produits de marque tellement ils sontchers. Aussi, ne faut-il pas s'étonner de voir les jeunes habillés à ladernière mode: ce sont en général des vêtements contrefaits. On ne peut pasfaire autrement».  L'affluence dans les friperies de M'dinaJ'dida, El-Hamri ou dans les petites boutiques qui ont éclos ces dernièresannées, n'en est-elle pas la meilleure illustration ?
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