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Contre mauvaise fortune bon c'ur




Contre mauvaise fortune bon c'ur
L'Algérie ambitionne d'atteindre une production de 22 000 mégawatts à partir de l'énergie solaire à l'horizon 2030, soit le tiers des besoins du pays en électricité.Cet objectif, aussi complexe soit-il, nécessite d'abord une formation de qualité pour les intervenants et ensuite beaucoup de moyens.Le CFPA de Bounoura (Ghardaïa) est l'un des premiers centres qui dispense une formation en installation et maintenance de panneaux photovoltaïques. Près de sept années après le lancement de cette spécialité, les 42 stagiaires inscrits se plaignent du manque de matériel pédagogique?Dans la wilaya de Ghardaïa, l'énergie solaire n'est plus un fantasme. Au centre de formation professionnelle de Bounoura, à l'instar de celui de Metlili, on forme des jeunes apprenants à l'installation et à la maintenance des panneaux photovoltaïques.«Notre centre est le premier à avoir installé cette spécialité dans la région. Dès 2009 et après avoir suivi des formations en Allemagne, nous avons commencé à voir plus clair et nous nous sommes lancés dans la formation des enseignants et encadreurs, d'abord, et ensuite des stagiaires», déclare Djerad Ali, le directeur du CFPA.Répondant aux besoins exprimés par les acteurs économiques de la localité, le CFPA de Bounoura forme, pour l'heure, uniquement des CAP en installation et maintenance des installations photovoltaïques. «La spécialité a été créée en fonction de la demande des entreprises et du secteur économique. Ces partenaires nous ont demandé de former des niveaux 2 et 3, soit des CAP et des CMP.Ils ont, pour le moment, plus besoin d'ouvriers et de main- d'?uvre de base dans le secteur. Donc, le CFPA répond à cette demande», explique-t-il en révélant qu'a contrario, le centre de Metlili, où la spécialité a été introduite plus tard, offre des formations de technicien supérieur (BTS).Et la raison de ce retard dans la formation de niveaux supérieurs dans la spécialité à Bounoura ne réside pas uniquement dans la demande du secteur économique ; le directeur du CFPA déplore le manque de moyens pédagogiques à mettre à la disposition des apprenants, contrairement à son «concurrent» de Metlili.«On a lancé la spécialité quasiment sans aucun matériel», révèle-t-il, en affirmant avoir acquis au départ trois plaques photovoltaïques avec le budget de l'établissement. Pour ce qui est du matériel nécessaire à l'installation et à l'enseignement, les formateurs ont dû faire contre mauvaise fortune bon c?ur.«La moitié du matériel a été fabriqué dans les autres ateliers par les stagiaires et leur enseignante. C'est grâce à la récupération d'objets cassés ou inutiles que l'enseignante de la spécialité arrive à donner ses cours», insiste le directeur avec ce sentiment de fierté d'avoir pu quand même assurer l'essentiel.Dans l'atelier d'installation et de maintenance des plaques photovoltaïques, un grand nombre d'objets bricolés avec une grande réussite sont exposés. Fours solaires, climatiseurs éventrés, plaques photovoltaïques installées sur des supports mobiles confectionnés avec du matériel de ferronnerie ou autre, installés directement sur une chaise de bureau pour enseigner la rotation, etc., l'atelier est une mine d'ingéniosité. «Je suis toujours à la recherche d'idées concrètes à réaliser en fonction du matériel disponible.Je fais de la récupération à partir des chaises ou lits cassés et d'autres objets et j'incite mes stagiaires à fabriquer le matériel pédagogique nécessaire», nous confie Mme Chenini Saliha, l'enseignante qui fait un effort considérable pour pallier le manque de moyens.«A la base, la spécialité que j'enseigne c'est l'électronique. Donc je mets à contribution ce que je sais faire pour pouvoir enseigner», explique la passionnée, en exhibant ses réalisations en collaboration de ses stagiaires. «Ici, c'est une valise station solaire. Grâce à elle, on peut recharger un téléphone portable, par exemple.L'objet existe bien dans le commerce, il coûte dans les 20 000 DA. Mais avec notre système de récupération, on l'a fait à moins de 3500 DA», se félicite-t-elle, en révélant que son grand projet est de réaliser une station solaire mobile. «Il faut savoir créer l'ambition chez les jeunes stagiaires. Il faut les motiver.Et lorsque le matériel manque, je les encourage à bricoler. Ainsi, je suis constamment obligée d'adapter le programme en fonction de ce qu'il est possible de faire», poursuit-elle.S'agissant de l' installation et de la maintenance des plaques photovoltaïques, le CAP est accessible aux jeunes de niveau 4e année primaire. Les stagiaires apprendront à installer et à entretenir les plaques et l'installation complète, ce qui comprend le nettoyage et l'entretien des batteries?«Je leur apprends même la conception d'un système solaire. Mes stagiaires peuvent élaborer des devis pour les clients, ce qui est très compliqué à faire et rare à trouver», s'en félicite Mme Chenini, en informant que pour un F3 et avec une consommation minimale d'énergie, il faut débourser environ 250 000 DA pour être intégralement alimenté en énergie solaire. «Le solaire est un bonne solution.Si tout est fait dans les normes, les bons clients non seulement ne payeront plus la facture de Sonelgaz, mais cette dernière leur sera même redevable. Il faut savoir que l'entreprise paye 14 DA le kilowatt qui sera introduit dans son réseau», instruit-elle. Mais en plus du manque de matériel pédagogique nécessaire (entre autres des pyranomètres, des appareils didactiques, des pompes solaires), l'enseignante, qui cumule une vingtaine d'années de service, déplore le manque de débouchés pour les stages.«On a beaucoup de mal à trouver des places de stage pour nos apprentis. Même SKTM (filiale de Sonelgaz en charge des réseaux isolés du Sud et des énergies renouvelables) refuse de les prendre en charge. Il faut vraiment remédier à cela», s'offusque-t-elle.Considéré comme l'une des énergies propres et renouvelables les plus appropriées pour le pays, le solaire est une alternative sérieuse pour pallier la dépendance aux énergies fossiles.Malgré un trop-plein d'optimisme, la production de 22 000 mégawatts d'énergie solaire à l'horizon 2030 ne pourra se faire sans garantir une formation de qualité aux acteurs du domaine. Et toute formation est aussi tributaire de moyens.





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