Algérie

Constantine - Pas d’anniversaire pour le XVIIe siècle de la ville



Constantine -  Pas d’anniversaire pour le XVIIe siècle de la ville




Personne ne s’est rendu compte de la date-événement, aussi bien du côté des officiels que de celui de l’élite et de la société civile.

En 2013, Constantine a bouclé son XVIIe siècle d’existence sous ce nom. Telle une orpheline, la ville a vécu son anniversaire dans la tristesse, sans fête ni commémoration. Car personne ne s’est rendu compte de la date-événement, aussi bien du côté des officiels que de celui de l’élite et de la société civile. Seul Abdelkrim Badjadja, ancien directeur des archives de Constantine, aujourd’hui établi à Abu Dhabi, a tenu à marquer l’anniversaire.

D’ailleurs, il y a quelques mois, il a lancé un appel pour la préparation de festivités à la hauteur de l’événement.

«Je lance donc un appel aux autorités de la ville de Constantine, ainsi qu’aux intellectuels et à la société civile algérienne pour préparer d’ores et déjà ces cérémonies de 2013 qui devraient réconcilier les Algériens avec leur histoire», avait-il écrit sur son blog.

L’appel est demeuré lettre morte, car aucune cérémonie n’a été signalée à ce sujet. Mieux! Voilà que l’année s’achève et à aucun moment les responsables et les institutions n’ont fait allusion à cet anniversaire. Même l’université a oublié l’événement. Idem aussi du côté du musée Cirta. Interrogé à ce sujet, le directeur de la culture, Djamel Foughali, reconnaît que sa direction n’a pas prévu de commémorer l’anniversaire, en faisant valoir cependant un argument étrange!

«Nous n’avons rien prévu pour la simple raison que Constantine se suffit de l’honneur d’avoir été désignée capitale de la culture arabe, et à cette occasion nous aurons tout le temps de revenir sur son histoire ancienne», a-t-il affirmé.

En décodé, notre directeur de la culture qui ignore, à l’instar du citoyen lambda, cette date qui s’étale sur 365 jours, estime qu’il s’agit là d’un non-événement qui ne mérite pas qu’on s’y attarde ou qu’on lui consacre un moment de souvenir ne serait-ce que pour les écoliers.

Nous avons rencontré la même indifférence chez le jeune maire de la ville, Seifeddine Rihani. Le président de l’APC n’a pas caché son ignorance concernant cette date et a ajouté un zest de mépris envers la question!

«Nous sommes préoccupés par le gigantesque programme de développement ; nous avons chaque jour de sérieux problèmes à gérer, notamment les manifestations et les routes coupées par les citoyens», nous a-t-il répondu, alors qu’il participait à un congrès des enfants de moudjahidine.

Agée d’au moins 2500 ans, Constantine est l’une des plus vieilles cités au monde. Détruite par l’empereur Maxence pendant les guerres civiles romaines, Constantin le Grand entreprit de la rebâtir et lui donna son nom en l’an 313.

Selon Badjadja, «cet événement devrait être fêté, non seulement au niveau local ou national, mais aussi au niveau international, Constantine appartenant à l’histoire universelle, en symbolisant par sa permanence sur le même site depuis 25 siècles au moins l’histoire de l’Algérie».

Dans une autre époque, cet oubli aurait infligé la honte aux Constantinois. Aujourd’hui, il incarne, du moins, le détachement affligeant de la cité et de ses habitants.

Nouri Nesrouche

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