Algérie

Constantine Un An De Prison Requis Dans L'affaire Des Enfants Mutilés



Que ce drame, dit des enfants mutilés d'El-Khroub, tragique et exemplaire à la fois, après une si longue attente, puisse prendre le risque de se perdre, aujourd'hui, dans les méandres tortueux du temps, et se dissoudre dans l'alchimie complexe des affaires judiciaires, serait de toute évidence comme de toute éternité un terrible déni de justice. Quoi qu'il en soit, et comme on peut s'en douter, après le réquisitoire du représentant du ministère public qui a demandé la condamnation des accusés, à savoir les deux chirurgiens et les deux techniciens de la santé, à une année de prison ferme, assortie d'une amende de 20.000 dinars chacun et au moment du prononcé, par le juge qui présidait la séance, de la mise en délibéré de l'affaire au 28 novembre prochain, un vrai malaise s'est emparé de toute l'assistance, hier matin, dans la salle d'audience exiguë du tribunal correctionnel d'El-Khroub, où étaient rassemblés tous les protagonistes de l'affaire, notamment les avocats de la partie civile et de la défense, des médecins, des praticiens du droit, les parents des enfants bien sûr, les familles, un nombre important de citoyens, etc. Les organismes assureurs de l'hôpital Mohamed Boudiaf et les représentants de l'APC du Khroub étaient pour leur part aux abonnés absents. L'incompréhension des parents, en tout cas, a atteint hier, son point culminant. Ils ont exprimé tout haut leurs craintes de voir l'affaire prendre des contours improbables, tellement les débats, affirment-ils, «au fil du passage à la barre des différents acteurs du drame, et de la teneur des plaidoiries s'étaient focalisés sur des considérations techniques». A ce propos, M. Zouaghi Abdelkader, père d'une victime, un enfant âgé aujourd'hui de 6 ans, nous fera part de son étonnement que les uns et les autres, les avocats de la défense notamment, incombent la totale responsabilité... à l'appareil utilisé, le «thermocautère» et aux variations de la tension électrique dans la salle d'école où s'était déroulée la funeste cérémonie de circoncision collective de 87 enfants, un chiffre record pour une seule soirée, organisée à l'époque par l'APC d'El-Khroub. Au sortir du tribunal, après une audience où «tout le monde à parlé», souligne-t-on, la détresse des parents était immense. Leur grande solitude, si visible sur leurs visages, semblait n'avoir d'égale que l'absence, soulignée au trait noir par les familles des victimes, «de toute compassion à leur égard». «On a parlé de tout sauf des enfants», martèlent les parents des victimes, qui insistent moins sur le réquisitoire du procureur que sur leur propre solitude. «Depuis le terrible drame du mois de Ramadhan 2005, les promesses, en tout genre, notamment des responsables concernés, dans la foulée de l'indignation générale de l'opinion à l'époque, ne sont plus aujourd'hui qu'un vague souvenir», affirment les parents terriblement déçus. Aujourd'hui, il faut que cela se sache, disent-ils: «A l'exception du professeur Hantala Djaffar, de l'hôpital de Béni Messous, qui a fait des miracles - il n'a jamais abandonné les enfants depuis le début de leurs souffrances et il s'est même déplacé par deux fois au Khroub -, au jour d'aujourd'hui, aucune proposition de prise en charge des enfants qu'elle fut médicale, psychologique ou matérielle n'est venue, ni du ministère de la santé, ni d'aucune institution, ni d'un quelconque organisme compétent, localement ou à l'échelle nationale. Il faut le dire et l'opinion publique a le droit de savoir, nonobstant les responsabilités que seule la justice aura à établir, il est du devoir de l'Etat et ses démembrements, wilaya, APC, DAS, direction de la Santé, que les 14 enfants victimes et leurs familles ne soient pas perdus de vue. Abandonnés à leur triste sort», disent-ils, les parents sont réduits à se voir proposer, par certains organismes, en charge pourtant de l'action sociale, pour toute forme d'aide... un hébergement à Diar Errahma de Béni Messous lors des nombreux séjours médicaux des enfants à l'hôpital du même nom à Alger. Pour faire bonne mesure dans le registre des dysfonctionnements kafkaïens, il semblerait qu'un problème de compétence territoriale - les enfants étant soignés dans la capitale -, ait bridé depuis les initiatives... à Constantine et partout ailleurs sur tout le territoire national.
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